GROUPE: CELESTIAL SEASON
TITRE ALBUM: Mysterium III
LABEL: Roadburn records
DATE DE SORTIE: 2024
C’est marrant parce que lorsque « Forever scarlet passion » est sorti chez Adipocere en 1993, l’album a été apprécié par les amateurs, parce que CELESTIAL SEASON était en plein dans l’effervescence du death/doom, du doom...Et puis Holy Records aidait bien à dénicher ce genre de groupes tout autant qu’ Adipocere, si ce n’est plus pour ce qui est du doom.
Mais c’est resté confiné chez les amateurs de l’underground, puis est sorti « Solar lovers » deux ans plus tard chez Displeased et là ça a été la consécration doom underground pour cet album avec des titres inoubliables et la reprise toute aussi légendaire de Vienna d’Ultravox. Puis les conflits internes ont fait que Stefan Ruiters est parti du groupe qui lui a invité Cyril Crutz à prendre le micro sur « Sonic orb », pour le garder quelques temps sur les albums suivants jusqu’à « Lunchboxes dialogues », tandis que le style de CELESTIAL SEASON s’éloignait de son origine pour emprunter quelque chose de nettement plus stoner ; sur « Sonic orb » (qui n’était pas si mal que ça avec le recul) notamment, et pour finalement s’essayer à du rock planant avec « Orange », « Chrome » qui ressemblent à du sous Pyogenesis époque pop rock, entraînant la perte de pas mal de leur fans au passage. « Lunchboxes dialogues » n’a pas sauvé le groupe car les amateurs de metal sont conservateurs et aiment les traditions, tandis que les autres qui ne connaissent pas ce monde ne se sont pas aventurés à écouter plus que ça CELESTIAL SEASON qui aurait pu faire carrière dans le rock avec ces trois albums, tout de même bien proches d’une scène à la Radiohead et leur indécrottable « Creep ».
Ceci aura eu raison du groupe, puisqu’il aura fallu attendre 20 ans que le groupe revienne à ses premières amours, en allant rechercher certains membres d’origine tels que Lucas Van Slegtenhorst et surtout Stefan Ruiters au chant. Grâce à cette alchimie, nous avons eu droit à un magique « The Secret Teachings », presque aussi beau que « Solar lovers ». Puis à la trilogie des Mysterium I, II et III, qui ont autant de forces que de faiblesses, mais qui, pour les deux premiers, sont encore dans la veine du grand CELESTIAL SEASON.
Et c’est certainement ce troisième volet de la trilogie qui de nouveau va fissurer les racines des néeerlandais.
Pourtant la pochette aux belles couleurs proches d’un Tiamat « Wildhoney » ne pouvait que nous donner envie. Ensuite le premier titre « Fecund universe » terriblement efficace dans sa mélancolie death/doom où les violons vous rappellent la beauté de « Solar lovers » et les deux premiers « Mysterium », ne pouvait que vous plonger dans l’abîme.
C’est après que l’affaire se corse, avec « Black goat of the woods » parce que CELESTIAL SEASON repart dans ses travers à vouloir repartir sur du stoner, peut-être toujours doom à la Cathedral, mais cela ne leur a jamais réussi. Du coup, quelques pas en arrière se profilent rapidement , et pour tenter d’éponger la fuite « Empty corridor » revient à la charge en plaçant du riff lent et lourd, mais la voix de Ruiters semble fatiguée et trafiquée, on se demande en fait pour quelle raison le delay est aussi caverneux, alors que le titre tient bien la route avec une batterie solide et régulière où la double vient se confronter à la noirceur des riffs et du clavier.
Alors peut-être pas aussi mélancolique que ses prédécesseurs, hormis « Black goat of the woods » qui fait office de fouteur de merde, les morceaux de ce troisième volets sont malgré tout somptueux. « Daughter of the lake » est d’une beauté sans égale, les guitares se noient dans une mélancolie automnale, les harmonies sont si belles et les violons si tristes que l’ensemble vous fait oublier tout le reste et ce qui vous entoure. CELESTIAL SEASON fait du grand CELESTIAL SEASON à ce moment là et s’il ne devait y avoir que ce titre, rien que celui-ci donne à l’album une valeur inestimable. A côté de cela, « Nepenthe » passe comme une lettre à la poste, et « We never stray » aussi, et bien que doom, il ne suscite pas l’exaltation comme certains titres bof de « Forever scarlet passion » ou même de « Solar lovers ». Pourtant l’ambiance est là, mais c’est peut-être l’inspiration qui est moins pertinente et c’est sans doute à ce moment là, sur « We never stray » (qui va chercher chez Type o negative de l’époque « October rust » dans les guitares mais en bien en dessous) que CELESTIAL SEASON divisera.
Pourtant le titre en lui-même est bon, même très bon. Plus que « The last tray » qui est glauque et complexe , trop complexe, à y puiser les ambiances des groupes dit doom/sludge/drone d’aujourd’hui, loin des repères d’antan.
Heureusement que le violon vient sauver le tout pour rappeler que CELESTIAL SEASON reste CELESTIAL SEASON et que son violon qu’on a adoré sur « Forever scarlet passion » avec « For eternity », demeure éternel.
Voici donc un album étrange que ce dernier volet avec quelques chansons extraordinaires, et d’autres beaucoup plus dispensables, qui montrent peut-être un essoufflement sur cette trilogie qui se voulait pourtant alléchante.
Cependant l’album est digne, il mérite le respect par son visuel, par sa noirceur, parce que même si « Chained phoenix » dénote par son étrangeté , elle aussi est un petit joyau à part dans la carrière de ce groupe si fabuleux. Et cet album qui vient clore la trilogie a malgré tout sa place avec les autres, sans avoir à rougir. Découvrez-le.
Arch Gros Barbare
22/09/2025