FATAL - ENTREVUE 14 05 2025 -

Retour en force, le nouvel album de FATAL est une véritable bombe atomique. Intense, brutal et inspiré « Apocalypsis » devrait indubitablement faire le plaisir de pas mal d’oreilles.
Petite entrevue rapide avec Skull et l’équipe de FATAL pour présenter cette sortie et savoir comment se porte le groupe...

Salut , et merci pour ce moment partagé, alors ce qui me semble important de savoir aujourd’hui, c’est comment on arrive d’un thrash très old school de 1997/1998 à un death aussi brutal qu’« Apocalypsis » aujourd’hui ? Même s’il y a eu un break en 2010 jusqu’en 2019…

Que s’est il passé en 2019 pour que vous ayez envie de refaire quelque chose ?

Salut à tous, merci également pour votre intérêt et votre soutien !

Le changement d’orientation s’est fait naturellement avec l’arrivée du chant “death” en 2001, ainsi qu’avec les influences des différents musiciens qui ont joué dans FATAL. On ne s’est pas dit “ jouons tel style”, mais plutôt “ composons des morceaux qui déboîtent ! “

Suite à un concert de reformation qui se devait être l’ultime, et un désir de ré-enregistrer un EP avec une meilleure production, nous avons pris le chemin de nouvelles compositions, chose beaucoup plus excitante !

Sachant que Skull était dans le groupe depuis 2001, qu’est-ce qui a motivé John à réenregistrer les titres du split « Dual experience » ? Est-ce qu’il vous reste des cd’s du split justement pour ceux qui souhaiteraient écouter en physique ce que vous pouviez faire en 1999 ?

Oui il reste encore des CD’s de ce split aujourd’hui. John ne fut pas convaincu par la production d’époque et voulait refaire ça proprement, avec plus de temps, plus de moyens. Il convia d’ailleurs le Fred B. le premier chanteur à enregistrer de nouveau ses parties chant.

Il s’est fait son petit plaisir avec des compos entièrement écrites par lui et dont il a raison d’être fier.

Du coup qui est FATAL aujourd’hui ?

Il y a donc John et Damned aux guitares, Marco à la basse, Skull au chant et nous sommes en train d’auditionner des batteurs, car Dany qui a enregistré l’album ne peut assurer les concerts et les répétitions.

Damned et Marco ont déjà écumé les scènes avec Kaaballh (doom death).

Est-ce que « Barbarism » ne laissait pas percevoir ce que pourrait être ce troisième album ? Au niveau de la brutalité, dans le sens où ce que vous aviez écrit à l’époque, était devenu vraiment plus violent et totalement différent ?

Barbarism est effectivement assez brutal, mais laisse passer tout de même beaucoup de mélodie. Apocalypsis “ne débande pas” et se veut plus colérique et tranchant que purement violent, le tout laissant une part très importante à la mélodie, chose quasi nécessaire pour nous.

Au départ John voulait faire un album plus dans une veine “power”, un espèce d’engin de chantier qui dévore les routes, puissant et inarrêtable. C’était sans compter sur les compos bien sombres et malsaines de Damned, et le jeu complètement énervé de Dany à la batterie. Au final on se retrouve avec un album débordant d’énergie, parfois suintant la crasse, parfois la tête dans le guidon, parfois épique, et toujours abouti.

La musique de FATAL est assez particulière aujourd’hui entre deux mondes, peut-être trop brutale et plus assez old school pour certains, et peut-être beaucoup trop moderne et pas assez brutale pour d’autres. Il n’y a pas vraiment de codes, lorsque l’on écoute ce nouvel album de FATAL, on sent qu’il est riche de beaucoup d’influences, mais aussi de beaucoup de mondes différents et de générations assemblées entre elles. Vu qu’il y a eu tout de même 18 ans entre « Barbarism » et « Apocalypsis » qui se sont écoulés, à quelle période, vous avez réellement écrits ces nouveaux morceaux ? À partir de 2019 ou vous aviez déjà quelques idées qui s’étaient dessinées bien avant ?

Les 9 titres de cet album ont été composés en 2019/2020, John et Damned ont été très inspirés et prolifiques. Ils le sont toujours d’ailleurs. Puis ces compositions ont mûri pendant 3 années, laissant le temps aux textes et la rythmique chant de s’en approprier les émotions qu’ils dégagent.

Et ensuite, telle une œuvre que l’on débute par un dégrossi, nous avons minutieusement peaufiné les détails jusqu’au dévoilement final.

