
24 mai 2023
Groupe : THRONE OF FLESH
Titre : Dust
Label : Great Dane Records
Année : 2023
Plus de trente ans en arrière, dans l’underground dégueulasse et balisé de crasse, on aurait pu encore s’extasier sur ce genre de sortie, parce qu’on recherchait justement cet univers plus que sale. Parce que THRONE OF FLESH c’est la gloire du death obscur basique avec une fadeur sinistre qui est présent sur ce nouvel ep.
Mais les années ont passé et écrire quelque chose de bien foutu, même si déjà vu, c’est déjà maîtriser un minimum l’inspiration. Après ce n’est pas donné à tout le monde.
Les italiens n’en sont pas à leur coup d’essai à en voir leur curriculum vitae puisque le bassiste a joué dans pas moins de dix groupes, le guitariste dans quatre groupes, le vocaliste pareil dont Cannibe, et enfin le batteur aussi, tous ayant trainé avec consanguinité dans plus ou moins les mêmes formations.
Normalement, ça permet de ne pas faire les mêmes erreurs et donne envie d’évoluer. Ici THRONE OF FLESH a pris la décision de régresser et de balancer une sauce death ultra glauque et sans vie, comme si MORTICIAN (dont on adore surtout les intros) venait taper à la porte d’une cave moisie avec du cadavre en putrefaction à l’intérieur, sans qu’on sache à qui sont les corps.
Et voici un EP six titres agrémenté de leur premier Ep « Dogma » sorti en 2019, pour rajouter quatre titres de plus et faire en sorte que ça fasse un album.
THRONE OF FLESH est sale et leur musique sur ce nouvel Ep rebute parce qu’il faut beaucoup d’écoutes et d’attention pour entrer à l’intérieur de leurs viscères, sans garantie d’apprécier vraiment le goût amer qu’il en ressort.
Ce n’est pas chose facile parce qu’ici , sur les titres du début, dans 90 % du temps on va vite s’emmerder et lâcher l’affaire. Déjà parce que la première écoute nécrose tout de suite les oreilles. La prod sur la batterie aurait mérité d’être vraiment old school plutôt que synthétique, ce qui contraste nettement trop avec l’ambiance que les gars veulent vraiment donner au départ. Et si les guitares possèdent un graillon de catacombe, et que la basse arrive à tirer son épingle du jeu, il aurait mieux valu opter pour un truc entièrement pouilleux et sordide ce qui aurait vraiment donné de la noblesse à l’ensemble.
En fait le premier titre « Whisper of saprophagy » (qui fait office d’intro), suivi de « Macabre procession » ne sont pas vraiment vendeurs, et ne donnent pas l’eau croupie à la bouche. Pourtant autrement produit, avec un son vraiment crade, des guitares plus finlandaises, même si c’est stérile, les puristes auraient apprécié, parce que la voix de Joseph Di Porto qui ne laisse aucune place à une corde sensible, ni à un geignement de fragile, aurait pris un envol avec une production différente, mais ce n’est pas le cas.
En revanche , les petites interludes d’autochtones pour annoncer la rafale de boue comme sur « Dust», font leur petit effet faisandé. Et les atmosphères très religieuses de « བྱ་གཏོར » arrivent à attirer le chalant vers l’étal, mais ça n’intervient qu’à partir de ce morceau (petite précision sur le cd les pistes d’origine 1-2-3, ne font qu’une, ce qui décale tout).
Parce que l’ambiance très litanique de ce titre offre un regain d’intérêt, où THRONE OF FLESH aime faire durer la torture.
Encore une fois pour enfoncer le clou, si la prod avait été réellement souillée, elle aurait mis en valeur la plupart des titres.
Les quatre derniers morceaux étant du bonus puisque c’est la démo « Dogma » sortie en 2019, cela ne demande pas de s’étaler plus que ça, mais à notre grande surprise, bizarrement les titres de « Dogma » sont agressifs, et super bien branlés.
«24 Obnoxious reeks of holiness », certainement le meilleur titre de ce Ep, qui speede comme un malpropre, dans une violence old school, comme celle des démos des 90’s, et des rythmiques death brutales presque punk est un excellent morceau.
C’est bien dommage pour leur nouuvel Ep, parce que le titre qui vient juste après « Throne of mendacious heritage » est lui aussi, très bien écrit, THRONE OF FLESH agrippe les cervelles, et balance un truc bien visqueux où même le voile carveneux du vocaliste, doublé sur ses lignes, provoque un certain plaisir en même temps qu’un plaisir certain.
Et finalement le combo de ces deux morceaux, fait du bien à l’ensemble du Ep, et montre une autre facette qu’on n’attendait pas.
Le son, la crapoteuse voix du chanteur et cette rythmique à la Bolt Thrower des premières démos avec « Inverted», montre immédiatement qu’en fait il y a un fossé entre ces deux productions. Les solos sont excellents, l’amosphère excitante et la brutalité sans faille. Ça envoie aussi de la poutre sur le morceau suivant, « Tracheotomized by ants».
A l’arrivée, on peut se dire que les premiers titres de ce nouvel Ep, n’ont pas la profondeur de ceux de « Dogma », mais qu’à partir de « Dust » et surtout les deux derniers, ça bute avec du dommage collatéral pendant quelques bonnes minutes. Et l’idée d’y avoir ajouter « Dogma », qui niveau prod et inspiration vous stimule le sphincter comme une coloscopie sous laxatif, donne cette à prod un intérêt certain.
Mal parti, mais réel plaisir en bout de piste.
Arch Gros Barbare
24/05/2023