Groupe : IN HELL
Titre : Lex Divina Terrores
Label : Mystyk Prod
Année : 2022
Sorti il y a tout juste un an, ce deuxième album des nordistes de IN HELL ( tandis que l’enfer se trouve habituellement plus au sud... légèrement.) , fait une véritable différence avec leurs deux premières productions « Hostis ecclesiae » (2017) et « Satanica Mundi (2019), et un fossé s’est creusé car il y aura l’avant « Lex,Divina, Terrores », et l’après.
Déjà parce que le temps en isolement leur a été bénéfique en maturité, en puissance et en efficacité pour aller directement au but sans chercher à être violent pour l’être.
Et ensuite , parce que le blackened death metal de IN HELL aujourd’hui se veut immédiatement plus percutant, car après l’intro, dès les quatre premières secondes du premier titre « Liturgy of charlatan’s sabbat », on est pris le pied dans le piège à loup, et à moins de se couper la cheville à la scie (et c’est quelque chose qui s’est déjà « vu »), on n’arrive pas à s’en décoller jusqu’à la quarante troisième minute, parce qu’il est temps d’aller bosser, déféquer, ou tout ce que vous voulez comme verbe qui vient du premier groupe.
IN HELL a mis du coeur, et véritablement toute son âme dans cet album, qui est plus noir, plus profond que le précédent, avec des riffs qui parlent, des riffs qui résonnent autant dans la brutalité que dans les ténèbres. On sent immédiatement que l’écriture a été peaufiinée, que les idées post-covid ont mûri sereinement dans la tête de ses progéniteurs, et que la production a pris elle aussi du relief. Un relief qui arrive à faire monter ce nouvel album de plusieurs crans, déjà au dessus de la simple prod underground et du « un groupe de plus ». Et ensuite, parce que sincèrement ce nouvel album fait oublier ce que IN HELL a fait avant, et si l’esprit Behemoth qu’on leur prête la plupart du temps sur les morceaux (sans doute à raison), reste par endroits relativement présent ; ce sont plus des racines nationales et internationales que IN HELL a su manger sous terre.
En effet la Pologne, dans sa scène Black/death et Death metal se retrouve concentrée sur ces neuf titres, tout en se gardant bien de ne pas s’enfermer dans une poche hermétique, parce que IN HELL est français, ne l’oublions pas, mais maintenant avec une envergure internationale dans ses compositions.
Les incursions mésopotamiennes de « Vatican : Cunt from babylonian », nous rapprochent bien évidemment de l’exotisme d’un Melechesh époque « Emissaries », façon Lilloise, et le rendu est surprenant.
Dans le même état d’esprit, « Ishtar and boneless » s’invite dans la danse en s'approchant d’une qualité similaire à celle de The Crescent avec « Carving the fires of Akhet ».
Et c’est là que l’on constate que cet album est autrement mieux construit, écrit et composé que « Satanica Mundi ».
IN HELL arrive à s’échapper d’une musique extrême classique et chiante, le groupe a réussi à donner avec cet album un véritable attrait musical, ne serait-ce que sur le son des guitares de Fab et Olivier sur la plupart des morceaux, mais aussi sur des passages très notables tels que « Hunter become the hunted », qui donnent au morceau une mélodie de mort en plein milieu de ce champ de bataille infernal.
Et c’est comme ça sur tout l’album , tandis qu’en son milieu, à partir de « A deviant apostasy » (titre où s’est fait inviter le très apprécié Fabrice Loez de Supuration), la donne commence à changer, le blackened death devient plus black metal que death metal, mais avec la contemporanéité écrasante et sans fioriture de groupes tels que Svart Crown dans son album « Profane » pour en extraire la toute-puissance, mêlé avec intelligence à la conservation d’un lead ultra présent à en balancer presque du solo par dessus tout ; un peu comme si Svart Crown rencontrait Otargos époque Xeno Kaos/Apex Terror, mais en sauce à peine plus death metal.
On le remarque indubitablement sur la terrible « Theologia for Baphomet », qui est un hymne total à ce Dieu où les guitares hennissent comme savaient le faire les anciens à envoûter tout le monde et même les défunts. Et ça enchaîne de la même manière avec « Hunter become hunted »(le combo est magistral), et ainsi de suite jusqu’à l’ultime fin.
Avec « Lex Divina Terrores », IN HELL crée la surprise, se démarque des autres et de lui-même, cet album s’écoute sans fin et en boucle.
Arch Gros Barbare
30/01/2023