
23 janvier 2024
GROUPE: ENDBROKEN
TITRE ALBUM: Defeat Of Common Sense
LABEL: Great Dane Records
DATE DE SORTIE: 2023
La fin du monde approche diront les alarmistes, les « complotistes » ou les fatalistes. Un gros majeur levé leur sera offert par leurs opposants, mais en tous les cas force est de constater que la civilisation est malade, les pansements qu’on lui met n’arrivent plus à endiguer cette destruction, cette misère et cette haine. Sans doute qu’on peut y voir la « défaite de tout sens commun », parce que l’individualisation devient la norme et que le chacun pour soi emmènera l’humanité là où elle doit aller…
C’est peut-être cette vision là que l’on peut apercevoir sur la pochette du premier album des français de ENDBROKEN. Un espoir de vie si faible et pourtant aguerri, devant un monde en désolation qui luttera jusqu’au bout pour survivre. Les couleurs sont ternes, et la nature est morte, pas comme celle du XVII siècle, car c’est plutôt une mort silencieuse que nous apporte ENDBROKEN avec ce premier album.
Le thrash mélodique de ENDBROKEN tantôt moderne, tantôt traditionaliste avec cette envie de traverser le jardin pour jouer dans celui du thrash/death groovy a pris de l’assurance depuis cinq ans car leur musique s’est transformée et l’arrivée de Mitch au chant (ex-Heksen, ex-Agorphos) a redonné de la rage à l’ensemble et l’envie de durcir le ton dans un groove aux mélodies présentes, tandis que son timbre de voix se comporte comme la baguette d’un chef d’orchestre.
ENDBROKEN signe donc son premier album, un album frais et dynamique pourvu qu’on lui rentre dedans autant qu’il vous rentre dedans. Neuf titres, quarante quatre minutes, une production Vamacara Studio ultra propre, trop propre diront les gens des souterrains sortis de C.H.U.D , mais le résultat est là.
Le groupe possède ce groove appuyé que pouvait avoir Machine Head sur son premier album « Burn my eyes », à côté de ça ENDBROKEN a envie de jouer sur plusieurs tableaux. C’est pour cela que passé « Hatefield », on arrive sur une démonstration de mélodie sûre d’elle (« Axes of evil ») , tant dans le lead que le solo, qui se mélange aux atmosphères déjà plus sombres d’un thrash/death du nouveau millénaire, loin des anciens codes, mais qui accroche littéralement.
Là, ENDBROKEN capte l’attention et à moins d’être réfractaire à tout, on ne peut que reconnaître que les compositions sont racées et ont une personnalité.
L’album a cette capacité d’aération naturelle qui permet aux vagues de se succéder, sans que l’on fasse vraiment attention à leur changement de couleur. Si le raz-de-marée t’arrives sur la tronche, tu ne chercheras pas à mesurer la hauteur de chaque vague.
Sur la plupart des titres ENDBROKEN à chaque tranchée agressive, n’oublie pas d’y mettre une grande bouffée d’air mélodique au niveau des guitares pour ne pas faire suffoquer ceux qui les écoutent et le rendu donne vraiment bien, à s’approcher de groupes tels que Destinity (des derniers albums) si l’on veut rester français. .
« Straight ahead » choppe aussi quelques syncopes à la Fear Factory (et là on sait qu’on reste dans le groove), tant guitares que batterie, quand juste après survient le titre « Into the grave » .
Encore une fois, ENDBROKEN montre que le groupe est multifacettes, avec une rythmique très death mélo rappelant sans l’ombre d’un doute celles des vikings d’Amon Amarth. Noirceur prononcée, ralentissement du tempo, vocaux ténébreux, ENDBROKEN compose ce titre comme celui qui fédèrera sur scène, car basique et facile d’accès, les têtes s’en rappelleront. Et la plèbe actuelle aime ça.
Pourtant ENDBROKEN excelle plus lorsqu’il préfère la difficulté, on peut lui préférer le titre éponyme « Defeat of the common sense » qui sauf action du hasard demeure le plus long de l’album avec ses presque huit minutes et le plus torturé ou encore « Shadows of death », là aussi plus violent parce que leur riffs thrash prennent de l’épaisseur.
Et des titres comme « Shadows of death », ENDBROKEN devrait en écrire beaucoup plus, parce que la rage et la sauvagerie prennent le dessus de la mélodie pour arracher les tripes.
Chose trépidante, les titres de fin d’album prennent pas mal d’agressivité dans leurs mélodies, à en arriver vers cette atmosphère thrash/death melo groovy, vraiment sauvage, on pense facilement aux atmosphères des derniers canadiens de Kataklysm par moments.
Voici donc un premier album, vraiment éclectique qui fait plaisir, il est frais, dynamique et tient bien la route.
Arch Gros Barbare
23/01/2024