TESTAMENT - Para Bellum -

GROUPE: TESTAMENT

TITRE ALBUM: Para Bellum

LABEL: Nuclear Blast Records

DATE DE SORTIE: 2025

Mais que cette fin d’année 2025 se termine en beauté !! A côté de tout ce bordel médiatique, politique, guerroitique, hypocritique et popitique en récompenses musicales orientées ; car entre les sorties de Helloween (oui, qui finalement fait largement son taff au fur et à mesure des écoutes), Impureza, Coroner, Mors Principium Est , Megadeth , il y a aussi ce TESTAMENT.

Avoir huit ans et commencer à écouter du hard et du heavy, puis du thrash. Avoir douze ans et se prendre dans les chicots des albums tels que « Feel the fire », « Taking over » d’Overkill, ou encore « Game over », « the plague » « brain death » de Nuclear Assault, parmi les « Kill’em all », « Master of puppets » « Ride the lightning » des Mets, les « Killing... », « Peace sells » de Dave Mustaine et les Megadeth, ou encore « fistful », « spreading » et le chef d’oeuvre « Among the living » d’Anthrax (Ode aux indiens), et enfin « Show no mercy », « Hell awaits » « Reign in blood » des Slayer pour terminer sur « Morbid visions » et « Schizophrenia » des brésiliens de Sepultura.

Mais c’était aussi avoir douze ans et commencer à écouter TESTAMENT. Parce qu’à l’instar des groupes cités, lorsque « The legacy » est arrivé, il a aussi laissé des traces, un thrash virulent et sauvage, avec un style propre à ce groupe grâce à Peterson et Skolnick entre autres, et un chant légendaire gravé dans la pierre , sorti des cordes vocales du très grand Chuck Billy.

Après ça, c’est une carrière bardée d’une discographie excellente, parce que TESTAMENT, ce groupe américain de thrash, a su changer et se transformer, même si les puristes resteront toujours les puristes...

La première période avec « The legacy » ou « The new order », aura éternellement une nostalgie respectueuse et intouchable, mais celle de « Practice what you preach » et « Souls of black », avec cette insistance plus mélodique qui fera de TESTAMENT ce qu’il a été durant des années, aura marqué encore plus de fans sur la planète.

Entre thrash et heavy thrash, TESTAMENT laisse un héritage riche et conséquent. Avec les années, même si « The ritual » et « Low » ont étonné tout le monde, et dérangé un peu lors de leur sortie, les années passant ils sont totalement en adéquation avec la discographie évolutive du groupe. Evolutive, parce que « Demonic » et « The gathering » qui se sont approchés du death metal avec une voix de plus en plus gutturale, ont enchanté la légion de fans.
Et c’est en 2008 que TESTAMENT entame sa croisière sur les océans du thrash mélodique efficace mélangeant autant leur côté sombre que leur mélodique ainsi que le « pratique ». Car même si « The Formation of damnation » 1er du nom et donc qui a la primeur du truc, était ultra efficace, force est de constater que les très bons « Dark roots of earth » puis les moyens « Brotherhood of the snake » et « Titans of creation », ont eu raison de la lassitude des fans, parce que le groupe commençait à sévèrement tourner en rond.

Et pourtant là où l’on pensait que le groupe s’enterrerait, ils ont creusé, ils ont encore creusé, et creusé encore, toujours plus profond pour ressortir de terre de l’autre côté de la planète avec un nouvel album riche de multiples innovations et inspirations pour offrir un véritable album fait pour la guerre, et qui porte bien son nom. En effet « Para Bellum » offre au monde une nouvelle facette de TESTAMENT qui regroupe un peu tout ce qu’ils ont fait dans leur carrière, parce que sur ce nouvel album on retrouve le thrash légendaire, l’approche du death metal, avec en plus des passages très black death, un groove incandescent sur deux titres et une balade de l’enfer qui détrône de loin celle qu’ils avaient fait quelques années en arrière.

D’abord commençons par le commencement de la fin, comme le disait l’intro de « Souls of black »
Lorsque le premier titre est sorti , « Infanticide A.I » c’est un nouveau TESTAMENT qui venait définitivement pulvériser l’ancien TESTAMENT de la manière la plus biblique possible, avec ouverture des eaux en prime et un Chuck Billy plus puissant que jamais dans la voix quand on sait par où il est passé.

Le prince du air guitar sur scène envoie du bois plus fort que Charles Ingalls et les riffs de départ annoncent une couleur invisible, sur une batterie d’une violence plus brutale que jamais. A partir de là tout le monde s’est dit sans exception (même les détracteurs), que TESTAMENT venait de sortir un album incroyable qui ferait oublier le train - train des trois derniers albums. Et c’est le cas, parce que c’est chose faite, tout comme c’est chose faite parce que c’est le cas. Ce « Para Bellum » est une bombe atomique comme vous pouvez le voir sur cette pochette d’album très dans l’air du temps au vu de toute la mélasse actuelle.

Une pochette signée  Eliran Kantor (pour une fois ne ressemble pas à tout ce qu’il a fait dernièrement) qui n’est pas sans rappeler les couleurs, mais aussi quelques parts les intentions de celle de « Practice what you preach » meets « Souls of black ».

Donc titre 1 révélé : branlée technique, branlée agressive et branlée en inspiration. Ça saigne, ça suinte le thrash et la puissance.
S’en est suivi « Shadow people »,  un titre simple et efficace pur jus thrash à la TESTAMENT, mais malgré tout dans certains lead et la basse on y retrouve des ambiances plus sombres qui ont fait la part belle sur leurs tous premiers albums.

