23 mars 2024
GROUPE: STRIKER
TITRE ALBUM: Ultra Power
LABEL: Record Breaking Records
DATE DE SORTIE: 2024
Quatrième fois que STRIKER sort un album chez Record Breaking Records (sauf si c'est de l'autoprod), Napalm n’avait sans doute pas trouvé cela assez « gothico-mainstream-vampirella à cornes » ; les canadiens en sont à leur septième album en seize ans, discographie plutôt fournie et intense, mais pourtant leur new wave of British (Canadian) heavy metal ne faiblit pas d’un seul poil.
Et tant mieux parce que du poil, c’est ce qu’il faut pour tenir dans le froid.
Ce dernier album n’a pas la pochette rêvée, mais au moins on ne pourra pas crier haro sur le groupe puisque les artworks sont signés Ramone Sketch et Hasr Oner, et ce n’est pas de Art Informel, appelé communément AI, qui fait l’objet d’une chasse aux sorcières sans précédent.
Alors oui, on est visuellement dans l’ambiance Mucky Pup / Murphy’s law du milieu des années 80’s (voire la vieille cartel postale de Pantera des 90’s pour ceux qui ont connu) , le hip-hop, les couleurs , les tags et tout ce qui vous rapporte aux années 80’s, et on le comprend mieux quand on voit la photo centrale des membres du groupe, on sait où on met les pieds.
En fait la pochette ne reflète pas le contenu, tandis que celui-ci est d’une aussi haute qualité que les six autres albums, car au fur et à mesure STRIKER a injecté toutes sortes de variations à sa musique heavy/speed mélodique d’origine, on y ressent quelques aventures rocambolesques vers le heavy/thrash, mais ça speed toujours, et c’est heavy/hard rock autant mélodique que profond, avec toujours une légèreté qui finalement ne tombe pas dans la débilité « caca-prout », mais juste dans la bonne humeur « Véronique et Davina », sur une musique de qualité.
Avec cet album on se retrouve à y constater par endroits, de-ci delà, des rapprochements, avec Judas Priest de l’époque « Ram it Down/Painkiller » du Queensrÿche de « Operation Mindcrime », une voix ultra puissante, avec certains intonations à la Goeff Tate, mais aussi à la Paul Stanley !
On traverse de parts et d’autres les années 80’s avec des anecdotes dans les choeurs qui rappellent Dokken ou encore des guitares ultra speed à la Kiko Loureiro de Angra.
STRIKER, met la branlée dès le premier titre « Circle of evil » et il devient immédiatement difficile de s’en décoller, parce qu’une fois qu’ils ont envoyé la sauce ultra puissante en NWOBHM à l’ancienne, on plonge tout de suite dans quelque chose de plus moderne avec « Best of the best of the best » . C’est clair que le second titre est totalement bas du front, claviers, chant (là on sent le Stanley), rythmiques, on se dit que c’est le titre qu’ils ont écouté en faisant leur photo de posers, le jogging bleu , les americanas montantes, avec le bandeau de la mort qui tue.
Malgré tout, STRIKER maîtrise son album, les chœurs sont excellents (même si certains les trouveront trop nombreux) , les lignes vocales rappellent les séries de flics à la Miami Vice, les dessous de Palm Beach allant même jusqu’à Melrose place (Tu sens le décor là?) , encore plus avec ce saxophone qui vient à point nommé sur « Give it all », en plusieurs endroits, et même à y faire un solo avant celui de la guitare, un tube interplanétaire.
Rappelez-vous les ambiances sur la bande son de Rocky IV, avec « Burning heart » de Survivor ou encore et surtout le « Heart’s on fire » de John Cafferty, avec STRIKER on est en plein dedans, mais en plus heavy/speed/hard, quelque chose comme le merveilleux « Eat the Heat » de Accept en plus couillu, ou encore le fabuleux « Sin-Decade » de Pretty Maids, tellement American Nights from the 80’s.
On voyage de bout en bout, avec ce nouvel album, « Blood Magic » nous ramène dans l’ouest américain, où Biff Tannen voulait choper Clint Eastwood, sur une rythmique chevauchante ultra speed, avec des envolées de guitares tellement mainstream qu’on aime à se rappeler ces années passées. Et pourtant c’est encore à ce moment là que le talent de Timothy Brown et de John Simon Fallon, vous font rêver une fois de plus parce que ça part à une vitesse folle tout en conservant une mélodie violente.
C’est comme ça tout au long des quarante et une minutes, alors, c’est certain il n’y a aucune noirceur, aucune mort, aucune pourriture, ni moisissure, ni démon, ni forêt, ni croix, ni incantation, ni aucun coin sombre d’ailleurs. On baigne littéralement dans cet esprit très fun, léger mais pourtant sérieux niveau instruments parce que leurs compositions sont loin d’être basiques et les solos mettent la fessée à pas mal de monde euphoriquement parlant.
Ce nouvel album est un hymne à la joie qui fait du bien dans toute cette morosité ambiante, quand on écoute « Thunderdome », on revient à du heavy/hard plus traditionnel, et l’utilisation des claviers balancent une atmosphère très théâtrale, réussite totale sur la fin de l’album pour ne pas tomber dans le clonage de titres. Ce « Ultra Power », c’est quand Bonfire , Pretty Maids, Loudness, Queensrÿche rencontrent Accept , Angra, Dokken et Slash ( sur ses albums avec Miles Kennedy) dans un Wrestlemania de fin du monde où tout le monde avait les cheveux blonds , longs et ultra bouclés, mais avec une coquille.
Jusqu’à la fin la fraîcheur est de mise, pas comme l’étal de certains vendeurs de branchies, et STRIKER s’amuse du début jusqu’à la fin, ça joue bien et fort, et on prend cet album comme une pilule de bonne humeur dans ce système infecté. A noter que la version japonaise possède trois titres bonus.
Avec cet album, STRIKER termine sa transition, et montre que la jeunesse et la modernité peuvent parfois, pas souvent mais parfois , fusionner avec l’esprit des anciens ce qui donne un hard rock/heavy speed mélodique très rafraîchissant , avec une musicalité indéniable et une puissance omniprésente.
Arch Gros Barbare
23/03/2024