Nous n’avons pas cherché à faire du moderne ou du old school, nous avons simplement cherché à faire une œuvre qui nous élève.

Il y a pas mal d’invités sur cet album qui sont aussi beaucoup concentrés sur le titre « Fascination », c’était quoi le plan, faire un morceau qui explose , avec plein de potes, pour que chacun y mette une patte personnelle , et réaliser une espèce de bouquet final qui matérialise le retour en intensité du groupe ? Parce que s’il est en dernier, c’est sans doute voulu non ?

C’est exactement cela, le bouquet final, l’éjaculation suprême, la délicieuse cerise sur le gâteau… et l’immense plaisir d’avoir nos amis, excellant dans leur domaine, participant à cet ouvrage qui nous tient beaucoup à cœur. Ils ont d’ailleurs tous accepté très vite et n’ont eu le droit d’écouter seulement le riff sur lequel ils devaient se lâcher, ce qui a rendu la chose encore plus excitante pour eux comme pour nous.

Justement pour ces invités, c’était important pour vous de rendre hommage aux anciens du groupe comme Olivier et Alexis ?

Mais en fait quand on y regarde de plus près , un peu comme Auguste Comte disait que l’humanité se compose de plus de morts que de vivants, le line-up de FATAL est un bouillon de culture incroyable, en voyant tous ceux qui sont passés dans le groupe et qui ne sont pas restés ?

Oui c’est une sorte d’hommage, mais c’était surtout une évidence, Machine a beaucoup composé pour FATAL, et Alexis a partagé pas mal de scènes avec nous (il avait commencé à composer de superbes morceaux avant la fin du groupe en 2010) sans avoir enregistré avec FATAL.

Tous les musiciens qui ont joué dans FATAL ont marqué et laissé une empreinte, autant sur album, que sur scène. Toutes ces influences sont une richesse, musicale et humaine.

C’est intéressant cette volonté d’aller vers quelque chose de très brutal, tout en conservant sur pas mal de morceaux, une mélodie omniprésente baignée dans une brutalité constante. Alors oui, FATAL ne se cantonne pas à rester dans un registre unique musicalement, tandis qu’au niveau des paroles c’est vraiment violent, vraiment percutant, vraiment agressif et massif. Le tout français aujourd’hui chez vous, vous permet-il de mieux exprimer des idées que vous n’auriez pas autant développé en anglais ?Et quelque part on a tendance à être plus prolixe en français, qu’en anglais langue natale oblige, mais au vu de la richesse de mots, sur les paroles de ce nouvel album, est-ce que c’est pas trop difficile à retenir sur scène , parce qu’il y en a du verbe et du complément d’objet direct sur ce nouvel album ?

La langue française n’est pas vraiment adaptée au rock en général, peut être est ce seulement une question d’habitude. Dans tous les cas cette langue est vraiment très riche, et pour nous francophones plus facile à écrire et à lire.

Il faut en revanche trouver les associations de mots, les belles allitérations, la rythmique auditive, le tout en essayant de ne pas faire dans du cliché ou du “grotesque”. 

Les textes de FATAL ont toujours eu un sens, et une émotion particulière sur chaque morceau, les retenir sont donc chose simple, l’utilisation du français facilite encore plus cela. Sans compter le fait que je ne me lasse pas d’écouter cet album.

Et c’est quoi cette entrée en matière de type comptine de troubadour qu’est « Abjection » ? ou bien même cette poésie contemporaine que l’on découvre sur les paroles de « Fascination », car ça semble en contradiction avec la brutalité des autres paroles ?

Nous nous sommes décidés et avons peaufiné l’intro d’”Abjection” quelques minutes avant d’enregistrer la partie chant. C’est comme cela que j’introduis le morceau en live et on trouvait intéressant de créer ce décalage entre cette comptine malsaine théâtralisée un peu pompeuse et l’avalanche de dégueulasserie qui suit. A la première écoute on est surpris par cette “tentative” tout en sachant qu’un moment ça va déraper, alors on attend,

et c’est quand ça dérape que l’on rentre dedans. Ce décalage accentue notamment l’aspect totalement horrifique du sujet qui traite d’un snuff movie appelé “ Daisy destruction”.

Le texte de “Fascination” est littéralement une chanson d’amour, un poème écrit pour un être aimé. L’amour étant la résultante finale de ces révélations ( apocalypsis signifiant révélation), l’amour, comme le pardon, est une arme solide pour avancer sur le chemin d’une vie, quels que soient les obstacles rencontrés.