Et à côté de ça la batterie ne cesse de buriner (une batterie qui mène la danse sur l’album, Chris Dovas a quand même joué Vital Remains en live) tandis que les guitares s’envolent, prouvant également dans le break que TESTAMENT a pris un cap pour varier sa musique dans quelque chose qui ne reconnaît plus aucune frontière sauf celle de la destruction, parce que les morceaux sont implacables.
On retrouve sincèrement tout ce qui fait la discographie du groupe en un seul album et le groupe s’en fout de savoir si ça colle ou pas, parce qu’en fait cet éclectisme colle à tout l’album.

Le jeu des guitares est insoutenable de puissance et de dextérité, tandis que les ambiances se suivent mais ne se ressemblent pas.

En fait le premier titre de l’album est d’une violence inouïe, « For the love of pain » est dans la couleur de « Infanticide AI », sauf que Chuck prend sa voix de grizzly au départ et que le style s’approche d’un thrash/death plus death que thrash, en s’enfonçant avec force dans la brutalité.La basse est extrêmement présente sur cet album et on le ressent dès ce premier titre, M Digiorgio s’en donne à coeur joie. C’est également aussi sur ce titre que l’évolution est palpable, vers un black/death mélo digne des plus grands scandinaves des années 90’s.

Des titres variés, plus longs pour certains, plus courts pour d’autres, avec des variations de puissance, de mélodie, dont certains sont plus massifs , voici de quoi ce compose cette bombe atomique faite pour détruire.

En prenant l’album dans son ordre, on mange chanson après chanson, et on en redemande encore.

L’arrivée de « Meant to be », cette balade intemporelle pas trop niaise, pas vraiment balade, comme sait l’écrire TESTAMENT, ne vient pas détrôner « The legacy » de « Souls of black » ou encore «Return to serenity » de « The ritual » ; mais plutôt compléter et fusionner ce triptyque. Cette nouvelle balade donne de la valeur à un album qui n’en avait pas besoin tellement il est haut en composition.
Le chant, l’atmosphère, rappelle ces années 80/90 ‘s qui fuient chaque seconde du temps actuel pour disparaître en poussière sous la sérénité du vent et de l’érosion pour ne plus être qu’un souvenir de plus en plus lointain…
Et c’est à cela que fait penser cette « Mean to be ».
Mais il n’y a pas que des émotions sur ce nouvel album, il y a du groove, du mega gros, gras et méchant groove avec les titres « High noon » et « Nature of the beast». Parce que « High Noon » sent la graillon sous les aisselles, avec des riffs hyper trempés dans le sud et encore une fois un chant différent du sieur Billy qui vous donne envie de danser au clair de lune avec un verre d’hydromel dans la main. Ce titre est gras et lourd, mais extrêmement puissant dans sa manière d’aborder un style assez southern tantôt stoner, tantôt brouteur de foin avec cornes et couilles en bonus.

En fait l’on va de sensations fortes en sensations fortes, parce que dans la continuité de « High Noon » on se retrouve avec « Nature of the beast » qui fait la nique à Megadeth avant la sortie du dernier et très attendu Megadeth.

Explication : Si vous ne trouvez aucune ressemblance avec le groove de Dave Mustaine et les Megadeth , époque « Peace sells » meets « Youthanasia », avec les suprêmes megadettes en moins, on a alors un sacré problème. En attendant TESTAMENT vous fait chavirer le coeur dans quelque chose de très heavy thrash et là encore ça passe tellement bien. Bon c’est vrai entre « High Noon » et « Nature of the beast », il y a « Witch Hunt ».
Et c’est un sacré morceau à avaler (ça rappelle un texte de film spécialisé avec Rocco semble-t-il) , parce que « Witch Hunt », rappelle que TESTAMENT avance, détruit et regarde ton monde une fois éradiqué. Ce morceau est d’une rapidité et d’une violence effrontées. La voix encore a mué, peut-être proche de celle du chanteur de Vader. Voici le morceau le plus noir, le plus ténébreux, le plus violent, le plus death, le plus black/death que TESTAMENT n’a jamais écrit (et pourtant tout aussi mélodique), et c’est sans doute pour cela qu’il sépare les deux morceaux groovy.

Bref, déjà sept morceaux et sept tubes. L’histoire dit que cela ne s’arrête pas là parce que les guitares de « Room 117 » et la ligne vocale vous enchanteront, puis « Havana syndrome » rappellera les dernières bases du temps de « The formation of Damnation », et enfin le bouton nucléaire pour la fin. L’ultime fin, celle des temps , celle du monde, celle de l’humanité . Il fallait écrire quelque chose de percutant, des riffs qui résonnent, des riffs qui restent, une ambiance de spartiate, un peplum musical qui va crescendo un peu à la sauce d’Impureza. Et là alors qu’on pensait que l’album allait s’épuiser, c’est tout le contraire. Ce dernier morceau offre de grands moments de musique, d’affrontements de guitares en effervescence. Car en effet ce morceau livre des guitares qui chantent et cela aurait pu être un titre instrumental limite progressif que ça n’aurait pas gêné. TESTAMENT offre un bouquet final sur ce titre juste intense et incroyablement varié dans la puissance.

Cela fait des années que l’on attendait ce genre d’album, il vient confirmer que TESTAMENT est un grand et merveilleux groupe de Thrash à la base, mais pas que. Ils dominent leur style et dominent leur musique. « Para Bellum » n’est pas taillé pour la guerre, il EST la guerre.

Arch Gros Barbare

14/10/2025