Groupe : SLAVEONE
Titre : Disclosed Dioptric Principles/Cold Obscurantis Light
Label : Autoproduction
Année : 2022
Ressortir un album , le remixer le remasteriser est souvent chose difficile, d’une part parce que les musiciens sont exigeants, et d’autre part, parce que les auditeurs sont critiques mais surtout exigeants, même s’ils ne sont pas musiciens, ce qui les rend encore plus exigeants... parce que.
Et pourtant SLAVEONE l’a fait. « Disclosed Dioptric Principles » sorti en 2016 chez Dolorem Records, avait déjà concquis les plus téméraires et les plus aventureux. En effet ce premier album montrait déjà l’avancée très atypique de ce groupe de troubadours du death metal, démontrant que SLAVEONE était un groupe vraiment à part dans l’hexagone avec une personnalité plus que singulière, vu qu’ils sont les seuls à proposer ce genre de death metal dissonnant et stellaire, ici chez les gaulois réfractaires à la conquête pastafariste.
Pourtant si « Cold Obscurantis Light » deux ans avant, posait les pierres d’un édifice complexe et monolithique comme pouvait le conter Zarathoustra ; ce premier album était un ovni sur la scène. De plus avec le temps et l’évolution de SLAVEONE, en se replongeant dessus avec intérêt, on s’aperçoit que les années ont été bénéfiques sur cet album, et que ce nouveau mixage et mastering réalisé par JC Guillard/Underware studio lui offrent les portes du royaume de l’avant-garde française.
Il est clair que le son est plus cristallin , et que l’album prend de la profondeur et un relief qui lui permet de présenter des titres nettement plus pertinents. L’introduction de « Deus Otiosus » s’installe beaucoup plus facilement, le chant guttural prend une dimension râpeuse qu’il n’avait pas aussi prononcé à l’époque et les mélodies sur ce titre, mêlées aux samples , non seulement accentuent l’exotisme cosmique du morceau, mais aussi lui offrent un côté presque prog, qu’on n’avait pas forcément remarqué au bon moment.
Il est certain que ce nettoyage de décennie, permet de jouer à l’archéologue qui redécouvre l’existence de ce qu’il connaissait déjà. Les morceaux sont dépoussiérés et s’enchainent d’une manière fluide, d’autant plus qu’en 2016, SLAVEONE n’était pas encore trop déshumanisé, et jouait un death metal technique certes, disloqué résolument, mais indubitablement violent par endroits et mélodique sur d’autres.
C’est le cas avec « The Antikythera Mechanism » que l’on redécouvre d’une manière profane, où les passages plus clairs sont limpides et tout simplement exquis, mettant en avant ce côté mystique présent sur l’album.
La même chose se constate sur la terrible « For Shiva Whispered The Universe » où les guitares laissent leurs effluves avec célérité et où une fois de plus l’atmosphère créée et sans doute voulue au départ, se propage finalement comme elle aurait du l’être il y a six/sept ans, sans compter une fois encore sur cette folie passagère et tellement étourdissante.
Rappelez-vous « Aeon Dissonance » et son début de morceau, qui aujourd’hui monte d’un cran, l’amenant quasi au niveau cosmique d’un « Earthborn evolution ».
Mais comme un bonheur n’arrive jamais seul, il y a un bonus.
Oui, SLAVEONE offre à tous ceux qui n’ont jamais eu accès au Ep « Cold Obscurantis Light », les six titres de celui-ci également remixés et remasterisés. Là également les racines des Omegaliens sont mises en avant avec les premières versions de « For Shiva Whispered The Universe », mais aussi celle de la terrible « Uroboric » que le groupe nous avait déjà rejoué sur le EP « An Abstract And Metaphysical Approach To Deceit », mais ici en format primaire, en dimension purement death metal et sauvage.
Quant à l’artwork signé 81DB et la non moins célèbre IA, il est d’une beauté juste phénoménale.
Avec ce digipack, SLAVEONE réécrit les couleurs de son histoire, et le fait avec brio.
Le seul petit bémol (s’il n’y en avait pas, ce ne serait pas dissonant), c’est qu’un digipack trois pans avec les titres eut été plus plaisant, mais ne l’oublions pas, les auditeurs sont exigeants.
Arch Gros Barbare
31/01/2023