GROUPE: LES BATARDS DU ROI
TITRE ALBUM: Les chemins de l’exil
LABEL: Les acteurs de l’ombre productions
DATE DE SORTIE: 2025
Dans l’exacte continuité de leur premier album sorti l’an dernier chez L’ordalie Noire, LES BATARDS DU ROI reviennent rapidement en force, cette fois-ci chez LADLO avec ce deuxième chapitre : Les chemins de l’exil.
Forts d’un anonymat actuel et culturel, sachant que beaucoup de jeunes groupes de black contemporain aiment à conserver une discrétion quant à leurs visage et leur identité, LES BATARDS DU ROI ne dérogent pas à cette nouvelle règle.
Et leur black metal moderne, agrémenté de mélodies bien présentes et parfois même d’un heavy black sur des leads frénétiques, LES BATARDS DU ROI se devaient d’offrir un second album au moins aussi bon et accrocheur que pouvait l’être leur album éponyme, surtout aussi rapidement, car il n’y a eu qu’une seule année entre les deux.
Poursuite du chemin donc, noirceur indélébile de nouveau dans les visuels et l’artwork principal, la poésie typiquement française pour essence et dans les titres, voici venu le temps de l’exil.
Une route longue et sinueuse, parsemées d’obstacles s’offre à vous durant presque quarante sept minutes où LES BATARDS DU ROI vous content quelques histoires diverses mais surtout singulières ; des histoires qui vous toucheront l’âme forcément, parce que la musique des BATARDS DU ROI est de celle qui prend place sans envahir, qui tient en haleine sans s’imposer et qui agrippe sans enchaîner.
En effet, même si vous ne connaissiez pas le groupe, cet album vous possédera sans que vous ne l’ayez vu venir et la puissance de leur inspiration sinistre et embrumée se fera révélation de la première à la dernière écoute. C’est à cela que l’on reconnaît la qualité d’un groupe. Point d’artifice, mais de la musique qui fait mouche autant dans son obscure portée que dans sa violente mélodie. LES BATARDS DU ROI , en dépit de leur jeunesse inspirent le respect en mettant en avant une musique travaillée, une musique complexe et fluide à la fois, agrémentée de paroles qui se veulent inspirées par une poésie traditionnelle où Victor Hugo sera cité, et où les vers et la rhétorique utilisée donnent envie de rouvrir les livres de français.
LES BATARDS DU ROI vont plus loin sur ce nouvel album , parce que le black metal est plus aéré, ils prennent le temps de poser la mélodie pour mieux mettre en exergue cette inspiration médiévale dans l’atmosphère ou dans les textes. Leur violence n’est pas plus douce, elle est plus incisive et efficace et immédiatement avec « La forêt » on sait où l’on s’aventure, qu’elle soit profonde ou noire, c’est une exploration musicale épique où les chœurs clairs annoncent à chaque fois une orchestration incroyable qui propulse le lead mélancolique dans le firmament de la perfection.
Même dans les moments les plus redoutables sur « L’âme sans repos » où tourbillonnent des notes effrénées, LES BATARDS DU ROI construisent un univers unique qui s’installe au fur et à mesure de l’album.
On reconnaîtra cette patte typiquement française et aussi surtout liée aux signatures de LADLO, quelque chose de très reconnaissable qui fait l’unité de toutes ces signatures.
« Vers l’étoile solitaire », « Le chevalier au corbeau », sont autant de chansons d’une qualité incroyable où les atmosphères sont primordiales, où l’agressivité de ce black metal à part, est constamment guidée par une mélodie transparente que l’on peut ressentir à chaque note. C’est ce qui donne aux titres de ce nouvel album sa noblesse incontestable, car chaque accélération, chaque mouvement de colère est entrecoupé de passages épiques et tellement inspirés qu’ils propulsent les chansons vraiment très haut.
On oublie finalement les racines black metal, on oublie les vocaux gutturaux et on tombe à terre sur les refrains du « Chevalier au corbeau », où les rythmiques de combat surfent sur l’intensité de la batterie avec une outrecuidance exacerbée. Ce morceau est simplement fabuleux.
La seule parenthèse négative, qui restera en tête, c’est que cet album est tellement envoûtant qu’il est trop court. « Ord Vil merdos » vous terrassera, quand « Le val dormant » préférera partir sur les terres anciennes d’un Alcest regardant ses Amesœurs, pour mieux vous envelopper de sa mort romantique.
Neuf chansons, neuf aventures qui vous mèneront dans un monde de fantasy obscur et grisant, les maléfices opérant.
LES BATARDS DU ROI avaient écrit un premier album somptueux, mais celui-ci est au-delà de vos espérances. Il vous procurera un bien-être ineffable sur les chemins de l’exil.
Arch Gros Barbare
23/09/2025