08 février 2023
Groupe : NOX IRAE
Titre : The Price Of Creation
Label : Polymorphe Records
Année : 2022
Affliction Gate, c’était le death metal old school à la française, et ce groupe a laissé non seulement une trace mais un bien bel héritage dans l’underground français de 2006 à 2017 ; grâce à cet amour pour la musique sombre , certains de ses membres ont créé NOX IRAE en 2015. Et il apparaît plus qu’utile de rendre hommage à Laurent Grief (guitariste de Affliction Gate) qui était aussi à l’origine de NOX IRAE mais qui n’a pas continué l’aventure après « Night without return » leur première démo.
Cependant le hurleur de Affliction Gate , Herostratos a poursuivi quant à lui cette aventure NOX IRAE avec d’autres frères d’armes, et c’est ainsi que plusieurs arrangements de line-up ont vu arriver, partir et passer des ex Cacatomb, et ex Affliction Gate.
Et si « Here the dead live » est sorti sur Transcending Obscurity Records après quelques péripéties, c’est vraiment avec « The Price Of Creation » que NOX IRAE signe vraiment son premier album.
Un album profondément noir et visqueux , celui-ci possède la particularité de comprendre trois instrumentaux sur les neufs morceaux, dont le premier « Possession...Anguish...Nostalgia » pose un décor vintage très 80’s, totalement en adéquation avec la scène death/thrash qui aura su faire plaisir aux quarentenaires passionnés.
NOX IRAE confirme ce qu’il avait déjà donné comme impression avec la démo et le Ep, qu’il est un groupe de death/thrash old school, primaire et sauvage sans partir dans une brutalité extrême. Mais « The Price Of Creation » va plus loin , bien qu’ils aient conservé cette recette de riffs primitifs, on sent que le temps écoulé entre l’écriture et la sortie de « Here the dead live » leur a bien laissé la capacité de composer des titres qui tronçonnent sans gueuler « Timber » et que leur death/thrash s’est encore plus affiné et ridé, creusant des sillons de vieille école dans la gueule des plus fragiles.
La voix de Herostratos, y est encore une fois pour beaucoup, car ce mec est une espèce de Van Drunen de notre hexagone, tout comme peut l’être le padre Max Otero. Le chant de Herostratos est reconnaissable et assure indubitablement une signature vocale inimitable dans la vocifération infernale.
La colère de NOX IRAE est directe, sans détour à chaque fois, et même si sur « Apocalypse, The Twin Skulls Of Algol » on se prend un mini hommage à « Mandatory Suicide », ce titre est d’une puissance phénoménale.
C’est à partir de ce morceau justement que l’on s’aperçoit de la différence qu’il y a sur cet album avec « Here The Dead Live », en effet, on s’en rend compte sur « Possession... » ou aussi sur « Fierce Morbid Retaliation », mais c’est confirmé avec « Apocalypse » que NOX IRAE a bel et bien inséré des parties légèrement mélodiques et ténébreuses en fond, avec une sauce plutôt suédo-scandinave comme pouvaient l’avoir les deux premiers Desultory ou la limpidité mélodique d’un « Left Hand path » sorti de la tombe. Et ça donne le bon frisson aux morceaux qui prennent encore plus de relief.
A côté de ça, NOX IRAE ne s’est rien refusé, ils ont exploré la putridité jusqu’à saponification de la chair, parce qu’avec « Undead Platoon » on pénètre littéralement dans un death metal gluant parsemé de passages bien lents très death/doom, avec des atmosphères totalement glauques, à en rappeler en fait bien évidemment l’album « The Rack » d’Asphyx, forcément, et la disposition des instrumentaux en rajoute une couche sur cette similitude.
La production force également cette sensation, parce que le rendu est lui aussi très poisseux à souhait et donne à l’album cette glaire old school hyper typique, ça s’entend sur le solo de « Undead Platoon », qui hennit en parallèle de la rythmique posée et crasseuse.
Cette sensation asphyxienne se développe sur la terrifiante « Flayed Survival Anthem » aux allures post-apocalyptiques entrainant vos oreilles dans la fange la plus dégueulasse, vous ramenant dans les ambiances les plus lentes de Sempiternal Deathreign et le légendaire « The Spooky Gloom », avec encore une fois ce fond légèrement mélodique qui donne aux titres de NOX IRAE une toute puissance.
Et on se régale avec « Flayed » pendant presque sept minutes, puis l’enchainement avec « All Trench Vermine » qui repart vers du Thrash/Death basique mais ultra bien écrit, se marie parfaitement. Là aussi on se rend compte de l’énorme travail des guitares sur les leads et les solos.
C’est « The Last March Of Human Failure » qui tient l’énorme responsabilité de proposer le second instrumental aussi mélancolique que le premier, confirmant les lettres de noblesse à cet album, bien qu’il ne fut nul doute, qu’il les avaient déjà.
Jusqu’à la fin NOX IRAE tiendra en haleine, et pour finir le tour d’honneur c’est « For The Revenge Of Our Brave Dead » qui donne le coup fatal, instrumental écrit encore une fois dans la plus pure tradition des 80’s/90’s.
NOX IRAE signe ici un album unique, vraiment, sincèrement, à des années lumière de « Here the dead live », et prouve définitivement qu’il est un grand groupe, parce que ce genre d’album, on ne l’oublie jamais.
Arch Gros Barbare
08/02/2023
