18 avril 2024
GROUPE: ECCLESIA
TITRE ALBUM: Ecclesia Militans
LABEL: Aural Music
DATE DE SORTIE: 2024
Parce que certaines choses sont immuables, et parce que certaines choses sont inexplicables hormis par le divin, certains musiciens ont encore la foi. Une foi inébranlable en la musique, celle-là même qui guide le pèlerin avec son bâton vers le chemin tortueux de la spiritualité au travers des notes de musique.
Ainsi après avoir erré aveuglément comme des ermites sans but, The priest ( qui a joué dans des groupes autrement plus ouverts dans le death, le black et autres bondieuseries extrêmes avec Deathcode Society, Ufych Sormeer, Hectic Patterns, Warkunt...) et Arnwhald R (tous deux liés par le sang au travers de Deathcode Society ou encore Glaciation) se sont retrouvés à communier ensemble chez ECCLESIA.
C’est ainsi que sous de bonnes augures, ils en arrivent aujourd’hui à sortir un successeur à « De Ecclesiae Universalis » quatre ans après. Toujours dans un heavy metal (loin de leurs musiques plus violentes, comme quoi qu’importe le flacon tant qu’on a l’ivresse) teinté d’inspirations heavy/doom comme peuvent avoir Crypt Sermon ou Argus, ECCLESIA propose un nouvel album relativement cérémonieux dans le visuel, ( comme l’était le premier ceci dit) , pour rester dans l’atmosphère très religieusement inspirée d’un heavy/doom mélodique, ce qui donne au groupe une personnalité remarquée.
C’est donc avec une esthétique travaillée tant dans les illustrations que le lay-out et la photographie que ECCLESIA dévoile ce « Ecclesia Militans » ; quarante trois minutes épiques où les envolées sont légion, et vu que le titre semble indiquer que le combat contre le Malin est loin d’être terminé, ces soldats du Christ n’auront pas de mal à vous convaincre du bien fondé avec leur dix nouveaux titres, sachant que le mal ne meurt jamais.
Voici donc un album dont tous les amoureux du heavy doom à la Crypt Sermon, Candlemass ou encore Sorcerer, y trouveront le salut. Mais gardez en tête qu’ ECCLESIA est heavy avant d’être heavy/doom.
D’abord parce que les instrumentaux qui font l’office des Ténèbres en début et en fin d’album, vous introduisent et vous expulsent du monde si sophistiqué d’ECCLESIA en moins de temps qu’il n’en faut pour comprendre la très bonne qualité de ce nouvel album.
Ensuite, parce que si les riffs d’« If she floats » peuvent paraître assez modernement passe-partout se perdant presque dans les dédales du power metal, la voix d’Arnhwald R, vient placer la barre bien haute pour que ECCLESIA prenne des airs de noblesse à la Nevermore.
Les titres s’enchaînent avec une qualité certaine, mais on en veut plus pour avoir ne serait-ce que l’envie d’y croire. Ainsi, c’est grâce au groove de mammouth épiquement présent sur « Antecclesia » qu’on a vraiment envie de se flageller parce que ECCLESIA prend un envol considérable sur ce titre où la voix de Arnhwald R monte extrêmement haut, le doublage vocal est magnifique, la rythmique toute aussi démoniaque et l’on plonge littéralement dans l’album. Certaines intonations rappellent également sur ce morceau la folle poésie doomesque qu’a fait ressortir un groupe comme Carcolh sur ses deux albums.
Et lorsque l’on parlait de musique vraiment heavy, avec « Ecclesia Militans », le groupe s’accroche pour solennellement rester dans le cercle obscur du heavy metal sophistiqué et relativement moderne, le solo et la vitesse sont là pour en témoigner.
Pourtant une fois que la lutte contre les péchés est bien entamée, on retrouve cet esprit très heavy/doom immédiatement sur « The exorcism » qui semble possédée par le groove et d’une manière brûlante, incandescente, vient vous extirper l’âme avec encore une fois des ambiances véritablement extraordinaires pour que cela se termine presque en stoner sur « Redden the Iron ».
Il faudra arriver à « Harvester of sinful souls » pour pénétrer en lieu sain, à l’aide d’orchestrations religieusement « orgue-iaques » et repartir sur le droit chemin. Celui-là même qui aura guidé vos pas jusqu’à ECCLESIA.
La messe est dite, ECCLESIA a sorti récemment ce nouvel album et c’est un très bon album dont les multiples écoutes vous dispenseront d’aller à confesse.
Arch Gros Barbare
18/04/2024