Groupe : CELESTIAL SEASON
Titre : Mysterium I
Label : Burning world records
Année : 2022
Il est devenu si loin le temps de « Promises », ces temps immémoriaux où le death/doom était un genre qui n’en était qu’à ses débuts, où les growls perforaient cette musique si triste, si lente et mélancolique que l’atmosphère pouvait en devenir doucereuse au point de vous mettre mal à l’aise.
Alors que My Dying Bride, Paradise Lost et Anathema, écrivaient dans le marbre les fondations d’une carrière qui a révolutionné cette musique, CELESTIAL SEASON marquait le sol de son empreinte du côté des Pays-Bas.
Leur premier album « Forever Scarlet Passion » aura lui aussi marqué bon nombre d’amateurs de death/doom, surtout que cette sortie chez Adipocere fut une de leur meilleures sorties dans le genre, avant que Holy Records ne s’empare tel un mangeur de planète, de la scène death/doom internationale pour signer les groupes phares que vous connaissez aujourd’hui.
CELESTIAL SEASON a cependant écrit également l’histoire du death/doom, avec son premier album, mais aussi et surtout le légendaire « Solar lovers » qui, fort de ses passages au violon, de son ambiance mega lente et de sa reprise de Ultravox, sera une référence de ce style à tout jamais.
Et il leur aura malheureusement fallu dégager Stefan Ruiters à l’époque leur chanteur growler irremplaçable, pour traverser un désert sans fin jonché de Ep’s et d’albums plus ou moins stoner et rock qui depuis «Sonic Orb », n’ont guère étaient appréciés de la scène métallique, impitoyable, traditionaliste et souvent sectaire, ne laissant que peu de place à l’évolution.
Vingt-cinq ans plus tard, le retour du fils prodigue au chant, celui de Lucas Von Slegtenhorst, bassiste d’origine, ont peut-être redonné au groupe l’envie de revenir aux sources, l’envie de reprendre où « Solar Lovers » s’était arrêté.
Et ça a fonctionné parce qu’en 2020, la sortie du très discret « The secret teachings » ramenait CELESTIAL SEASON à ses amours d’antan.
Pourtant la box set contenant les deux premiers albums et ce « The secret teachings » aurait du donner l’eau la bouche à tous les amateurs du genre.
Mais peut-être que seuls les fans die hard de ce groupe s’en sont vraiment souciés dans ce nouveau monde éphémère et égocentrique.
Un excellent retour de CELESTIAL SEASON qui reprenait son logo époque « Solar lovers » et qui d’ailleurs donnait une espèce de « volume II » à ce même album.
Et c’est certainement, à la suite de cela et de cette envie de renouer avec ses sensations de jeunesse que le groupe a écrit assez rapidement ce « Mysterium I ».
« Mysterium I » qui est le premier album d’une trilogie à venir, avec, selon le groupe lui-même, un concept aux approches musicales différentes.
En attendant, ce « Mysterium I » de quarante minutes va chercher toujours dans l’essence même de ce qui a fait que CELESTIAL SEASON était CELESTIAL SEASON , un death/doom neurasthénique, élégiaque qui puise autant ce qu’il a eu de meilleur dans « Solar lovers » que dans « Forever Scarlet Passion ».
Sept morceaux de doom/death où le violon accompagne les pérégrinations musicales des guitares et la froideur d’un chant si rude, qui fait la véritable force de CELESTIAL SEASON.
« Mysterium I » est empreint d’une brume qui n’était pas présente sur son prédécesseur, et c’est ce qui confirme un retour en arrière plus proche de « Forever scarlet passion ». Mais qu’importe si la mélodie n’est pas si accessible, les oreilles pop n’ont qu’à écouter de la pop.
Sur « Mysterium I » on voyage, encore et toujours, on meurt et on renaît. Les titres défilent , nous rendant encore un peu plus dépressifs. La quintessence d’un CELESTIAL SEASON se retrouve sur des morceaux tels que « This glorious summer » où tout se mélange, tant le lead guitare qui veut s’extirper de ce piège visqueux que les vocaux qui retiennent l’ensemble pour ne pas qu’il s’éveille trop à en vouloir de nouveau partir vers des cieux plus cléments.
On s’étonne de redécouvrir, ces ambiances très débuts 90 ‘s, celles-là même qui ont fait briller de noir les My Dying Bride et autres Anathema. Et CELESTIAL SEASON maîtrise son sujet à la perfection avec des titres tels que « Sundown transcends us » où la rugosité de la production vient donner le ton sur des riffs pourtant plus « chantants » dans la souffrance.
Le death/doom caverneux et si musical de CELESTIAL SEASON est un style à lui seul, cet album confirme le retour du groupe, même s’il est peut-être plus abrupte que « The secret teachings », qui lui, reprenait les ingrédients de « Solar lovers ».
La chose la plus négative qu’on pourrait reprocher à cet album, c’est l’économie faite sur la qualité du digipack lui-même qui laisse à désirer, aussi sur le fait que les paroles soient écrites en police pour les minipouces, et qu’en plus le choix de continuer de les mettre sous le plateau transparent, donne à l’album un petit côté mendiant.
Mis à part cela, CELESTIAL SEASON est là en 2022, et au beau milieu du grand n’importe quoi ça fait du bien de les écouter.
Arch Gros Barbare
29/05/2022