Bon l’argent est le nerf de la guerre, et revenir après tant de temps, vu que tout le monde paye ce qu’il a à payer aujourd’hui, belle autoprod au niveau de l’enregistrement, du mixage et du mastering, ainsi que la conception graphique.​

J’avais la sensation d’y retrouver au niveau du visuel des trucs à la Atrocity, époque « Gemini », « Atlantis », ce qui en fait n’a rien à voir du tout pour y être allé voir depuis le temps. Mais oui, aujourd’hui où l’IA casse les burnes à la plupart des musiciens de musique metal extrême, comment vous, vous avez géré la réalisation de ce visuel , sa création, son optimisation et sa touche final au niveau du rendu ?

Je viens d’aller voir le “Atlantis” de Atrocity, heureusement ça n’a rien à voir… C’est Damned qui a brillamment géré via infographie toute la partie visuelle d’Apocalypsis, ainsi que les prises de sons, le mixage et mastering. Il a fait un énorme travail sur cet album.

Concernant la pochette nous avons mis des idées en commun, puis avons avancé par touches successives. Damned a aussi réalisé le nouveau logo pour cette renaissance de ce nouveau groupe. Le plus long furent le choix des nuances de couleurs en fin de création de la pochette et du visuel général de toute la partie matérielle que nous souhaitions proposer.

La sortie cd, c’est Chris et Metal Exhumator, qui redonne vie à pas mal de formations qui ont sorti des trucs excellents il y a quelques années comme Yortsed par exemple, et ça c’est bien sympa. Mais la sortie vinyle c’est vous ?

Chris a également fait un bon travail de com’ et de soutien du groupe. De notre côté nous souhaitions au départ ne sortir cet album uniquement qu’en vinyle ( avec peut-être un lien de telechargement mp3 avec celui ci), Metal Exhumator ne pouvant pas se permettre de financer entièrement ce Saint Graal, nous avons mis en place une précommande sous forme de cagnotte.

On sait bien que sortir des albums aujourd’hui c’est juste de la démerde, pour les anciens avec tout le recul qui va bien, pour les plus jeunes avec une envie de star system, et une attitude qui va avec, alors que bien souvent ça peut être plat comme jamais. Alors avec l’expérience qui est la vôtre, l’ancienneté qui est la vôtre, ce nouvel album vous en attendiez quoi ? Et maintenant qu’il est sorti, vous en attendez quoi ?

Cet album est le fruit de la maturité, le fruit de quelque chose que l’on a en nous et que l’on veut absolument faire jaillir. Le résultat nous rend fier et heureux de voir qu’il plaît à ceux qui nous soutiennent depuis longtemps. On compte bien sûr partager Apocalypsis sur scène, et peut-être sera t il le germe d’un futur projet.

Les plateformes de streaming, ça vous semblait vraiment nécessaire ?

Comme dit plus haut, le souhait initial était simplement le vinyle avec un lien de téléchargement mp3. En 2025 tout est fait pour être obsolète, consommable, simplifié, aseptisé, il n’y a plus de lecteur Cd dans les voitures. Absolument tout le monde (même les plus réfractaires dont je fais partie et qui par la force des choses s’y plient) a un téléphone portable avec lequel il s’organise, se dirige, s’éclaire, se réveille, drague, rencontre, et: écoute de la musique.

De plus, les nouveaux moyens de communications et de promotions passent par le net, et je préfère faire une publication de FATAL avec la musique de FATAL.

Il y a donc un somptueux vinyles limités et des Cd’s pour ceux qui apprécient, écoutent, lisent, contemplent, se délectent finement, savent aimer, et le reste (stream, mp3…) pour les autres.

Bon fin de la récréation. Merci à toi, on vous voit où et quand sur le reste de l’année et on chope cd et vinyle où ça ? La plupart des gens aiment bien acheter les formats physique auprès du groupe...

Avec plaisir !

Cette année 2025 nous serons en opération spéciale au Mennecy festival le 05 septembre.

Vous pouvez trouver du Cd, du vinyle et du t shirt à:

- https://fatal.sumupstore.com/

- Metal exhumator https://www.musiko-eye.fr/produit/fatal-apocalypsis/

- www.cryptofdrgore.fr

- Epidemia records

Merci à vous pour votre soutien, longue et heureuse vie !

Skull et toute l’équipe FATAL


Arch Gros Barbare

14/05/2025