GROUPE: IMPUREZA
TITRE ALBUM: Alcàzares
LABEL: Season of mist
DATE DE SORTIE: 2025
IMPUREZA ou l’ascenseur émotionnel.
Pour qui connaît ce groupe orléanais sans égal et pour qui soutient celui-ci depuis 2004/2005, vous conviendrez amplement que l’annonce de la sortie puis la découverte des morceaux de l’album petit à petit ,ont participé à foutre le bordel dans nos petits coeurs de princesses licornes.
D’abord rappelons que ce groupe ne souffre d’aucune concurrence, d’aucune comparaison tant en studio que sur scène, pour mettre à terre tous les auditeurs par sa personnalité musicale affirmée et tellement singulière et unique. Et c’est pour cette raison qu’après les démos de 2005, le premier chef d’oeuvre « La iglesia del odio » en 2010 et son successeur sept ans plus tard « La caïda de Tonatiuh », (sans oublier ce petit ep « La leyenda negra/El nuevo reigno de los ahorcados »), que chaque nouvelle production du groupe est attendue comme le sauveur de notre temps et l’attente est tout le temps trop longue.
Pour autant oui, ce troisième album a été un ascenseur émotionnel extraordinaire.
En haut.
L’annonce de sa sortie en faisait s’uriner plus d’un sur les « chaussures coquées » et là c’était exquis comme d’habitude.
En bas, puis en haut.
Puis la présentation de l’artwork. Alors ça a tranché la moitié de la troupe. Entre « ouiiii trop bien encore du Bodin et c’est trop beau » et les « Bordel c’est quoi ce bleu, où sont nos flammes orange et notre vert qui déboîte ». Là IMPUREZA a créé la surprise par cette nouvelle œuvre de Johann Bodin qui brille par son ciel « Assoule » auquel il faut bien s’accoutumer pour accepter la différence, et par les temps qui courent, accepter la différence c’est important.
En haut.
Enfin est arrivé le premier titre à découvrir, érection pour ceux qui peuvent encore, cyprine sous les semelles pour celles qui ne font pas de rétention.
D’abord l’eau à la bouche avec ce teaser de « Pestilencia » histoire de bien faire monter la pression, puis le second qui gonflait (un peu quand même) parce qu’on n’avait pas que ça à foutre d’attendre et enfin « Pestilencia » était là. Le St Graal tant attendu depuis sept ans, et premier titre révélé.
Une salle, trente ambiances, la chaleur ibérique, les guitares acoustiques, une musicalité espagnole de haut vol, du très grand IMPUREZA avec un clip bubonique qui sentait la mort, et un enregistrement avec des vues phénoménales, mettant en avant le talent théâtral de Esteban Martin, frontman de fou qui l’a déjà montré sur scène tellement de fois (notamment à la Seisach à Sauveterre, dans notre Guyenne légendaire). Cette chanson avait déjà conquis les aficionados depuis longtemps.
Donc premier titre révélé qui se positionne en numéro quatre sur l’album et qui montre un IMPUREZA fidèle à lui-même, à ses racines, à sa violence, à son death metal et à ses origines. Un morceau d’anthologie simplement incroyable dans ces riffs de folklore, son chant death et clair, et un visuel à en perdre les chicots.
En bas, en haut, selon comment l’on se positionne.
Après est arrivé la quête de Boabdil , excellent quête pour obtenir des objets rares, un coffret inestimable qui verra malheureusement le fossé se creuser entre les enculés de pauvres et les salauds de riches, mais ainsi va la vie et la loi de l’offre et de la demande aura toujours raison de votre compte bancaire. Mais chacun avec sa bourse pourra s’y retrouver, suffit de revoir ses priorités.
En bas.
Une fois les bonnes surprises arrivées, fût venu le temps du questionnement avec le deuxième titre révélé « La orden del yelmo negro » qui fait montre d’une audace sans faille où IMPUREZA va plus loin dans son folklore en y mettant plus de mélodie et surtout plus de chant clair qui vient rendre la pareille au chant guttural, mais en y ajoutant nettement plus de mélodies sirupeuses dans les lignes vocales qui dans un premier temps rebutent quelque peu, car l’on ne s’y attend pas et on se retrouve à penser que c’est trop et que l’on va sombrer dans le gnan gnan.
