Groupe : DOWNRIGHT MALICE
Titre : Mechanica Temporis
Label : Autoproduction
Année : 2021
Tous ceux qui ne sont pas nés d’hier, et ça en fait beaucoup, car même ceux d’avant hier et beaucoup d’autres ne pourraient pas lire ces quelques lignes…
Bref, tous ceux qui ne sont pas nés d’hier, ont toujours un petit souvenir d’un groupe français, qu’ils ont connu à une certaine époque ; un groupe, plein de volonté, plein d’entrain, plein de bonnes choses, mais qui est toujours resté dans l’ombre, dans les catacombes, sur son lopin de terre (là juste au milieu), jusqu’au jour où certains signent sur des labels ultra brutaux et se refont une santé en devenant uber cultes pour le plaisir des oreilles de tous.
Quant aux autres, ils continuent de faire leur petit chemin de croix, en produisant toujours leur musique sans l’aide de personne et DOWNRIGHT MALICE est de cette caste.
Trente quatre ans que Didier Bauer et sa bande font de la musique, cinquième album sans compter les démos et les split.
Et loin des regards puristes, DOWNRIGHT MALICE est à contre courant de cette société fast-food, des groupes comme ça on n’en fait plus. C’est la passion qui les anime. Les autres sont déjà partis dans la population active.
Muni d’un artwork aux couleurs du temps , « Mechanica Temporis », fier de ses quarante minutes, est un album qui synthétise énormément de choses. Il s’agit d’un album qui regroupe d’une part les années de pratique et d’écoute, mais aussi les différentes envies des atomes qui composent sa cellule.
On a toujours envie de ranger un groupe dans un style, mais DOWNRIGHT MALICE fait partie de cette scène hybride qui s’inspire de tellement de riffs et de rythmiques qu’il est toujours impossible de qualifier leur musique à consonance « metal » (même si cela ne veut plus rien dire) , tant extrême que plus orchestrale. En effet on y retrouve dans cet album autant de riffs mélodiques, que heavy, que thrash voire death/black melo (sur la fin de « Parasite »par exemple). Parce que DOWNRIGHT MALICE apprécie beaucoup (trop?) de courants différents.
Ainsi ils arrivent à créer leur propre univers qui s’adresse aux âmes ouvertes. On se retrouve à mi-chemin entre des groupes tels que Darzamat époque « Transkarpartia », et du death ou heavy thrash, immédiatement avec le premier titre. Une espèce de patchwork, où se mélangent riffs black/death, growls hyper poilus et chant plus heavy qui s’opposent et réunissent les deux vocalistes.
Et c’est comme ça que démarre ce nouveau chapitre, pourtant la suite montrera que la mélodie chez DOWNRIGHT MALICE est quelque chose de très important, vu les lignes mélodiques de « You can pray » ancrées dans les ambiances death melo/Goth des groupes français de la scène underground des années 90’s.
Alors très bien exécutées les ambiances, mais le chant heavy prenant tout de même le dessus.
Et ça ira crescendo tout au long de l’album, cette inspiration plus « symphonique » et « orchestrale » accompagnée de samples et de claviers pour donner aux riffs heavy thrash/death melo, un côté encore plus nostalgique des années 90’s scandinaves également ; cette scène ouverte à la poésie, avec toujours du riffing entre death/doom/melo goth. On ne peut pas dire le contraire avec « Malleus Maleficarum », qui est tout de même plus expérimentale, plus tranchée dans les mouvements à en déborder sur les côtés.
Du coup, pas qu’on soit perdu, mais on est perplexe quant à l’orientation musicale de DOWNRIGHT MALICE. Certes l’ensemble possède une facette orchestrale indéniable sous-jacente, sur des chansons qui se donnent la répartie entre heavy/thrash ou Death/melo ou black/death heavy, et ça peut sembler destabilisant. Chaque chanson est bien écrite, mais mises toutes ensemble, on a du mal à voir immédiatement le fil conducteur, le lien qui les unit.
Pourtant l’atmosphère est personnelle, presque doomesque sur des titres comme « Virtual Reality » rappelant quelques vieilles signatures de chez Holy Records, et au milieu de tout ça un passage épique dont le riff rappelle « Season in the abyss » sur « I see the dead », où finalement DOWNRIGHT MALICE apporte une ambiance qui lui est propre.
Finalement ce nouvel album « Mechanica Temporis » qui possède une production puissante il faut le dire, se situe quelque part entre heavy/thrash/death melo/black où les univers de Darzamat, Dismal Euphony, les premiers Lake of Tears , Atrocity (Allemand) et sa folie schizophrénique, viennent se mélanger aux sonorités modernes des années après 2010 des groupes plus contemporains.
Alors les hardos puristes et amateurs de noirceur extrême, brutal et violente ne se fourvoieront pas, quant aux plus sensibles, ils devraient y trouver leur compte, car les guitares sont nobles.
Arch Gros Barbare
04/11/2021