Groupe : DAGON
Titre : Aeonthology 1990-1992
Label : Great Dane records
Année : 2025
Replonger dans le passé et y récupérer les meilleurs souvenirs, les plus anodins et parfois même ceux que l’on avait oublié... Heureusement qu’il existe des labels comme Metal Exhumator et Great Dane records pour le plaisir des quarantenaires et des cinquantenaires (oui, ce ne sont pas des boomers, relis ta frise du temps) qui repêchent des groupes oubliés ayant sorti quelques petites démos au tout début des années 90’s , certes qui aujourd’hui n’attireront pas tout le monde, mais qui font le plaisir de ceux qui ont de la mémoire et qui regrettent certains vestiges d’antan et ils sont nombreux.
C’est le cas de DAGON, groupe originaire du Nord, (d’où l’exhumation réalisée par Great Dane Records) qui n’avait sorti que deux démos et trois titres présents sur un split de chez Reincarnate (label qui avait sorti Supuration « Still in the sphere » et « The cube ») avec bien évidemment les grindeux de Putrid Offal, Krhomadeath, Sepulchral (déjà zombifiés par Great Dane Records) , et Nocturnal Fears pour ceux qui se souviennent de la démo « Fight ».
Et comme beaucoup de leurs compatriotes, après : le néant. Fin, parce que la vie.
Nous voilà donc des milliers d’années plus tard, il ne reste que François et Guillaume du line-up d’origine, et c’est avec engouement que DAGON emporte trois nouveaux membres dans son sillon pour tout d’abord par passion et certainement ensuite par envie, effectuer d’une manière appropriée cette résurrection.
Et quelle résurrection, car certainement annonciateur de quelque chose qui suivra, nous sommes face à une discographie complète nommée « Aeonthology », qui regroupe tous les enregistrements qui ont été réalisés entre 1990 et 1992, à savoir donc les titres de la deuxième démo « Bound to mutation », sortie en 1991, ceux du split « Per Obscurius », sorti en 1992 et enfin ceux de la première démo « Four paths to lunacy ».
Vieux logo de Christophe Spajzdel de l’époque, pochette de « Bound to mutation » (« The haunting at waverley falls ») tout est là pour sentir bon un death metal teinté de thrash ancré dans une période et le dépoussiérer dans ce nouveau millénaire à la mémoire défaillante.
Mais ce n’est pas tout, parce que pour réellement se replonger en immersion et écouter toute l’histoire de DAGON, et apprendre ce qu’ils ont à vous dire, une remasterisation s’imposait pour écouter ces titres produits par Bruno Objoie et Stéphane Buriez qu’on ne présente pas.
Alors voilà, voilà le death/thrash d’un groupe qui n’a pas perduré, mais qui jouait un death thrash proche du premier album de Loudblast, du premier album de No Return ou encore des premiers Agressor, cette ambiance bien française d’un death metal qui cherche sa propre voie, sans pomper qui que ce soit. C’est speed (« It (that is not to be named ») et ça cherche la percussion immédiatement, avec cette envie d’être violent et agressif en conservant une dynamique qui n’est jamais brutale ou massive, typiquement de l’époque.
Sur les cinq premiers titres issus de la demo « Bound to mutation », on retrouve tout de même cette influence d’Agressor, notamment avec le titre « Dagon », et cette flamme incandescente sur les solos, tandis que les deux titres du split sortis un an plus tard, sont déjà nettement plus matures.
On sent que DAGON maîtrise mieux ses atmosphères, avec du riff plus fouillé, (plus de technique et de changements de mouvements), qui vient mieux se caler dans la scène death metal de l’époque à se rapprocher parfois de Mercyless dans sa pesanteur (sans parler du lead solo) , où l’on sent l’envie d’être nettement plus morbide et moins agressif, à en perdre ses traces de thrash.
Enfin lorsque ce voyage dans le passé commencera à prendre fin, vous plongerez entièrement vers ce que l’on avait à écouter bien souvent à l’époque : des démos, certes, mais en fait des « rehearsal », des enregistrements en répète, et la plupart des tape traders le savent, ça valait de l’or.
Et c’est ce que sont les quatre derniers titres issus de leur première démo « Four paths to lunacy », des morceaux de répète, totalement authentiques sur l’enregistrement d’où le son extrêmement roots, parce que naguère on savait se faire plaisir avec pas grand-chose . Ces titres ont la valeur de leurs années, et c’est avec nostalgie et respect que l’on écoute avec plaisir la rythmique de guerrier de « Relieve my pain » ou la terrible « Fear and hatred » qui nous rappelle sans faillir ce pourquoi on aimait sans condition aucune ces groupes underground qui nous faisaient frémir de plaisir et headbanguer comme des forcenés. Surtout que les titres de cette démo, sont excessivement thrash/death avec une inspiration très américaine, voire floridienne.
Un bel hommage pour ce groupe underground qui permet de ne pas laisser mourir cet héritage. Cette anthologie est la bienvenue, et elle donne envie de s’y plonger souvent.
Arch Gros Barbare
03/09/2025