NO RETURN -Requiem-

Groupe : NO RETURN

Titre : Requiem

Label : Mighty Music

Année : 2022

Les changements de line-up de Alain Clément et les NO RETURN, sans compter les changements de style , n’ont pas vraiment bénéficié à conserver toute la fan base d’avant garde, et la bienveillance légendaires des amateurs de metal extrême n’étant plus à confirmer, forcément certains ont perdu de vue le groupe après « Psychological Torment » et le mythique « Contamination Rises », réponse française à l’époque du « Testimony of the ancients » de Pestilence (sorti un an avant), eut égard à leur death metal et au son su Morrisound.

Certains nostalgiques ne parlent que des premiers albums depuis trente ans, tandis que d’autres n’ont connu que les derniers sans chercher à connaître véritablement la discographie. On pourra sauter certains albums pour aller plus vite, mais ce ne sera pas sans rappeler que NO RETURN a quand même eu avant le retour de M Steeve Zuul Petit (ZUUL FX et actuellement ENMITY) sur ce nouvel album, la présence de ce monsieur sur les très bons « Self Mutilation » et « Machinery ». Mais aussi celle de M Moréno Grosso sur « No return » et le terrible « Manipulated Mind », qui a signé définitivement le virage vers un Death/Thrash mélodique loin des origines du groupe, mais malgré tout percutant, poursuivant avec « Inner Madness » où L. Chuck D (Ghusa, Carnal Lust) y est allé de sa cantonade également.

Et enfin pour faire le tour, « Fearless Walk to rise », et « The curse within » ont accueilli Mickael Rignanese pendant quelques années.

Alors oui, instabilité légendaire, évolution déroutante, mais depuis «Manipulated Mind » NO RETURN n’a cessé de peaufiner son death/thrash mélodique à l’ancienne mais typiquement français, pour en sortir quelque chose de puissant, loin de la soupe actuelle de certains suédois et ce « Requiem » qui change là aussi tous les codes couleurs de NO RETURN, est vraiment bien foutu.

A l’instar de  Patrick Mameli et les Pestilence ou de Dave Mustaine et les Megadeth, il ne reste donc plus que M Clément , du line-up d’origine, toujours plus fort, toujours debout, et très grand guitariste par le talent.

On sent que NO RETURN a reculé d’un cran du Thrash/Death mélodique pour revenir à quelque chose de plus rentre dedans, toujours mélodique mais plus agressif.

Et chose littéralement appréciable, c’est cette envolée de lead guitare sur « Affliction » à partir de 2’35 où le riff psychotique à la Schuldiner vient s’éclater sur une effusion de mélodie, exactement comme Pestilence l’avait fait sur « Twisted Truth », et là on sent que NO RETURN a balancé ses tripes sur ce nouvel album et que l’attente et l’écart qu’il y a eu avec « The curse within » a été productive au possible.

Oui, NO RETURN revient plus Thrash/Death brut avec « Killing Machines », rappelant peut-être au bon souvenir de l’album « Psychological Torment » et des « Tragic Giving » ou « Nighlty agression » en y conservant son aspect relativement mélodique de ces dernières années ; et la mixture est succulente. Encore une fois, très rapidement de plus, on sent que NO RETURN s’est totalement impliqué dans la pertinence de ces morceaux, et que ce n’était pas écrire un album pour sortir un album, mais écrire un album pour y mettre son âme.

Ensuite comme une enfilade de brochette créole, les morceaux s’enchaînent avec leur lot de bonnes saveurs successives ; la violence de « No apologies » ramène la musique du groupe par endroits à un death metal speed, et les vocaux de M Petit... sont grands. Tandis qu’a contrario avec « Nobody cares about you », le groupe va se plonger littéralement dans le Death/Thrash mélodique plus traditionnel, voulant glisser parfois vers une profondeur de musique classique.

Et comme s’il fallait vraiment renouer avec la violence, « Unscarred » est là pour vous le rappeler sérieusement, avec aussi une harmonisation de la mort au niveau des guitares et du solo qui montre une énième fois que ça se fait totalement plaisir et qu’il n’y a aucune limite dans la folie des notes. Ce qui se confirme immédiatement sur « Survival instinct » : mélange des deux mondes.

La fin de l’album se termine dans des ténèbres aussi sombres que l’artwork signé Steeve Petit et Atelier Primitive, un peu core peut-être, et c’est le solo qui vient sauver le morceau, parce que là-dessus, jamais NO RETURN ne perdra de sa splendeur. Puis « The black wolfs kingdom » qui espérons le n’est pas une ouverture sur une suite à donner, car le groupe flirte avec des ambiances une musique plus rock, presque à la Manson par moments, même s’il garde sa hargne sur la plupart de la chanson.

Ce nouvel album de NO RETURN est un pont entre sa naissance, son passé et son présent. Il est sombre et efficace. Les solos du groupe sont encore une fois mis en avant et font montre d’un talent d’interprète indéniable. Les compositions se rassemblent sur les trois quarts de l’album et ce recul à la mélodie pure au profit de la violence sauvage est une bonne chose.
« Requiem » n’est pas la fin car nour le savons tous : La mort n’est que le commencement et NO RETURN est le groupe de l’éternel recommencement.


Arch Gros Barbare

08/02/2023