YORTSED -Time For Anger-

Groupe : YORTSED

Titre : Time For Anger

Label : Metal Exhumator

Année : 2022

Dites la vérité, vous ne le connaissiez pas ce groupe n’est-ce pas ? A moins d’être de là-bas à l’époque, du côté de Sète, ou alors à moins d’avoir bien passé le cap de la cinquantaine bien tassée, c’est plutôt improbable d’avoir connu YORTSED.

C’est juste un truc de dingue, sortir ce « Time for Anger » ravive pas mal de souvenirs d’une époque bénie. Déjà ça montre l’engouement dans ces années là de la part des groupes français à écrire les noms de groupes à l’envers. YORTSED, c’est l’époque des Nomed, celle des Cardiac Cease, celle du « Psychological Torment » de No Return ou encore des Asshole. Un autre monde, une autre scène.

Ce groupe a vraisemblablement raté le train, et pourtant il avait des tonnes de bagages à emmener, c’est dommage.

Du coup, on le découvre aujourd’hui bien des années plus tard, quand tout est sorti, quand tout a été fait, mais en toute honnêté, pour celui qui s’intéresse vraiment à la musique, même découvrir « Time For Anger » maintenant, permet de voir ô combien ce groupe avait du potentiel.

Voici donc un dix titres qui contient six morceaux enregistrés en 1992 période où devait voir le jour cet album, et quatre titres bonus, deux titres jamais réalisés et deux chansons issues de leur démo à savoir « Yortsed » et « You must die ».

Hommage jusque boutiste, car on y retrouve des photos d’époque 1991 et 1993 réalisées par Franck Arnaud lui-même, figure emblématique de la musique extrême avec Decibels Storm magazine évidemment, mais aussi tous les concerts que l’asso a réalisé ; il y aurait de quoi en faire un livre.

Cet album, appelons le comme ça est un hommage total pour découvrir la musique de YORTSED. Une musique Thrash en grande majorité et si le groupe était reluqué à ce moment là par pas mal de monde c’est sans doute parce que leur thrash avait cette facette techno thrash qu’on donnait à Coroner.

Les deux premiers titres sont concentrés entre le thrash des Suisses (et ça s’entend sur le lead et le solo, surtout sur « I wanna cry ») des « RIP » et le côté plus agressif de No Return sur « Psychological Torment ». D’autant plus que la tessiture de Eric « Ripoux » Babonnaud, arrivait à poser des variations très dinstinctes dans son chant, similaires à celles de Philippe Ordon justement.

Et peut-être que c’est l’époque qui voulait ça, mais entre Coroner et No return, YORTSED arrive aussi dans ses morceaux à prendre du Defiance « Void Terra Firma » par le côté étrange et syncopé de sa musique, et encore une fois parce que la voix de Eric avait une tessiture dans l’air du temps comme Steeve Esquivel pouvait l’avoir aussi.

Beaucoup passeront à côté , mais quand vous aurez découvert « I wanna cry », vous réaliserez la capacité vocale du chanteur , et aussi les aptitudes de thrasheurs techniques de Fred Schwatch et Bruno « Nono » Ribard, parce que YORTSED montre qu’il aurait pu avec ces morceaux être un des meilleurs groupes de thrash français, si ce n’est le meilleur. En écoutant tous les groupes de l’époque, pour être franc, une musicalité pareille, il n’y en a pas vraiment eu. Ces mecs savaient non seulement jouer, mais surtout composer.

Chaque titre est brûlant. Bien sûr qu’il faut remettre les choses dans leur contexte, là on est en 1992 et quand on écoute la virtuosité des guitares sur « Introduction ! » oui, on n’est vraiment pas loin de Coroner, et ce genre de thrash est simplement unique. Bien des années plus tard, les seuls ayant réussi à s’en approcher sont Voight Kampff.

Alors puisque l’on remet les choses dans leur contexte, la production aussi est d’époque, n’allez pas chercher vos sons à la « faites du bruiiiiit », non, c’est fin, c’est roots, jusque dans les backing de « Train to kill », c’est un peu comme si vous vouliez écouter du rock ou rythm & blues, du Fats Domino, quand vous le savourez c’est avec le son d’époque, eh bien ici aussi.

Et quand on écoute attentivement, on entend très bien les mots sussurés par la voix féminine sur « You must die », il suffit de vraiment écouter pour apprécier.

Les quatre titres bonus, sont pour les die hard, le son diffère bien évidemment c’est à l’ancienne mais là aussi on se rend compte des montées de manches ultra rapides et techniques de YORTSED, et si ça avait vu le jour au bon moment, on ne serait pas là à en parler au passé.
Edition très intéressante à découvrir, parce que ce groupe en aurait détroné certains.


Arch Gros Barbare

17/02/2023