SATURNUS - The Storm Within -

GROUPE: SATURNUS

TITRE ALBUM: The Storm Within

LABEL: Prophecy Productions

DATE DE SORTIE: 2023

Prendre le fouet et se châtier, tout ceci parce que le Ep « The lighthouse Session » survenant après dix ans de silence, avait annoncé un tournant différent dans une délicatesse sans fin et une subtilité poétique, mais aussi parce que la version de « The calling » est si différente de celle de l’album. Et celle de l’album étant si proche d’Insomnium , c’est la peur et la panique qui ont fait douter de l’éternelle beauté de la musique de ce groupe intemporel, extraordinaire, à la carrière exemplaire et sans fausse note.

Mais une fois la faute avouée, on s’aperçoit que « The lighthouse session » n’était qu’un répit sur un récif salvateur perdu dans cet océan de torpeur, et SATURNUS est et restera un des meilleurs groupes de doom au monde, et si les danois arrivent toujours à toucher notre âme c’est parce qu’ils ont toujours pris le temps d’écrire avec leur coeur, peu importe qui était aux instruments car l’entité est restée chaque fois intacte.

Depuis 1993, ce groupe n’a eu de cesse d’écrire des chefs d’oeuvre qui transcendent les époques, de « Paradise belongs to you » jusqu’à « Saturn in ascension » en passant par « Veronika decides to die », le temps a passé, les albums ont été lus, écoutés, aimés et vénérés ; et chaque année qui passait permettait à toute cette discographie de se millésimer. Jusqu’à ce qu’arrive la mise en bouche d’un retour inespéré, avec leur Ep en 2022 pour éclaircir le ciel  comme un phare dans la nuit , car SATURNUS brillait encore de toute sa splendeur , seul au milieu de nulle part. Il faudra encore patienter jusqu’à cette année pour que le groupe nous emmène au beau milieu de leur tempête, afin de se noyer dans leur vague à l’âme .

Comment ne pas succomber à cette parfaite production, accompagnée de la voix gutturale sans pareille de Thomas Akim Grønbæk Jensen qui gronde à chaque mot comme le tonnerre envahit l’espace ?

Le tout sur un premier titre cosmique où même sa voix discrète fait dresser le poil et donne la chair de poule.

Une heure SATURNUS vous offre, pour changer votre vie de nouveau et la rendre si voluptueuse le temps d’un nouvel album.

« The Storm Within » définit le temps tandis que « Chasing Ghosts » le fige et l’on peut voir cette mer envahir nos âmes jusqu’à nous submerger de mélancolie alors que chaque goutte tombe une à une au rythme du ralentissement de nos coeurs jusqu’à ce que l’on se noie, incapable de surmonter tant d’émotions.

Et après ces deux titres phénoménaux, SATURNUS reprend un pouls qui bat plus rapidement avec la version plus rock de « The calling » qui rappelle les derniers albums de Insomnium, et qui, sans être extraordinaire se laisse plus facilement oublier tant sa mélodie est sirupeuse. Pourtant , la seconde partie du titre plus racée retrouve aisément sa place dans le firmament avec une basse et un riff accompagné de la gutturalité légendaire de leur vocaliste qui en fait oublier la mièvrerie du début de morceau.

L’art d’écrire de belles chansons est bien plus difficile que celui d’écrire des chansons techniques ou complexes, et dans ce premier SATURNUS excelle à tout jamais, c’est sans doute pour cela que chaque album est difficile à trouver s’il n’est pas acheté dès sa sortie, parce que les groupes de doom, de death/doom tels que SATURNUS n’existent que dans nos souvenirs et dans nos vies antérieures avant les années 2000 où tout à basculé.

De nouveau avec « Even tide » présent sur le Ep, c’est avec nostalgie que l’on accueille cette ambiance si magnifiquement triste. Ce piano si planant, ces voix doublées tellement éthérées, SATURNUS agrippe vos pensées et les faits virevolter dans sa tempête pour qu’elles lâchent leur émotions afin de terminer de remplir ce qui ne sera jamais plein.

A ce moment précis, rien n’est plus beau, rien ne compte plus que ce que l’on entend , cette voix feutrée qui vient appuyer celles aux chants de sirène, « Even tide » est ce calme...avant la tempête, et SATURNUS le sait.

C’était une évidence « Closing the circle » permet d’apercevoir une lueur au loin, un rayon de soleil qui jaillit des cieux pour montrer la voie à suivre. Alors sans boussole on navigue à l’aveugle et l’on suit cette chanson qui progresse petit à petit en apportant ses guitares, sa basse et sa batterie dans une mélodie death/doom suffisamment présente pour que revienne au beau milieu d’ambiances pink floydiennes, la voix du maître.

De minutes en minutes, le marin perdu que vous êtes en prend plein sa spiritualité à se sentir submergé par la beauté inégalable de leur musique.

Et c’est sur ce rythme de croisière que s’enchaîne « Breath new life » qui peut être s’inspire avec quelques lenteurs, de certaines ambiances de « Draconian times » que tout le monde connaît. Mais SATURNUS sait rappeler à ses fans qu’ils ont leur monde, leur univers et que même s’ils s’écartent parfois quelque peu de leur cap, ils arrivent toujours à la destination calculée.

Et comme s’il fallait qu’elle se termine ainsi cette longue traversée d’une heure nous ramène sur le rivage avec un piano encore et toujours impeccablement inspiré, des guitares mélodiques très singulières, et cette voix, mon Dieu, cette voix...

SATURNUS est revenu, profitez, aimez, écoutez, savourez, leurs albums sont si rares, et c’est sans doute pour cela qu’ils sont si précieux.

Arch Gros Barbare

26/09/2023