16 mai 2024
Groupe : UPPER DECKER
Titre : Family Dinner
Label : Great Dane Records
Année : 2024
UPPER DECKER ou l’art de brouiller les pistes et comment « enfumer » le cochon pendant la salaison.
A y regarder de près les français de UPPER DECKER, avec un logo qui entre dans la confrérie secrète de la fourmilière des groupes de brutal death slam gore de la génération actuelle qui ont presque tous le même logo, pourrait complètement perdre un bon nombre de curieux.
Ensuite à y regarder de plus près , cette pochette « IAginée » par un processeur pourrait attirer tous les grands scatophages de la Terre (Pas mis Phile, parce qu’on pourrait confondre avec Phil Scato, des fois que ce gars existe) fans de porno grind et autres saveurs fécales bien graisseuses. On aurait pu croire que UPPER DECKER marchait du pied gauche dans les étrons maléfiques du premier Gronibard ou du « Kebabized at birth » des vomisseurs ou bien encore que le groupe voulait choper la dernière petite crotte de Defecal Of Gerbe sur « Mothershit » (celle qui reste coincée et qu’on veut guillotiner mais qui ne tombe pas) et tomber dans la philarmonie de manière, non pas incrémentale mais plutôt « excrémentale » en organisant un fabuleux dîner de famille alléchant et convivial. Il faudrait faire ça d’ailleurs le mercredi soir.
T’es perdu ? Tant mieux.
Bref, UPPER DECKER n’est pas celui qu’on croit parce que malgré son « Retarded Music for Retarded People », c’est pas forcément du truc uniquement dans le concept scato (bon avec « In Faecalis Rectum » et la pochette arrière, un peu quand même), mais tout ça pour dire qu’on pourrait croire que c’est uniquement bas du front, graisseux de la nuque et puant du gros orteil, à se baigner dans le crétinisme le plus brutal, mais pas du tout c’est pas du niveau de Gutalax tout de même. Ce Ep sorti en 2023, devenu album en 2024, parce qu’ils ont rajouté deux chansons aux six premières et ce n’est pas forcément un machin à la porno grind gore, au contraire c’est plutôt brutal death gore grind scato. Enfin, l’étiquette on s’en fout ça colle aux doigts.
Cet album aurait pu nous emmerder jusqu’à la fin des temps parce que les reptiliens sont partout, mais pas du tout . UPPER DECKER se veut brutal et bassement grave dans ces accords mais on est d’accord pour dire qu’en fait si les photos sont très axées sur les chiottes la musique l’est beaucoup moins. Alors bien sûr que UPPER DECKER joue sur le truc lourd et lent dans son brutal death goregrind, mais les changements de rythmiques, de riffs sont interminables. Dès « Albert fish n’ chips » les variations vocales sont légion et ça permet de pas se perdre dans la diarrhée musicale à laquelle on s’attend. Les mecs prennent même des vocoder qui rappellent l’époque du premier album de Old Lady Driver , sorti chez Earache en 1988 avec « Supermarket monstrosity ». Et on s’aperçoit que ce premier titre bouge sérieusement dans des mouvements death brutal, et change constamment de tempo, jusqu’à en avoir des passages complètement techniques à vous en donner le tournis pour vous mater la rondelle.
Ne manquant pas d’humour potache ou jonglant avec les jeux de mots d’un niveau totalement « lunaire » (dit-on aujourd’hui) avec « Paul’s Thrower », les mecs ont un groove très jazzy et les morceaux sont de réels mouvements de death metal avec un esprit totalement dissonant par moments et totalement glauque sur d’autres, mais c’est extrêmement bien foutu qu’on en redemande et on écouterait ça pendant des heures, vu que rien ne se ressemble.
Ambiances pachydermiques au slam des familles, brutal et malin comme le Fléau (Juggernaut) dans Marvel, ce premier album est une ode à la famille.
La basse de « Jared The Subway Guy » sweepe et slappe comme une dingue, ce titre mélange death tech, folie et fusionne avec une groove très brutal.
En fait UPPER DECKER cache bien son jeu et on le découvre au fur et à mesure de l’écoute de l’album avec « Simon the toilet beast » à faire pâlir n’importe quel Jacob Delafon, ce morceau étant tellement complexe et death metal d’un autre monde avec du chant religieusement lithurgique. Et comme pour le reste UPPER DECKER vous surprend et vous fait perdre pied définitivement avec ce morceau totalement dingue mais tellement bien foutu.
Au final, UPPER DECKER c’est du brutal death avec du slam oui, ok, de la technique, de la folie, du grind, du gore, des variations vocales tellement nombreuses qu’on n’a pas la sensation de perdre son temps et cet album est vraiment excellent. Il y a cet état d’esprit à l’ancienne avec cet humour qui a quitté l’univers depuis des lustres, et sur « Derek your neighbour is a paranoiac guy who saw aliens » les samples (et des samples il y en a tout l’album) vous donnent ce petit doute qui vous parle à l’oreille pour vous dire que Derek avait peut être raison…Tandis que « Kevin » vous offre des paillettes par milliers avec sa basse de malade et son solo à la « Dominate » de Morbid Angel.(Si, obligé tout le monde y pense)
Ce groupe est vraiment très fort, au début ça paraît super basique et mono-sourcil, mais à la fin ça l’est beaucoup moins et honnêtement c’est un album vraiment succulent, à s’en lécher les doigts juste après avoir fait...
Et vive « Henri de Chissian » !! (le roi du hip-hop), une des meilleures !
Arch Gros Barbare
16/05/2024