
04 juillet 2022
Groupe : THE LOSTS
Titre : Mystery of depths
Label : Autoproduction
Année : 2021
La musique est intemporelle, et parfois, malgré de multiples écoutes, il est difficile d’arriver à poser des mots sur ce que l’on écoute, d’une part à cause de soi , mais d’autre part à cause de la complexité de la musique elle-même ; ce qui trouble véritablement l’appréciation. Alors mea culpa, bien bas car ce succulent album est sorti voici un an et les mots arrivent enfin, juste maintenant, seulement maintenant...
La défense se veut tout de même penaude,n’ayant pas de véritable raison valable, mais malgré tout les nordiques français de The Losts ont quant à eux mis cinq ans pour offrir un successeur à « Of shades & deadlands », l’attente était longue, mais pour la bonne cause, parce que « Mystery of depths », est riche , très riche. Et le fait de l’écouter toujours un an après , prouve que cet album laisse des traces.
Toujours heavy metal après dix ans d’existence, toujours heavy/speed aussi avec cet éclectisme qui leur colle à la peau d’une manière singulière et ce chant si particulier , old school, puissant et atypique...
Toujours aux frontières d’un heavy/thrash à la Metal Church... THE LOSTS a écrit sa meilleure œuvre à ce jour.
Enregistré au studio The Losts, la batterie en Belgique par Jean-Charis Cauliez, produit et mixé par Phil Reinhalter au Psykron Studio, et masterisé par Frédéric Motte au Conkrete Studio, l’alchimie du son ne pouvait qu’être percutante et cet artwork réalisé par Chadwick St. John (Dark Throne), prouve qu’au fil des années l’histoire des égarés tient la route.
C’est assez rapidement que sur l’album on retrouve ces contours limites thrash dans le heavy metal avec « The priest control », et THE LOSTS arrive à noircir son tableau au niveau de ses riffs pour donner à l’ensemble quelque chose de fort et noble, tout en rendant parfois hommage aux anciens (Metallica, Scorpions…) notamment sur les riffs de ce titre magique car The « sails of Charon » domine l’esprit du lead totalement.
A l’aise dans la composition, comme dans son interprétation, THE LOSTS écrit ici un album de heavy qui par moments donne le frisson. Etrangement cette ombre de Scorpions, là encore ressurgit avec « Until the end » où l’esprit d’une « Steamrock fever » se laisse apercevoir pour qui peut en avoir la référence.
Et donc oui, cet album est riche, très riche, parce que les rythmiques sont aux frontières des ténèbres, avec un chant qui s’adapte aussi à la situation, muant vers le guttural quand le besoin se fait sentir.
Et c’est pour cela, que THE LOSTS n’appartient à aucun monde, si leur musique est fortement inspirée par le heavy metal, celui-ci sait devenir plus agressif, comme il sait aussi donner de la mélodie plus profonde.
La force du groupe, réside dans ses guitares qui offrent à chaque titre, une envolée de leads relativement poussés, mais aussi à sa capacité de ne copier absolument personne. Aucune mode , aucune influence ne se détache de l’âme du groupe, THE LOSTS est effectivement authentique, on aime ou on n’aime pas, mais ce groupe a une personnalité forte et propre.
Il faut vraiment s’imprégner des titres et de leur rythmique pour comprendre la chaleur qui s’en dégage. Car lorsque l’on écoute « In the stream of opium », la profondeur de ce titre et son théâtralisme de dramaturge donne un goût si particulier que de multiples écoutes sont nécessaires pour en apprécier sa juste valeur, et c’est la même chose avec « Write my name in the light », « Revelation of the losts », chansons qui brillent par leur approche épique.
Et plus on avance dans l’album, plus on l’apprécie. On apprécie son exotisme, sa couleur , sa dimension, et ce heavy metal qui prend aussi une essence old school à la Manilla Road, Candlemass (époque Messiah Marcolin).
Enorme travail sur les guitares qui froncent les sourcils sur « Inner wounds » en alliant aussi des moments éthérés dignes des Pink Floyd et Black Sabbath. Et c’est en cela que THE LOSTS n’appartient à aucun monde encore une fois, car le groupe aime la musique à l’état pur, les solos sont de véritables moments d’évasion.
Alors oui, un an pour poser des mots, mais un an d’écoute. Et cet album est toujours en platine, ce qui n’est pas le cas de tous. Quarante huit minutes de croisade, presque une heure d’aventure où rien ne se répète, on ne repasse jamais au même endroit avec THE LOSTS, jusqu’à en arriver à la divine pécheresse « The drug I miss » , morceau sublime, magique et envoûtant qui montre définitivement que THE LOSTS sait écrire des chansons que l’on a envie d’écouter.
La fin de l’album appartient à ceux qui veulent l’écouter , mais sachez que « Pharaoh’s Curse » et « The sand war » viennent fermer ce nouveau livre avec une atmosphère très 70’s où l’écriture de la musique est plus importante que le reste, avec cette intelligence et cette volonté de poser un décor dans lequel on s’aventure littéralement.
La meilleure œuvre de THE LOSTS, assurément, mais il faut prendre le temps de la savourer…Alors choppez cet album.
Arch Gros Barbare
04/07/2022