
20 avril 2023
Groupe : DREAM UPON TOMBS
Titre : Palaces of dust
Label : Sleeping church Records
Année : 2023
Commencer un album avec un a priori en ayant seulement écouté quelques bribes, est une mauvaise idée.
DREAM UPON TOMBS était présenté comme un groupe de black plus ou moins mélodique, avec une influence certaine de formations telles que Dissection, Vinterland, Unanimated ou encore Katatonia ; et les premières minutes de découverte durant quelques instants dérobés d’une vie trop courte pour être étalée, n’avaient absolument pas donné cette impression.
Les sources d’inspiration furent plutôt situées vers les ambiances post-black du moment. Cependant , il reste une chose immuable, toujours approfondir l’écoute, toujours être attentionné à la création artistique d’autrui, et qui plus est lorsqu’elle provient de si loin, en l’occurrence ici d’Australie. Parce que « Palaces of dust » vous parlera...
DREAM UPON TOMBS existe depuis la fin des années 90’s, mais n’avait jamais sorti qu’une démo pour s’enterrer dans le désert de leur île et n’en ressortir la tête comme une autruche que plus de 23 ans plus tard afin de composer un petit Ep et enfin arriver à l’aboutissement d’une vie, ce premier album « Palaces of dust ».
Ce premier album, fort de neuf morceaux est en fait surprenant.
Il est surprenant car de prime abord, on a effectivement cette sensation avec « The call » que l’on va passer un long moment (ici quarante deux minutes) de musique post-black où les mélodies seront sirupeuses et remplies de désespoir et de dépression, comme tellement d’autres. Mais en fait la musicalité du groupe est tout autre. Et en réalité DREAM UPON TOMBS possède une poésie qui dépasse les espérances. « The call » part de fait en ouverture post-black, mais on se rend compte rapidement de la portée différente de la musique de DREAM UPON TOMBS car si le côté black mélodico-dépressif est bien présent, c’est la confrontation avec un univers similaire à celui de Katatonia qui donne à cette entrée en matière immédiatement une distinction flagrante avec tout ce qui se fait dans ce registre. DREAM UPON TOMBS propose quelque chose de neuf dans une scène saturée et à l’agonie.
« The call » met vos sens en émoi, et une fois les émotions à fleur de peau on peut continuer l’écoute, parce que l’attention est bien là. Et alors que l’on pourrait s’attendre à une continuité d’ambiances trop douces, DREAM UPON TOMBS développe sa musique vers un black metal mélodique largement posé et noble. « Hollows eve » offre des bases plus épiques, plus proches en effet de l’univers de Vinterland. Et pour bien accentuer cette couleur de vieille photo du début de vingtième siècle, DREAM UPON TOMBS a choisi de faire appel au grand Dan Swanö qui réussit à donner aux chansons le son des albums qu’avaient Unanimated ou encore des groupes comme Ancient Wisdom avec « For snow covered the northland » en 1996, avec ces sonorités voilées et ternes.
Du coup l’album prend une tournure très respectable, et les titres brillent par leur côté épique et presque pagan. DREAM UPON TOMBS vous fait crisper la commissure des lèvres avec « Ghost of dawn » aux rythmiques proches du grand Hades de Norvège. Batterie de combat, atmosphères black/doom, DREAM UPON TOMBS respire aux pulsations des 90’s. On retrouve cette ambiance particulière qu’avaient les groupes de black/death mélo entre 1990 et 1995, et les australiens maîtrisent parfaitement cette période, en même temps ils ont eu plus de vingt ans pour préparer leur œuvre ultime.
C’est avec un artwork proche du « Weeping nights » de Elend que DREAM UPON TOMBS donne naissance à un album savoureux, goutu et subtil.
Cette subtilité se manifeste sur des moments tels que « Twilight, a silent farewell » et « The absent guests » où le clavier prend place et s’installe comme un linceul pour draper de blanc le monde irréel qu’à su façonner DREAM UPON TOMBS, un monde à son image, sans facette mais polymorphe.
Plus on avance dans l’album plus on l’apprécie, non pas pour sa rapidité qu’il n’a pas, ni sa violence qu’il n’impose pas, mais pour la force qu’il dégage de manière dissimulée, parce qu’on sent la puissance des riffs sur des morceaux tels que « On the shores of the brave » où la batterie joue un rôle prépondérant.
Titre phare de l’album déjà bien rempli, « Twins of evil » mène un combat sans merci avec des accélérations totalement bien construites, offrant un moment mémorable, une fois de plus dans ce côté épique comme si Atlantean Kodex avait noircit sa musique pour la faire pénétrer dans les ténèbres ; et la voix de Jack Shadows avec une tessiture forgée dans la tradition black d’une autre époque, donne à ce morceau quelque chose de divin.
Alors que rien ne semblait vouloir lui donner de chance, ce « Palaces of dust » se révèle être un album intense, presque occulte, mais surtout absolument exquis. Et redécouvrir ce genre d’atmosphères en 2023, des atmophères tournées vers un passé glorieux de l’histoire du melodic & doomy blackened death metal, nous replonge littéralement dans nos mémoires et donne envie de repartir d’où nous venons. Album résolument sublime.
Arch Gros Barbare
20/04//2023