
15 février 2025
Groupe : UNREAL OVERFLOWS
Titre : Slaves Of The Inhuman Future World
Label : Great Dane Records
Année : 2025
Sept ans après « Latent », le retour des espagnols de UNREAL OVERFLOWS fait plaisir à entendre et surtout à écouter. Ce groupe glisse sous les radars depuis 24 ans et pourtant le projet de Zoilo Santiago Loira mérite toutes les attentions. Que ce soit sur leur premier album « Architecture of incomprehension » sorti en 2006 chez Xtreem Music le label de Dave Rotten (Avulsed), dont le talent était confirmé sur « False Welfare » (pourtant plus technique et moins empreint de musicalité) sorti en 2012, ou que ce soit sur « Latent » sorti en 2018 chez Great Dane Records ce chef d’oeuvre de composition, on s’aperçoit que le death metal technique de Unreal Overflows cache de moins en moins ses influences et même affirme de plus en plus ce mouvement death metal inspiré par Chuck Schuldiner. On reconnaît cette espèce de patte très personnelle que pouvait avoir le Maestro pendant la période « Individual Thought Patterns » puis et surtout « Symbolic » et « The sound of perseverance ».
On parle de cette touche typiquement Schuldiner qu’on reconnaissait aussi sur « Polarity » avec « Solar Impulse » de Decrepit Birth. Eh bien c’est à cela qu’il faut faire référence, parce que UNREAL OVERFLOWS revient à ses premières amours. On découvrait ce talent sur le premier album, on hallucinait sur « Latent » parce que leur death technique était inspiré, poétique et ne partait pas dans la surenchère complexe. Au contraire les espagnols, (qui ne sont aujourd’hui qu’un duo) prennent de l’âge et encore plus de maturité et d’excellence, puisque Zoilo compose tout, joue la guitare, la basse, la batterie et le chant ; tandis que Diego Bea Besada donne la réplique à la guitare et qu’ils font ensemble la production , l’enregistrement, mixage et mastering, sans compter l’artwork, les arrangements et les paroles.
Et parce qu’en gros UNREAL OVERFLOWS sort un album tous les six/sept ans, ce quatrième album est à la hauteur de nos espérances, qualitativement, musicalement et visuellement. La musicalité et la poésie du duo ne souffre d’aucune critique, on se plonge intégralement dès la première seconde dans un album spatial, stellaire où le titre lui-même vous fait immédiatement comprendre la portée de l’album et son propos sur le devenir de notre civilisation.
« Echoes from the past » est la parfaite ouverture pour l’album on retrouve l’esprit de Schuldiner, ce gratté spécifique et cette manière d’écrire des titres entre agressivité, volupté et magnificence. C’est sur ce titre qu’à partir d’une minute quinze, la mélancolie de l’instant rappellera l’inspiration de Metal Church sur « Anthem to the estranged » doublant la facette stellaire avec du vocoder comme sait le faire Cynic.
UNREAL OVERFLOWS nous aura fait encore patienter, mais ils font extrêmement fort, ce nouvel album, est si proche de « Symbolic » et « The sound of perseverance » qu’à la découverte des titres qui s’imbriquent les uns dans les autres sans jamais s’essouffler, l’on en perd totalement pied. Les notes virevoltent dans une danse harmonieuse, technique, mélodique et si bien orchestrée que les « digital slavery » , « Tearing the layers of reality » , que ce soit dans les rythmiques, le chant (peut-être un peu Carcass) ou les envolées de guitares, on voyage dans toutes les galaxies avec une impression de grandeur sur chaque morceau.
C’est magnifiquement bien équilibré, le son , la production, l’agressivité, la mélodie, tout est savamment placé, jaugé, pesé pour que jamais l’on ne se retrouve dans une balance faussée par une tare mal calculée. UNREAL OVERFLOWS écrit un monument de musique death metal technique, mais vraiment et on insiste , à la mémoire d’un Chuck Schuldiner qui serait ravi de pouvoir écouter des groupes comme ça aujourd’hui.
Comment ne pas succomber à la folie meurtrière de « Beyond the code » ? Qui bien qu’en partant dans la frénésie sait maîtriser son tempo pour donner un sens à sa mélodie et ainsi forger la parfaite alchimie musicale entre agressivité et douce violence technique. On prend une sanction phénoménale avec ce nouvel album, parce que sept ans après, UNREAL OVERFLOWS l’a forcément peaufiné chaque jour, chaque semaine, chaque mois pour arriver à une perfection d’écriture, que l’on notera à chaque écoute, chaque réécoute. Pourtant il n’est pas long, puisqu’il ne fait que trente sept minutes, et plus on avance à l’intérieur, plus l’atmosphère nous semble familière bien que l’on pénètre dans un univers un peu plus agressif et plus sombre à partir de « Visage of Betrayal ».
Cet album est d’une technique qui contient une rare intensité, chaque titre vous enveloppe, chaque chanson vous lacère vraiment de sa musicalité et de son inspiration, et en 2025 trouver encore des albums aussi puissants que bien écrits et surtout bien produits, parce que le mastering est chirurgical, (il n’y a qu’à écouter le son de la basse), cela devient une denrée rare.
« Slaves of the inhuman future world », va vous faire chavirer et la chute sera terrible. Il est simplement incroyable et plus on entre dedans, moins on a envie d’en sortir.
Arch Gros Barbare
15/02/2025