Pourtant c’est tellement bien fait.
En haut.
Teaser « Verdiales & bajo las tizonas de Toledo ». Là encore pour continuer de découvrir cet album divin, nous avons eu un teaser de l’intro de l’album et du troisième titre révélé « Bajo las tizonas de Toledo ».
Pour enfin pouvoir écouter en entier cette introduction et ce titre percutant, pertinent, incroyablement puissant qui reprend les codes historiques et traditionnels de IMPUREZA où les influences espagnoles se marient à merveille à la brutalité d’un morceau violent où le death metal saigne de mille feux, tandis que le groupe s’aventure à jouer quelques riffs plus mélodiques dans une brutalité pourtant bien épaisse.
Et à ce moment que l’on sait que ce nouvel album va plus loin, plus haut plus fort, et que l’attente valait son pesant de pesetas.
IMPUREZA écrit ici une chanson typiquement bien violente qui ne s’arrête jamais et dans laquelle pourtant les aérations sont nombreuses et tellement bien orchestrées que ce morceau en devient de manière totalement naturelle , un morceau phare de l’album qui est celui qui vous permet d’entrer dans l’album par l’arène (à ne pas confondre avec la reine)
En haut
Teaser de « Reconquistar Al-Andalus ». Pour mieux aborder l’été, c’est ce nouveau teaser qui a catapulté le quatrième titre découvert. Et ce morceau tout aussi savoureux que son prédécesseur vient entériner définitivement la puissance, la brutalité, et la violence mélodique de IMPUREZA. On se fait exploser la rondelle avec ce nouveau titre car le groupe montre qu’il est exceptionnel et que personne n’arrive à écrire du death metal comme il le fait où la brutalité est tellement fluide car fusionnée avec le folklore espagnol que cela en est facile d’ingurgitation.
Les vocaux clairs y vont bon train, les pauses libératrices poseuses d’atmosphères prog sont légion et l’on tombe dans la trappe en toutes occasions.
A partir de là, l’album sort, sur les plateformes, mais surtout en format physique où enfin l’on peut savourer le cd et le vinyle de manière réelle et véritable. C’est à ce moment que l’on se rend compte du trésor.
Réécoute des titres découverts qui sont déjà nombreux, et de la basse sur « Reconquistar Al-Andalus » qui plus précise. Exploration en détail , car l’on s’aperçoit mieux des sonorités proches de Cynic.
En haut ou en bas, plus rien à foutre.
Et pendant qu’IMPUREZA inonde le monde de son nouvel album de toutes ses photos promos aussi belles que nobles, et que pleuvent bon nombre de chroniques (en espérant que certains un an plus tard écoutent toujours l’album vu qu’ils ont l’air de l’avoir apprécié), celui-ci fait son petit bonhomme de chemin dans les oreilles des amateurs et plus il se fait écouter, plus il se fait apprécier.
Durant ce temps le groupe part en concert autant qu’il le peut pour défendre ses nouvelles couleurs, tandis que les autres continuent de découvrir l’intégralité de l’album alors que sort le teaser puis le titre « Covadonga » sur le web, dont on n’en a plus rien à branler car l’album est sorti et que tous ceux qui aiment le groupe, depuis peu ou depuis longtemps et qui le soutiennent vraiment, ont déjà commandé et reçu leur édition limitée, ou le cd ou le vinyle ou tout en même temps, vu que comme dirait l’autre « si en 2025 t’as pas acheté l’album de IMPUREZA en physique, t’as raté ta vie », il est tellement mieux d’écouter l’intégralité de ce nouveau chef d’oeuvre au calme et seul, comme tout plaisir solitaire.
