GROUPE: HYSTERIA
TITRE ALBUM: Heretic, Sadistic, and Sexual Ecstasy...
LABEL: Adipocere Records
DATE DE SORTIE: 2024
Alors le voilà, ce nouvel album de HYSTERIA.
Cela fait vingt-huit ans que les lyonnais d’ HYSTERIA répandent leur névrose incontrôlée à travers la France.
A chaque sortie un label quasi différent, mais surtout une musique différente, même si le fil d’Ariane demeure le death metal. Et cette ligne de conduite, cette loyauté envers ce courant de musique extrême, n’aura jamais subi l’érosion du temps.
Pourtant le chemin a été long et sinueux depuis « Abyssal plains of chaos », et hormis Adrien Desmonceaux qui a remplacé Thibault Fontaine à la basse, le groupe et ses colosses n’ont jamais bougé d’emplacement , ce qui certainement est l’explication d’une longévité véritable.
La musique, le death metal de HYSTERIA aura suivi tout de même les inspirations décennales, et l’état d’esprit des années dans lesquelles leurs productions sont sorties.
Quand « Abyssal plains of chaos » , proposait un death metal teinté de death/mélodique, brut et scandinave façon milieu des 90’s, avec cette atmosphère death/doom par endroits, au contraire « Haunted by words of gods » sorti quatre ans plus tard, proposait une tonalité autrement plus brutale et primaire dans sa musique de mort.
Et les années passées ont eu raison de la brutalité massive du groupe, puisque les albums qui suivirent, « When believer’s preach their Hangman’s dogma » et « Flesh, humiliation and irreligious deviance », ont tous les deux l’âme d’albums violents, mais qui dans leur similarité profitent de la noirceur plus que de la brutalité, afin de faire évoluer la musique d’HYSTERIA vers un death metal violent mais plus profond, avec de la mélodie de nouveau présente, même dans la torture la plus insoutenable.
Et ce combo de deux albums, amorçait dans une musique toujours très underground de la part d’HYSTERIA, une modification, un changement, qui même s’il n’était pas radical, était suffisamment essentiel pour être souligné. Le minicd « From the abyss...to the flesh » de 2019 revenait alors avec la maturité de l’âge et le son qui va avec, à ses premières amours présentes sur « Abyssal plains of chaos ».
Et si ce nouvel album montre les signes d’une tradition qui s’est installée durant quinze ans avec des titres pertinents et des illustrations signées Seth Siron Anton, la musique de HYSTERIA est aujourd’hui de nouveau surprenante et à l’aise avec elle-même.
Neuf titres , trois quarts d’heure d’un black/death aux mélodies affirmées et aux ténèbres contrôlées, voici ce que propose ce nouvel album, car HYSTERIA donne libre cours aux atmosphères mélancoliques plus qu’ils ne l’ont fait auparavant.
On l’entend immédiatement sur la noblesse de « In perdition », cet instrumental qui fait office d’introduction. Mais « Vortex of confusion », en impose littéralement, parce que HYSTERIA s’est métamorphosé, comme ACOD a réussi à le faire sur ses deux derniers albums. Il y a une espèce de maîtrise du riff mélancolique, presque black/death/doom avec la puissance des plus grands groupes finlandais.
HYSTERIA arrive avec le premier titre, à sortir de son ombre et prend une envergure plus internationale, car rien qu’à en écouter le solo, n’importe quelle porte de conservateur verrouillée tombera.
Les titres alternent entre violence black/death mélodique et death/doom avec un son très finlandais (Insomnium/Swallow the sun) mais aussi atmosphères très envoûtantes, n’hésitant jamais à aérer avec des samples ou en tous les cas des passages au profil cinématographique.
Et plus on pénètre dans l’album, plus de côté black/death/doom mélodique est de plus en plus présent. HYSTERIA a cherché vraiment à poser des ambiances sur la plupart de ses morceaux, c’est le cas sur « My carnal desire » , parce que enseveli par une épopée introductive lourde comme un mastodonte, le titre en lui-même possède cette espèce de rage qui n’a jamais quitté le groupe. On le constatera aussi sur « My demonic quest ».
HYSTERIA obtient une véritable noblesse avec ce nouvel album, et si les atmosphères sont nombreuses, c’est aussi parce que certains titres sont longs, avec plus de sept minutes, et c’est ce qui les sauve , parce que le groupe joue vraiment bien avec nos émotions et jamais on ne se rend compte du temps qui passe.
L’amorce du dernier tiers souffre légèrement de la similarité de certaines chansons, mais heureusement que « Thelema » possède une fois de plus un solo magnifique qui relance la machine. Une machine qui vous entraîne vers les étoiles avec « Armageddon must come » imposant un retour dans les 90’s où l’on se délectait d’albums de Samael, du second Alastis, Tiamat ou encore Septic Flesh, la puissance de production actuelle en plus.
Ici HYSTERIA place un titre magnifique qui brille de sa superbe au point de surpasser les autres morceaux déjà bien inspirés.
Et c’est lorsque l’on se dit que le meilleur titre est passé que « Blasphematical scriptures » vous assène le coup de grâce.
HYSTERIA signe ici, son plus bel album, sa meilleure production au niveau du son, de l’inspiration, parce que ce groupe ne s’est jamais donné aucune limite, il est en capacité de se renouveler, et c’est ce qu’il a fait.
Voici le meilleur album d’HYSTERIA et s’il ne devait en rester qu’un, ne le ratez pas c’est celui-ci, il ne souffre d’aucune faiblesse.
Arch Gros Barbare
01/02/2024