FRAKASM - And So The Blood Was Shed -

GROUPE: FRAKASM

TITRE ALBUM: And so the blood was shed

LABEL: Great Dane Records

DATE DE SORTIE: 2023

« Century of decline » avait posé de bonnes bases pour FRAKASM, car ils avaient écrit un album de death metal établi entre deux mondes, deux générations, mais dans une brutalité constante.

Le nihilisme des nordistes n’a rien perdu de sa puissance, et sans doute qu’après un siècle déclin, il était naturel que ce fut ainsi que le sans coula.

Ce second album survient six ans plus tard, il a été ruminé, peaufiné, calculé pour que leur death metal prenne en profondeur et encore plus en mélodie brutale.

On reconnaît déjà leur style sur le premier titre « Unholy sacrificial eucharist » parce que FRAKASM aiment depuis leur premier album incorporer de la mélancolie dans l’harmonisation de leurs guitares pour offrir plus de tourments à leur musique death ; et c’est ce que le groupe nous invite à ressentir de nouveau dès le début de l’album où les vocaux de Butcher sont d’une variété extrêmement multiforme.

Ainsi parmi ces huit morceaux en à peine plus de quarante deux minutes, FRAKASM s’en donne à coeur joie dans la brutalité tout en plaçant avec goût quelques envolées mélodiques qui viennent prendre à contre pied ceux qui les écoutent.

C’est encore un album très bien produit par Sébastien Gossaert (Noord production studio) et Alexis Kevork Bassali, que nous découvrons, car on ne change pas une équipe qui gagne.

Ce nouvel album évolue aujourd’hui vers quelque chose de plus bipolaire, car on ressent constamment ce désir de proposer un death metal brutal à mi-parcours entre les souvenirs du millénaire précédent (comme du death à la Monstrosity) et l’envie de transition qui engourdissait le monde il y a un peu plus de vingt ans alors qu’on traversait l’histoire pour commencer à s’ensevelir vers notre propre extinction.

On sent la brutalité constante («Fire in the sky »), mais on ressent aussi cette envie de laisser les guitares , notamment, le lead partir vers une exploration mélodique qui flirte avec la musique classique spleenante « Sulfur revenge », offrant un tout très 80’s sans l’être pour autant.

Et ces contours de musique « classico-mélancolique » reviennent régulièrement dans certains passages, c’est le cas sur « Dilaceratio corporis » ou encore sur « The dark the fall and the oblivion » qui restent très stellaires dans leurs riffs et finalement très proches de ce que voulait représenter Headsplit Design dans cette pochette sublime. La fin d’une chose et le début d’une autre…


FRAKASM propose ici un album complet. Complet en inspiration et brutalité, complet en mélodie et efficacité, et riche en ouverture car bien souvent on se retrouve presque dans un univers death/black.

Mais ce qui touche de manière anecdotique, sans jamais passer inaperçu toutefois, c’est cette influence discrète mais omniprésente qui se retrouve sur un passage de « Dilaceratio corporis » dans son lead, ou encore sur les rythmiques de « The last breath of life », puis de nouveau sur « Lunar blood obsession ».

On parle sans doute de longues écoutes des albums du maître des maîtres Chuck Schuldiner et Death, parce qu’en plusieurs endroits, FRAKASM y incorpore quelques riffs qui rendent totalement hommage au grand génie du death metal qu’était messire Chuck Schuldiner, et cela s’entend très bien.

Avec ce nouvel album FRAKASM n’a pas peur d’assumer ses origines musicales ni d’explorer le monde d’aujourd’hui arme à la main, en détruisant tout ce qui n’est pas bon pour sa survie. Plus travaillé que son prédécesseur, « And so the blood was shed » confirme les positions de FRAKASM et fait avancer la machine de guerre vers les lignes ennemies.

Tout en regardant derrière lui, ce groupe sait construire une musique solide puissante qui allie brutalité et mélodie. Comme ils viennent de Dunkerque nous savons tous que le Nord a ses raisons que la raison ignore, alors laissez le sang couler et appréciez la nouvelle ignominie de FRAKASM, c’est une tuerie...

29/11/2023

Arch Gros Barbare