Avec l’écoute répétée de ce troisième album « Alcàzares » , IMPUREZA prouve, bien qu’il n’en avait jamais eu besoin, qu’il est un groupe à part, débordant de talent avec une écriture unique qui mèle un death metal brutal et violent au folklore espagnol grâce à des incursions dans la musique traditionnelle espagnole, mais aussi flamenco, et grâce à des passages ultra typés , que ce soit en guitare classique ou en riff de la mort ibérique qui tue.
L’album s’avale comme d’habitude d’une seule traite, mais il est plus fluide que son prédécesseur qui lui était plus rugueux que le premier. C’est en grande partie dû aux vocaux clairs et aux envolées de ces lignes vocales plus nombreuses sur ce nouvel album. Mais ce n’est pas tout, l’opposition entre cette brutalité toujours omniprésente et parfois plus violente qu’avant, et cette envie d’être plus mélodique comme on peut l’entendre sur « Bajo las tizonas de Toledo » ou encore « La orden del yelmo negro », montre que IMPUREZA n’est pas resté confiné dans son univers, il s’ouvre à plus d’inspiration et domine son sujet à la perfection.
Les titres sortis tels que « Covadonga » ou « Reconquistar Al-Andalus » mettent encore plus en avant cette basse irréprochable et aussi pertinente que celle de Gorod. Mais peut-être que trop de découvertes nuisent à la bonne surprise de savoir ce qu’il y a vraiment dans un album. Car au final la divine instrumentale acoustique et traditionnelle « Muralias » ravira n’importe quel fan du groupe ou de musique espagnole, mais l’effet de souffle de l’album est peut-être un peu gâché par ce trop plein de morceaux offerts au public au lieu de conserver secret un minimum de choses.
Le tout tout de suite de l’humanité 2.0 a tendance à gâcher le plaisir.
Et heureusement qu’à ce jour les dernier titres de l’album qui se tassent au fond de celui-ci n’ont pas été révélés, car ils ont su conserver leur magie noire, en plus d’être nettement plus sombres.
« Castigos eclesiasticos » entre en matière avec une intro crescendo, et du haut de ses six minutes , vient pourfendre les têtes de gobelins que vous êtes avec un titre vraiment brutal, vraiment death metal qui remet les idées en place, car IMPUREZA use moins de ses atours trop affriolants , pour devenir plus technique plus syncopé avec en son milieu de l’influence folk juste ténébreuse à souhait. Le chant est incroyable et tout aussi noir qu’il soit clair ou guttural.
« El ejercito de los fallecidos de Alarcos » est du même acabit, authentique, primaire, brutal et sauvage, c’est à cela que l’on sait qu’IMPUREZA a conservé sa rage et qu’il est un grand groupe phénoménal.
Alors que « Ruina del Alcazar » pose d’une manière soft et savoureuse ce besoin de souffler après deux titres intenses, la mélancolie poétique de l’Espagne en elle-même sans l’ombre d’IMPUREZA (en fait) , vient se manifester sur une guitare acoustique qui ne va pas chercher la caricature, et une basse si onctueusement posée qu’on est transporté dans des endroits où jamais aucun groupe ne nous avait amené.
IMPUREZA écrit ici encore un chef d’oeuvre incontestable où l’exotisme musical sert de décor et vous enlève la monotonie de votre vie. Pourtant le retour à la réalité est sévère, parce que le groupe vous a réservé pour la toute fin le titre le plus brutal, le plus intense, le plus violent de l’album, à savoir : « Santa Inquisicion ». Et il montre une chose : si tout le monde les attend dans leur univers espagnol, à parfois demander toujours plus à ce niveau et en oublier que c’est un groupe de death metal avant tout, il est heureux de constater que les titres qui n’ont pas été dévoilés pour ne pas trop choquer ceux qui n’ont aucune accoutumance à cette musique, sont tous encore plus savoureux puissant et mortels que ceux qui ont été dévoilés, ce qui fait de cet album un album parfait dans sa présentation et dans sa construction.
IMPUREZA est grand, IMPUREZA est roi. Et plus rien ne les arrêtera.
Arch Gros Barbare
22/09/2025