
11 février 2023
Groupe : IN FLAMES
Titre : Foregone
Label : Nuclear Blast
Année : 2023
Alors voilà, on en est là à donner un avis trente-trois an plus tard, un avis qui ne sert à rien et dont tout le monde se fout, mais le plaisir d’écrire est là, et on sait très bien que les petits plaisirs solitaires sont les meilleurs.
IN FLAMES... ce groupe de légende qui avec Dark Tranquillity et At The Gates créèrent il y a quelques années où certains n’avaient pas pieds, ce « son », cette scène de Göteborg... le death mélodique suédois de Göteborg.
IN FLAMES ...ce groupe mythique qui nous a laissé un « Lunar Strain » et un « Subterranean », mémorables, un « The Jester Race » inoubliable, un « Whoracle », « Colony » et « Clayman » tous aussi savoureux, dans cette trianguaire infernale.
Et puis, on ne sait pas, l’âge avançant, le succès grandissant, le monde changeant, peut-être aussi trop de rapidité, peut-être que les choses sont allées trop vite... « Reroute to remains », a commencé le virage étrange, un ou deux titres juste sympas, et « Soundtrack to your escape » plus virulent du tout…
Enfin « Come Clarity » qu’on aime bien malgré tout parce qu’il a cette agressivité en dépit de cette ouverture vers un public d’ados et de metalleux nourris au sympho, divas,strass et paillettes de solderies et autres musiques folk festives et récréatives qu’on écoute en chevauchant des licornes avec un gode sur le front en guise de corne.
Beaucoup sont partis après « The Jester Race », mais légion ont lâché l’affaire définitivement après « A Sens Of Purpose, » suite à l’épuisement car c’ était à l’extrême limite du commercial. Alors oui, le groupe s’est popularisé, a gonflé sa base de fans par milliers, mais peut-être que l’âme originelle de IN FLAMES n’était plus.
Sans doute que tout ceci est subjectif, mais les amateurs de death mélodique ont déserté depuis un moment.
C’est ainsi que les « Sounds of playground fading », « Battles » , « I, the mask » ont fait couler des larmes à plus d’un,en attente d’un retour infernal, pour donner le sourire aux petits frères, petites sœurs et petits cousins en manque de « Metal ».
Des années que IN FLAMES n’est plus pour tous les amateurs de death mélodique, quand AT THE GATES s’en sort encore relativement proprement, et que DARK TRANQUILLITY s’est transformé en machine différente, mais tout de même avec une poésie qui inspire le respect.
Et voilà que dans tout ce marasme, a surgi en 2020 un sursaut de mélancolie avec la réunion de M Stanne et des anciens de la première guerre de chez IN FLAMES, notamment Peter Iwers et Daniel Svensson, mais surtout, oui, surtout Jesper Strömblad. The Halo Effect a sorti un bon album, où les mélodies revenaient à proximité de ce death mélodique, avec toute la modernité que peut contenir malgré tout cet abum.
Du coup, IN FLAMES se sont peut-être dit qu’il était temps de revenir aux fondamentaux et de tenter d’écrire quelque chose de similaire.
En comparaison, The Halo Effect reste supérieur de trèèèèèèèès loin, mais ce nouvel album de IN FLAMES est supérieur à tout ce qu’ils ont sorti depuis 23 ans, depuis « Clayman ».
On sent déjà que visuellement le groupe, enfin la bande à Anders Friden et Björn Gelotte, puisqu’il ne reste plus qu’ eux des débuts, avait envie de renouer avec le passé. Après Jesper n’est plus là, donc c’est compliqué. Mais on constate que niveau pochette IN FLAMES avait envie de s’endurcir un peu de nouveau avec une pochette plutôt old school qui reprend les vieux codes.
Malgré tout cet album possède 50 % de bonnes choses et 50 % de soupe populaire dès le départ.
On peut commencer par le commencement, parce que l’introduction instrumentale est une ouverture vers le passé et même si elle reste simple, son atmosphère est noble, délicieuse et proche de l’époque bénie des débuts.
Ça en est même dommage qu’elle ne fusse pas une véritable introduction de titre, plutôt qu’un morceau à part entière.
