
23 janvier 2023
Groupe : BARABBAS
Titre : La mort appelle tous les vivants
Label : Sleeping church records
Année : 2022
Douze ans déjà depuis la sortie de « Libérez Barabbas !! » et voici que le prosélytisme a pris le pas d’une manière définitivement doomesque afin que la musique aux riffs lourds, massifs et épais en devienne un véritable évangile. Anthony Quinn s’en retournerait dans sa tombe.
Il aura fallu passer par un premier Ep presque aussi suintant et épais qu’un « Forest Of Equilibrium » , et par quelques évolutions à la Saint Vitus, The Obsessed ou Black Sabbath des tous premiers albums pour que BARABBAS fasse l’unanimité au sein de sa communauté très rapidement.
Un groove exacerbé, une puissance de basse incroyable et une identité singulière dans les vocaux, voici ce que BARABBAS offre depuis quelques années. Entre un premier album d’anthologie « Messe pour un chien », sorti en 2014 et de multiples présences sur compilations [dont l’Hommage à Cathedral ( s’appropriant totalement « Ride ») ainsi que « We are french fuck you II » en 2019 qui permettait de découvrir un premier titre de ce nouvel album], BARABBAS signe à chaque fois de véritables psaumes , avec « Ressuscité », « Les quatres cavaliers » ou encore « Le sabbat dans la cathédrale », et la terrible « Judas est une femme »…
Mais cessons ces louanges divins car c’est de « La mort appelle tous les vivants » dont il s’agit aujourd’hui. Le nouvel album de BARABBAS, sorti en fin d’année dernière chez Sleeping Church Records, il était certain, rien qu’ à la pochette, rien qu’au titre lui même et rien qu’à l’introduction, que ces huit années de jeûne presque neuf, n’étaient pas vaines.
En effet , les sept titres plus intro/outro contenus dans ce nouveau chapitre confirment que BARABBAS n’a rien perdu de sa verve légendaire. La voix de Saint Rodolphe est toujours impénétrable, et les textes, inéluctablement dans leur langue maternelle, sont d’une saveur encore plus exquise aujourd’hui, parce que la manière de conter de Saint Rodolphe est devenue une véritable prière liturgique que les fidèles ne se lasseront jamais d’écouter.
Les chansons, toujours longues comme un jour sans fin, comme sait le faire BARABBAS, sont bénies et le Saint riff rédempteur mis en valeur par Andrew Guillotin aux Hybreed Studios, vous donne l’envie d’être carnassier à dévorer l’album comme si c’était de la viande, et rien que de la viande.
Chaque titre hypnotise par sa puissance de riff, sa lenteur de Cathédrale, où l’on touche du bout des doigts les flammes des enfers grâce à des guitares chaleureuses et ensorcelées de Saint Stéphane et Saint Thomas, notamment sur « Le cimetière des rêves brisés » qui donne libre cours à de la mélodie digne d’un jour de « sabbath noir », le « sabbat ensanglanté, oui le sabbat noir » de 1973.
Comment ne pas se soumettre et succomber au martellement des tambours et des rythmiques qui se manifestent sous le signe du néant pour vous faire vasciller l’âme et ensuite l’enfermer dans sa crypte où les parois du crâne font office de murs ?
Car c’est avec une torpeur apathique que vous visiterez votre sépulture emmuré vivant avec une chanson si mélancolique dans son entrée en matière , magistralement doom, qui monte en puissance à la manière d’un My Dying Bride qui faisait pleurer et crier l’humanité en 1995.
En effet « Mon crâne est une crypte » se place en figure de proue de ce nouvel album tandis que la concurrence sur l’album est dure.
Les riffs sont tous religieusement divins, les solos vous brûleraient les ailes à vous en faire tomber de damnation, car les notes virevoltent dans une valse funèbre incessante, typiquement française dans sa mélodie où basse et guitares fusionnent dans les flammes de façon cohérente et pourtant hétérogène, c’est ainsi que BARABBAS pose alors sa nouvelle pierre à l’édifice pour ériger sa propre cathédrale.
Inlassablement, on écoute ce nouvel album qui dure presque une heure, comme son prédécesseur, et l’on ferme les yeux, pour ne rien manquer du sermon. BARABBAS se transforme en fils prodigue, et nous revient avec ce nouvel album plus fort que jamais, plus inspiré, plus persuasif.
Et puisque « La mort appelle tous les vivants », profitons-en et suivons-là.
Arch Gros Barbare
23/01/2023