ARIES - Le dernier sacre -

GROUPE: ARIES

TITRE ALBUM: Le dernier sacre

LABEL: Epictural production / Acid Vicious fanzine

DATE DE SORTIE: 2022

La rencontre musicale avec un album tel que celui-ci, dont la sortie date d’un an auparavant est toujours frustrante car l’on aurait préféré être là au moment de celle-ci tellement sa subtilité et sa finesse n’ont d’égal que sa pertinence. Mais le temps importe peu finalement, puisque la musique est intemporelle, et ici cela prouve bien que ce premier album a encore beaucoup de route à parcourir et vu sa qualité, son chemin de vie est loin d’être terminé.

ARIES vient d’Ile de France pour ne pas dire de la capitale, et aurait dû avoir une visibilité plus prononcée puisque en général la ville et sa cour ont raison des provinces grâce à un nombrilisme aveugle, mais pourtant il n’en est rien. Il n’en est rien, car on revient finalement un peu aux sources, un peu comme avec l’ère pré-internet et la multitude de groupes, de projets, de labels, de médias, où il faut savoir fouiller, farfouiller et rechercher...bien chercher pour avoir les bons contacts et découvrir de véritables joyaux noirs de l’underground.

Et c’est le cas pour ARIES. Sorti sous l’égide de Acid Vicious (fanzine on ne peut plus ancien et respecté de tous) et de Epicturial Production, c’est évidemment gage de qualité. De qualité parce que lorsque l’on sait que Epicturial est le label qui a sorti les albums de Malevolentia et autres Einsicht, toute forme de doute s’envole immédiatement.

« D’ombres et de flammes » , leur premier ep de 2015, est passé relativement sous les radars, mais réparation est faite à cet affront avec ce premier album, puisque « Le dernier sacre » donne à ARIES l’opportunité de faire découvrir ses talents.

On sent déjà par le titre de l’album , la pochette signée Calvaire Drach, (inspirée elle-même de manière officielle puisque citée sur le livret, par la peinture de François Gérard datant de 1827, « Le sacre de Charles X ») ainsi que par la recherche particulière de la poésie classique (en utilisant des octosyllabes moyenâgeuses par endroits, quelques hendécasyllabes sur d’autres avec cette volonté de varier la versification), que ARIES fait partie du black metal aristocratique. Un black metal pas particulièrement suffisant mais qui aime la sophistication et qui met un point d’honneur à travailler ses paroles en français et ses mélodies enjouées.

Musicalement les parisiens ont écrit un black metal certes rempli de haine sur ses vocaux et d’ agressivité sur ces tempos, même en même temps n’est-ce pas l’essence même du black metal ? Cette violence dans des atmosphères épiques, c’est ce qu’ARIES compose , une musique noble, quarante cinq minutes et sept titres d’une longueur quasi similaire où les presque sept minutes chacune amènent l’auditeur vers une noirceur distinguée. La grande majorité des morceaux comme « Oriflamme » ont la capacité d’offrir de la vitesse avec un lead guitare qui conserve toujours une mélodie envoûtante afin de donner à son contexte une atmosphère d’épopée chevaleresque. C’est un des points forts de cet album.

Chaque morceau qui passe est une véritable étape dans l’univers de ARIES, « Au devant de la nuit »cite Léon Rameau et c’est sur ce titre que l’on s’aperçoit qu’au travers d’une chanson véritablement épique et étherée dans son asmotphère , ARIES met bien en arrière ses vocaux pour leur donner plus de déchirement.

Comme beaucoup de groupes des années 90’s, ARIES aujourd’hui donne une vision de lui très intellectuelle permettant d’y entrapercevoir un côté érudit et élitiste. Pourtant ce n’est pas ce qu’il en ressort vraiment, parce que ARIES offre une poésie singulière que l’on retrouve aisément sur le passage plus acoustique de « A l’ocean qui nous sépare », avec cette sensation qu’un peu plus loin on pénètrerait dans le monde d’Alcest.

Non, il ressort de cet album une générosité musicale impressionnante qui forcément implique un bon nombre d’écoutes pour en arriver à déceler toutes les délicatesses et ses rugosités.

ARIES ralentit sa cadence aux moments opportuns (« Là où je t’ai trouvé ») pour mieux approfondir sa mélancolie, et le résultat donne de la grandeur à l’ensemble, une noblesse royale. Encore une fois c’est cette guitare acoustique qui vient adoucir la violence poétique des accords pour créer quelque chose de pernicieux, parce que l’addiction se fait sentir au bout de plusieurs écoutes, et l’on se perd avec délectation juste pour avoir cette sensation de solitude salvatrice au beau milieu du monde en ruines.

« Le dernier sacre » titre final, ferme la marche infernale, et sa rythmique ensorceleuse met le coup de grâce.

Voici un album de black metal somptueux.

Arch Gros Barbare

22/08/2023