Et ça part bien sur « State of slow decay », qui musicalement mélange un peu des influences mélodiques de « Clayman » et la violence du « Take this life » de « Come clarity », jusqu’à ce que le chant clair vienne pourrir le terrain comme une pluie de merde sur un mariage écossais.
Du coup, on avance, et alors qu’on se dit que c’était un accident, le début de « Meet your maker » envoie le bousin seulement quelques secondes pour s’essoufler dans la niaiserie totale, sauf sur le solo qui reste...Ah non.
Encore une fois le chant à la « tous les derniers albums » détruit tout.
Avec «Bleeding out »,on est au sol à s’empêcher de respirer la fumée, penant que l’incendie fait rage avec des mélodies sirupeuses, entrelacées de tentatives d’agressivité, où les guitares essaient de faire « grrrrr », mais on s’attend plus à entendre « Un bonbon ou un sort ».
Il faut arriver à « Foregone Part I » pour se faire exploser la rondelle, déjà par la rythmique de départ qui te prend vraiment à sec, et qui rappelle les « Colony », où même le chant hurlé est grisant mais aussi par cette vitesse dans les mélodies. Et là IN FLAMES a vraiment fait un taff de dingue, tout en gardant ce petit côté troubadour des salons de thé.
Ce titre redonne envie, pas de la toute première époque certes, mais il est bien écrit et fait son effet.
Dans le même mouvement « Foregone Part II », musicalement donne envie, mais la voix claire à la Cher « Do you belieeeeeeeeeeve in life after love » nique le game.Et là, c’est le drame.
Plus rien n’est gorgé de sang, et forcément, c’est dur de ne pas chouiner. T’as beau faire des va et vient, mais y a plus rien qui bouge. Pourtant les riffs sont d’une inspiration « The Jester Race », mais cette voix sans gluten, nous ramène malgré nous chez les chimpmunks, et ça gonfle.
Aaaah , ensuite vient « Pure light of mind » du riff à la « Whoracle », des harmonies, de la joie et de la bonne humeur !! Et là, en quelques secondes, on se demande comment Mika et son « Lollipop » sont arrivés jusqu’ici. M Friden chante d’une manière…étrange.
Et si le titre offre une ambiance mi- « A sense of Purpose » ,mi-pop rock radio station de chez Tonton Z, c’est pas sa gnangnantise qui le sauvera.
Après ben, le Titanic est encore sur roue, c’est sûr avec « The great Deceiver » qui melange du riff « Clayman » et « Reroute to remains/Come clarity », il arrive à proposer un morceau propre sans chant de sirène, mais en bon gueulard, avec des variations mélo toutes aussi agressives et un lead très originel, puisé dans le « Jester ». Propre.
La petite nouveauté c’est le côté thrash mélodique de « In the dark » sur ses gros riffs lourds, jusqu’à ce que l’on arrive au refrain de la ronde du mercredi pour les enfants orphelins dans la cour de la crèche .
Encore une fois IN FLAMES avance et recule, comment veux-tu…. ?
Et comme nous sommes dans l’oscillation la plus totale, avec une irrégularité déroutante, on va sauter « A dialogue in B Flat Minor », parce que l’interêt est….Y en a pas.
Aaaaaah, enfin de l’inspiration avec « Cynosure » !!!!! Ah non c’est pire, voie pas vocodée, mais le mode micro saturé, c’était bien que sur nos karaokés de chez Vtech où on n’entendait que dalle mais on rigolait bien, ben là, c’est pareil. La fin du titre est sympa, assez sombre sans être chiante, mais la voix, bordel la voix !!!!
Et pour finir « End the transmission » porte bien son nom, parce qu’il était temps, on dirait la seconde partie de la chanson « I want your sex » de George Michael, elle existait mais on s’en tamponnait le coquillard sur l’album.
En fait au fur et à mesure de l’écoute de cet album on s’aperçoit qu’il vendait du rêve et balançait de la poudre aux yeux, parce que l’on est plein d’engouement au départ, le visuel, les envies, les petites idées mélo...Et à l’arrivée on n’est plus sur du 50/50, mais sur du 90/10, ce qui fait peu.
Et si « Foregone » le bien nommé donnait l’eau à la bouche, en l’ayant bien écouté en profondeur...On y renonce.
Arch Gros Barbare
11/02/2023