Groupe : TEMPLE OF WORMS
Titre : Liber De Morbis
Label : Great dane Records
Année : 2022
Premier album, après plusieurs sorties dans l’ombre, bien qu’issus d’une scène variée et contemporaine, les lyonnais ont encore du chemin à faire pour montrer leur véritable personnalité au vu de leur jeunesse fougueuse.
Pour autant « Liber de Morbis » , bien qu’il donnait dès le début, l’impression de se fondre dans la masse en restant de plus coincé dans cette nasse, n’est finalement pas le genre d’album que l’on croirait découvrir.
En effet, le chant de Crowdead (Angel’s sperm) est particulier, il faut un certain temps d’acclimatation.
Au fur et à mesure, on se laisse séduire par cette rugosité majoritairement monocorde, et on commence à s’enfiler son guttural avec plus de plaisir, même si ça accroche aux parois.
Du coup, le premier morceau n’est pas vraiment représentatif du potentiel de TEMPLE OF WORMS, parce que ça ne met pas en valeur l’écriture du groupe, mais plus la production de l’album.
Et si l’on s’arrête au premier titre « Progeria », on aura une vision totalement faussée de l’album, sans avoir l’envie d’aller plus loin.
La production est vraie, authentique dégueulasse, loin des sunlights des tropiques actuels, loin de la Ibiza party night qu’on retrouve partout aujourd’hui. C’est clair que TEMPLE OF WORMS, choisit de donner à son album une vision plutôt sale dans sa production, et c’est tout à son honneur, parce que ça colle parfaitement bien à son identité, quelque chose de bouffé par les vers…en mode demo.
Ecrire de la musique, c’est aussi, savoir trouver la couleur qu’on veut lui donner, et dans le death metal, ce n’est pas celle qui doit passer le mieux à la télé. On a déjà écouté bien pire dans le black metal ou le death sud-américain.
Donc une fois passé « Progeria » (c’est peut-être ici le contraste avec cette jeunesse aux envies de vieux), on découvre des titres qui tiennent plus que bien la route. « Mycobacterium Leprae » prend des airs un peu plus death/black, avec un retour de flamme assez sombre ; c’est d’ailleurs immédiatement un changement de position quant à l’intérêt que l’on porte à la capacité de composition du groupe.
« Septis », est on ne peut plus death old chool suédois, dans la veine des démos de Grave et apporte une atmosphère déjà nettement plus crade, plus purulente. C’est ici que TEMPLE OF WORMS, gagne ses lettres de bourgeoisie (nous ne sommes pas encore à la noblesse).
L’album est court, 31 minutes, de quoi ne pas vous faire une overdose, pourtant il y a neuf titres.
Il explore un petit peu tout en matière de death metal primaire, avec même un léger côté roots, qui frôle le death/gore grind sur « Schizophrenia », tant sur le jeté de vomi vocal que sur les riffs graisseux en deuxième partie de morceau.
C’est intéressant de s’apercevoir que TEMPLE OF WORMS, au niveau du son de ses guitares , s’approche plus des sonorités des groupes grind, thrashcore punk, des années 80’s à partir de ce morceau.
Car c’est clair que l’on replonge dans les ambiances d’un « Evolved as one » de Napalm Death, comme d’un « Mean » de Filthy Christians avec malgré tout la puissance d’aujourd’hui.Mais ça reste du death metal.
Un death metal qui ne cherche pas absolument à être brutal, mais plutôt sombre et crasseux. Ils ralentissent le rythme pour mieux poser une véritable ambiance sur « Yersinia pestis »
Et ici aussi, ce titre tient haut et fort les couleurs de TEMPLE OF WORMS en matière d’atmosphère, en y incluant même les petites tourmentes guitaristiques qui sont dans l’air du temps, mais ça ne dénature pas l’essence du morceau qui vous confirmera l’efficacité que peut avoir TEMPLE OF WORMS.
Et jusqu’à la toute fin de l’album, TEMPLE OF WORMS confirme qu’il sait écrire du death metal noir et efficace, parce que « Syphilitic », c’est encore du riff à la death suédoise durant l’âge d’or indétrônable.
TEMPLE OF WORMS signe ici un album de death metal qui n’a l’air de rien au départ, mais qui montre ses qualités au fur et à mesure des écoutes. Si les vers peuvent dégoûter, ce sont les fossoyeurs de la terre, ne l’oublions pas.
Arch Gros Barbare
17/07/2022