CRUACHAN - The living and the dead -


31 mai 2023

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Groupe : CRUACHAN

Titre : The living and the dead

Label : Despotz Records

Année : 2023

La légende, les légendes, ce groupe au nom imprononçable (où l’on ne sait jamais si l’on dit « ch » ou « r »), ce groupe irlandais de celtic folk black metal revient encore une fois après cinq ans d’absence.

Qui ne connaît pas ses albums où il faut remonter jusqu’au milieu des années 90’s pour se plonger littéralement dans le moyen âge et la mythologie irlandaise ?

Qui n’a jamais écouté un seul de leurs albums, où contes et histoires issus du folklore de cette île merveilleuse sont la source musicale et l’inspiration première de CRUACHAN.

Qui n’a jamais admiré les pochettes des albums « Tuatha Na Gael », « The middle Kingdom », « Folk Lore » ou encore « Pagan » ?

Et la reprise de « Ride On », on en parle ?

CRUACHAN fait partie des groupes aux inspirations celtiques, tels que Skyclad ou Tuatha De Dannan dont la musique a toujours été inspirée, intemporelle et dont la rage black metal était en fait en totale harmonie avec les atmosphères si particulières et uniques qu’il dégage.

Et si le groupe a su évoluer, se modifier durant quelques années quand le black metal a fait place à la mélodie où Karen Gilligan prit le lead du chant jusqu’en 2008, les derniers albums jusqu’à « Nine years of blood » sont ténébreux et excellents et ont su revenir à leurs premières amours.

Pourtant CRUACHAN n’a jamais été vraiment sur le devant de la scène internationale, et c’est assez dommage.

Voici donc cinq ans qu’était sorti leur dernier album, cependant depuis 2018 on a pu bénéficier de quelques chansons esseulées que l’on retrouve sur ce nouvel album, notamment « The hawthorn », « The crow » « The reaper » « The witch ». Et c’est une démarche qui semble se pérenniser, puisque CRUACHAN vient de sortir « The blacksmith » en ce mois de mai.

Le terrible Keith fay a tout écrit, musique et paroles, vu qu’il ne reste plus que lui (surtout) et Joe Farrell qui ont survécu aux années, et cela fait trois albums que le groupe revient à chaque sortie un peu plus à la Terre, un peu plus aux traditions ancestrales, un peu plus aux origines. Finalement ils y sont arrivés réellement, parce que « The Living and the dead » est nettement plus folk que pouvaient l’être les deux derniers, et Keith Fay s’en est donné à coeur joie.

Les pieds nus dans l’herbe haute et la guiche à l’air sous le kilt en règle, CRUACHAN montre que la tradition celtique n’est pas que dans leur musique, elle l’est aussi dans cette illustration de Vagelis Petikas et dans les instruments tous plus traditionnels les uns que les autres.

CRUACHAN a retrouvé la parfaite alchimie, le parfait équilibre entre la musique folk et l’inspiration black metal qui le caractérisait pour laisser parler son esprit guerrier. « The living and the dead » contient douze chapitres, douze histoires sur les vivants et les morts, mais surtout fait la synthèse et le bilan de ces trente années de carrière.

Cet album est tellement celtique folk dans le véritable sens du terme et pas pour balancer du produit commercial, que tous les passages black metal se fusionnent et l’on ne s’aperçoit pas de leur violence aux beau milieu de la folie des cornemuses, flûtes et autres violons qui virevoltent allègrement accompagnés par une multitudes d’invités connus que chacun reconnaitra en allant chercher un petit peu, cela va de soi.

« The living and the dead » est une œuvre magistrale qui peut aisément trôner aux côtés des Bran Barr, bien que les irlandais aient leur style inimitable. Ce nouvel album propose énormément de profondeur celtique à chaque instant sur les morceaux (en offrant exactement ce que Skyclad savait maîtriser), et jongle facilement entre les ambiances des tous premiers albums et la noirceur des deux derniers. Sur des titres tels que « The Queen », on se retrouvera dans des atmosphères aussi black que folk où même certains riffs vont flirter avec le thrash, tandis que les « The hawthorn » « The harvest », « The ghost »,et autres « The crow » préfèrent rendre le décor épique en y mettant de la saturation old school sur des thèmes pourtant traditionnels.

CRUACHAN met en opposition ses influences folk avec son autre influence majeure black metal épique, et ça donne un album terriblement efficace, où les passages les plus violents ne le sont pas.

Plus qu’un constat, « The living an the dead » est un parfait résumé de l’intégralité de la carrière de CRUACHAN où l’on découvre de nouveau les envies de jeunesse jusqu’à la maturité des derniers albums, à ceci près que les Irlandais ont su rester primaires et authentiques. Preuve en est ils n’ont bossé qu’avec du local pour enregistrer, produire et mixer l’album avec Michael Richards au Trackmix studios à Dublin (Abbadon Incarnate…) avec qui ils avaient déjà travaillé pour « Blood on the black robe » et « Blood for the blood god ».

Du grand CRUACHAN.

Arch Gros Barbare

31/05/2023