
27 février 2021
Groupe : CONVICTION
Titre : Conviction
Label : Argonauta Records
Année : 2021
De la conviction, c’est ce qu’il ressort de cet album éponyme, de ce premier album de ces français, ces vieux de la vieille, qui se sont réunis depuis quelque temps maintenant, pour écrire ce qui deviendra forcément un classique du doom hexagonal à l’instar des Nornes et des fabuleux Carcolh qui viennent également de sortir un album, leur second.
En effet, CONVICTION, c’est la réunion progressive (même si c’est sous l’impulsion d’Olivier Verron) depuis maintenant huit ans, de musiciens chevronnés que sont Olivier Verron (Temple of Baal, Bran Barr), Rachid « Teepee » Trabelsi (Corrosive Elements, Moonskin, Pervert Asshole), Vincent Buisson (Bran Barr, Mourning Dawn) et Frédéric Patte-Brasseur (Ataraxie, Funeralium, Stabwound). Et après quelques essais, l’album est enfin arrivé.
Un album d’abord sombre dans son visuel avec cet artwork réalisé par Kax (connue pour ses œuvres dans la scène plus indus/electro goth et qui a également réalisé la cover du tribute à Cathedral où figurait CONVICTION) où l’on peut pénétrer dans les méandres ténébreux de la musique de CONVICTION.
Voici donc un huit titres (étrangement, autant de titres que le nombre d’années d’existence du projet), où doom et death/doom (par endroits) très lent de la fin des 80’s, début des 90’s, se côtoient dans une espèce d’alchimie, toute l’histoire musicale éclectique de ses membres qui fusionnent quelque part au gré des chansons, avec l’onctuosité heavy/doom d’un Solitude Aeternus, époque « Through the darkest hour », la rugosité d’un Cathedral, époque « Forest of Equilibrium », et le côté épique d’un Candlemass, époque « Ancient Dreams ». Mais le fil conducteur de ce premier album, même s’il prouve qu’il sait être très groove avec « Curse the witch », demeure la torture de l’esprit.
On le devine aisément, passée l’introduction, car la pachydermique (et c’est un euphémisme) « Voices of the dead » met en exergue, d’abord la voix ici aussi épiquement heavy (qui pourra peut-être ne pas plaire à toutes les oreilles), et propose une mise en bouche claire et précise de ce que l’album peut avoir à offrir. Un doom lent, pesant, mais qui conserve sa mélodie sans que ce soit une mélodie sirupeuse.
Les titres sont longs, les titres sont lents ; « Through the window » et « Outworm » qui avoisinent les dix minutes, sont là pour montrer la force de persuasion de CONVICTION, avec un doom presque « funeral », puisant ses origines ici, dans une lenteur extrême mais solennellement froide autant que magistrale où la guitare, notamment sur « Through the window », étrangement, se veut plutôt chaleureuse dans sa thématique. Le premier est vraiment progressif et extrêmement hypnotique ; on y retrouve quelque part certaines ambiances similaires à ce que faisait Despond sur « Suprême funeral oration » il y a dix-sept ans.
L’album est donc ainsi pendant presque une heure, très ouvert sur l’ancienne recette doom, qui possède un panel qui flirte parfois avec un esprit presque death/doom, et d’autres fois sur des choses plus funeral, et enfin, sur la dernière facette, avec l’essence première du doom : le spleen sans fioriture. C’est ce que CONVICTION vous offre sur un plateau d’argent avec « Wrong life », la quintessence de cet esprit mélancolique, où l’on se rappelle ces ambiances sur le premier Celestial Season, cette oppression que l’on pouvait ressentir sur « Wisdom floats » de Decoryah ou bien cette envie d’abandon présente sur « Autumn funeral » de Yearning ; eh bien CONVICTION arrive à recréer ce monde qui pouvait être cher à grand nombre d’entre vous, avec un titre tel que « Wrong life ».
Ce qui prouve la richesse incontestable et indéniable de ce premier album, certainement préparé depuis longtemps.
Un peu comme si le groupe avait eu envie de montrer un savoir-faire qui ne se limite pas à un seul univers, car plus on avance dans l’album, plus les portes s’ouvrent, et plus le doom de CONVICTION change de forme, même si le fond reste constant. « Castles made of shame » revient aux fondamentaux, avec une rythmique plus brûlante, chaude de braise et un chant heavy/doom qui va chercher au fond de l’âme de son propriétaire pour accompagner cette mélodie qui finalement montre que la base de toute chose, c’est le heavy metal. Et ce morceau vous replonge littéralement dedans avec un groove d’anthologie.
Jusqu’au bout du voyage, CONVICTION vous offre ce moment d’égarement, cette échappatoire dont vous avez besoin depuis plus d’un an, cette introspection où vous pouvez jouir d’une liberté sans limite, sans frontière. C’est ce que « My sanctuary » vient faire avec ses plus de onze minutes, ses multiples voix et ses guitares ultra poussées à l’extrême doom où le lead guitare sur son solo vous tire en plein milieu des abîmes.
Un voyage certainement onirique, dans des contrées peu explorées en matière de doom hexagonal contemporain, voici donc le premier album de CONVICTION, et si la première écoute ne semble pas convaincre de prime abord, c’est sans nul doute que les suivantes deviennent envoûtantes et addictives pour qui est touché par la grâce du doom bien évidemment.
CONVICTION faite partie de la caste française actuelle de doom qui obligatoirement laissera des traces.
Arch Gros Barbare
26/02/2021