Groupe : DEATH WHORE
Titre : Blood Washes Everything Away
Label : Crypt of Dr Gore
Année : 2025
Réunion inattendue de musiciens connus, DEATH WHORE ne s’est pas tourné les pouces et a fait les choses bien. Après deux ep et quelques « singles », voici donc le premier album.
La tente est plantée et les piquets dans le dos des fragiles en position fœtale font mal, mais elle n’est pas sur un camping quatre étoiles, au contraire les compères ont voulu s’éloigner un peu de ce qu’ils ont l’habitude de faire puisque à des années lumière de Mortuary , Phazm ou encore Wheelfall, DEATH WHORE campe sur des positions qui aiment puiser un peu partout dans les champs en friche, ceci leur permettant de semer le trouble au gré du vent.
Entre death metal qui suinte les vieux automatismes des années 90’s, et espèce de crust déchiré de sludge, ce premier album dont le nom est beaucoup trop long à lire, est un petit bijou de crasse et de graisse poisseuse.
Cette crasse est tout d’abord mise en avant par la voix de Fabien parce qu’il capte à merveille l’essence de la souillure ignoble entre un Van Drunen sauvage et un Pete Helmkamp furieux. Les vocalises de clochard sorti de C.H.U.D ou de Street Trash offrent à ce premier album la pouillerie qu’il lui fallait pour qu’on s’intéresse à son contenu malfaisant.
En effet, on y retrouve beaucoup d’éléments de vieux death, immédiatement sur « Inhaling the dead » où les amours d’un Asphyx peut-être non refoulé se devinent aisément, ceci imposant d’emblée la puissance et l’efficacité de DEATH WHORE.
A partir de là, ça s’enfile simplement, c’est furieux et entraînant ; et le fait que deux des membres soient des ex-Phazm, montre que le saupoudrage très « n’roll » présent sur des titres tels que « Noyé dans le sang » y est pour quelque chose.
Mais soyons clair, cet album possède une identité propre issue de la musiculture bio. Et loin des mangeurs de graines indécrottables (à confondre crottes de biques et bonbons noirs, dixit la comptine) , tout en ne se rapprochant pas non plus des bouffeurs de chair impitoyables, « Blood washes everything away » est d’une ouverture sans pareille en matière de liaison entre les mondes. Un véritable portail.
On se retrouve musicalement entre un death metal très roots, et du crust ultra sauvage mais toujours attirant, où la basse résonne comme la capitaine de soirée et où le graillon de la guitare vient foutre le saindoux au sol pour que tout le monde se vautre dessus comme un goret qui veut fuir l’abattoir.
Forcément des noms reviennent en tête Asphyx, Order From Chaos, Buzzoven….et pas mal d’autres, mais ça prouve que les mecs ont de l’inspiration et du talent à revendre.
Et c’est dans la puissance massive et écrasante que DEATH WHORE impose sa musique , avec « Vile display of repugnance » car on y retrouve autant d’atmosphères malsaines et pesantes que de rage d’une sauvagerie inouïe, tout comme sur « Infernal terror machine » qui va encore plus chercher le riff de vieux death d’origine et ses rythmiques brutales à la Morbid Angel.
C’est à ce moment précis, après ces quatre premiers titres que l’on sait que l’on a dans les oreilles un album extrême et réellement bien écrit.
Si vous pensiez que vous vous feriez percuter sans jamais comprendre ce qui arrive, vous réaliserez que DEATH WHORE a pensé à tout, parce qu’après cette première partie, vous pourrez reprendre le souffle sur « Chainsaw alley » qui met la basse véritablement à l’honneur sur fond d’atmosphère morbide , avant d’enchaîner sur « Worms wounds » qui prend ses airs de sale punko-deatho-crust anarchiste pour revenir à un death metal presque death/doom avec ce son produit par Gorgor et James Plotkin qui rappelle sincèrement les ambiances de Order From Chaos.
Ce titre « 12 Worm Wounds » est un véritable chef d’oeuvre, et ce premier album possède la rage d’antan, on est bringuebalé de parts et d’autres « None are forgotten », « Motorthroat’79 », en allant toujours plus fort, toujours plus loin avec « Savage aesthetic Revenge ». Simple, efficace, plein de haine.
Avec trop de nouveautés, trop de groupes, trop d’albums, on a tendance à vite se lasser et s’emmerder rapidement. DEATH WHORE rappelle quelques origines du death , en y insérant cet esprit punko crust, et ça fait mouche, puisque l’on revient à l’essentiel. Et pourtant au milieu de cette violence on discerne cette sincérité portée par ces musiciens, et c’est cette envie d’écrire de la bonne musique et non la recherche « sous les sunlights des tropiques où l’amour se raconte en musique » qui fait que cet album atterrira dans vos cdthèques avec le désir incontrôlé d’y revenir souvent.
Arch Gros Barbare
03/09/2025