GROUPE: GOATROACH
TITRE ALBUM: Satanic Decay
LABEL: Sleeping Church Records
DATE DE SORTIE: 2023
Un an, cet album a un an, et on ne peut pas passer à côté ce serait blasphème.
Vu qu’un an s’est écoulé également entre « Plagueborn » leur premier album et celui-ci, on a l’impression d’une régularité, mais point du tout.
D’abord parce qu’il y a un gouffre aussi grand que celui de Helm entre leur premier album et celui-ci. Les finlandais qui pratiquaient plutôt un sludge/doom plein de mélasse crasseuse sur « Plagueborn » ont l’air d’avoir définitivement abandonné cette fange pour baigner corps et âme dans quelque chose de réellement plus ténébreux, certes malgré tout assez poisseux, mais nettement plus proche d’un death/doom empirique avec une atmosphère à l’ancienne qui vous plongera immédiatement dans l’horreur.
Et l’horreur GOATROACH semble en connaître un rayon en vous le faisant découvrir dans le noir sur ce « Satanic decay » de trente sept minutes.
Si ces enfants de Satan sont finlandais, leurs sonorités sur cet album vont tout de même trancher vers le suédois, autant que vers le finlandais légendaire. Les guitares « graillonnent » par leur lourdeur et leur épaisseur, et GOATROACH s’est senti à l’aise pour faire évoluer sa musique vers quelque chose de plus sombre, mais aussi de plus violent.
Alors c’est vrai que sur le premier album, ce petit côté death/doom était présent, mais ici il prend le dessus.
D’une part parce que l’artwork est plus incisif que sur le précédent qui avait ce petit côté Sleep, tandis que là GOATROACH assume immédiatement sa volonté de faire mal et de ne pas prendre de gants.
Et ensuite parce que musicalement, ça tape dans le dur immédiatement. « Of paperhats & copied sigils » suivi de « Cunting in hell » annoncent une différence flagrante avec le premier album. Ici GOATROACH veut jouer dans la cour des deathsters, et même si le premier titre flirte encore un peu avec leurs envies doomesques, les accélérations sont death metal old school, et si vous n’en étiez pas sûrs, la crasse caverneuse de « Cunting in hell » vous amènera sur les terres ancestrales de groupes comme Entombed, Grave des deux premiers albums avec aussi, sans être aussi technique et enjoué, un grain de folie à la Mordicus en plus lent.
Et c’est sur ce tableau que jouent fièrement GOATROACH car ils restent dans un death metal bas du front, qui n’accélère que lorsque cela est nécessaire, pour la plupart du temps, rester dans ce théâtralisme qu’ils avaient sur le premier album et ça s’entend aisément sur « Unified in ash » qui est terriblement horrifique, ainsi que « For legacy » qui s’impose avec son atmosphère lugubre où les guitares prennent toute la place.
C’est sans doute ce titre qui garde les stigmates de leur doom/death grâce à une basse qui ne veut pas lâcher ses racines.
Si vous aimez les diableries comme Atavisma ou Fossa Comuna pour rester français, ou encore Hooded Menace en plus underground pour rester finlandais, il est impensable que ce deuxième album de GOATROACH ne vous fasse pas les yeux doux.
Ça zouke sévère dans l’arrière boutique et GOATROACH a réussi à écrire un album frais, autant qu’il peut l’être, aéré aussi massif qu’il soit, et apporter à son death/doom quelque chose de singulier et particulier. Lorsque vous arrivez à « Horror unending », vous découvrirez le vrai talent de créateur de GOATROACH parce que ce morceau est doom/death d’une manière très malsaine, et conjugue autant les ambiances malsaines glauques et superbement doom, au côté plus old school et rempli de mort d’un death metal guerrier et éclectique. Ça s’aggrave sur le titre « Satanic decay » qui vous rappelle très bien que GOATROACH est malgré tout à l’origine un groupe de doom sludge. Atmophère, lenteur, pesanteur sont au programme sur ce morceau, et votre amour pour le groupe sera à son comble. Morceau terrifiant d’efficacité.
C’était tout de même sans compter sur « Intoxicated by necromancy » le plus éthéré de touts les titres de l’album et le plus long surtout, mais en tous les cas, un morceau qui prend le temps de se mettre en place, dans une lenteur maléfique où le death se fait doom et le doom se fait death dans un moment de complémentarité incroyable. GOATROACH installe un décor de mort, et vous met huit minutes pour être certain que vous ayez compris de quoi ils parlent.
Si le premier album était très bon, celui-ci est excellent.
Arch Gros Barbare
22/09/2025