
19 décembre 2024
Groupe : TIME LURKER
Titre : Emprise
Label : Les acteurs de l’ombre productions
Année : 2024
Prendre le temps de vivre...ou de mourir, c’est tout ce qui compte. TIME LURKER, one man band avait pris de la vitesse de 2016 à 2019, et c’est tant mieux qu’il ait freiné pour ne sortir qu’un deuxième album en 2024, parce que plus les groupes mettent du temps, meilleur est l’album.
Voici un second album très noir très dépressif très torturé (et parfois proche de la mouvance doom en fait) comme le sont les groupes de black atmosphériques d’aujourd’hui, et français de surcroît. Mick a pris Sotte en compagne de souffrance l’espace d’un album pour qu’elle vienne hurler la douleur à la face du monde. Mais son écriture musicale est raffinée.
On pourra disserter pendant des heures , écrire une tonne de tournures de phrases pour faire les intellectuels, mais en fait il suffit juste d’écouter.
Ce deuxième album dépasse le premier. Sa longueur de 33 minutes, est extrêmement bienvenue, parce que plus long on se défenestre. TIME LURKER est aux ténèbres actuelles ce que les Acteurs de l’ombre sont au black metal contemporain, une lumière qui traverse le noir.
On retrouve dans la musique de ce projet toute la mélancolie du monde qui passe dans un filtre de violence saturée par des guitares en fait très poétiques et délicates au style soigné.
« Emprise » ne se compose que de cinq titres, mais sa volupté se rapproche des terribles Idolos, et l’on ne peut comprendre cela que si l’on écoute ces deux entités.
C’est un véritable voyage initiatique que présente TIME LURKER à en perdre véritablement la tête, et en rester littéralement addict.
Pas de fioritures, juste du noir et du blanc pour ce digipack, comme , là encore, beaucoup de ses congénères LADLOistes.
Mais en fait c’est d’ambiances et d’atmosphères dont il s’agit ici. Le premier morceau « Emprise », instrumental au sang royal ouvre donc le bal pour indiquer qu’il n’y aura aucune brutalité et que personne ne sera pendu sur la corde.
De manière tout de même très stellaire les titres s’enchaînent avec une parfaite harmonie grâce au mastering de Dehà et « Cavalière de feu », plutôt virulente fait montre d’une sévérité agressive à côté des autres où le black atmosphérique reste plutôt basique et suffoquant tandis que les patterns de batterie possèdent un son juste parfait. Et c’est dans le ralentissement que TIME LURKER prend toute sa dimension, en donnant véritablement vie à ses chansons.
A partir de 4 mn, on ressent particulièrement le rapprochement avec un groupe tel que Idolos. La poésie s’impose et l’annihilation domine.
Les guitares sont très voilées, la production entière l’est de toutes façons, ce qui donne à cet album toute sa splendeur.
Mais plus on avance, plus on constate que rien ne se ressemble ici. « Poussière mortifère » possède une véritable âme de black atmosphérique, parce que son tempo est plus lent, parce que ses intentions sont plus torturées et que les deux protagonistes jettent leur notes et leurs paroles dans le néant, en se fichant de leur devenir. Et ainsi on ressent cette mélodie jusque dans la moelle, parce que même si on n’aime pas ce style, en écoutant « Poussière mortifère », il est impossible de ne pas réagir à l’ambiance du morceau qui va chercher loin , très loin.
Mais alors que l’on gît sur le sol à en crever de solitude, « Disparais soleil » est le titre qui rapproche la musique de TIME LURKER au doom plutôt atmosphérique de groupes comme Lethian Dreams.
La voie claire, le hurlement lunaire sur cette doucereuse rythmique qui rappelle certaines chansons de Alcest sont inoubliables.
Mais heureusement que le monde se compose de tellement de nuances de gris, parce que « Fils sacré » met un terme aux bondieuseries pour vous empêcher d’oublier que TIME LURKER fait du black metal, alors la violence reprend son chemin, la batterie sonne comme une démente le glas des condamnés et l’album se
ressaisit dans la noirceur avec ce petit lead vraiment épique qui vous assaille l’échine comme un hachoir de boucher jusqu’à la fin de la découpe.
En bref, cet album est excellent, aucun titre ne se ressemble, toutes les ambiances sont différentes, mais chaque morceau vous transporte. Ne le rate pas.
Arch Gros Barbare
19/12/2024