
14 novembre 2020
Groupe : WAR AGENDA
Titre : Propaganda
Label : Great Dane Records
Année : 2020
Exactement dans la mouvance actuelle des relations internationales, WAR AGENDA revient avec un second album chaotique qui porte le nom diplomatique de « Propaganda ».
Quatre ans après son « Night of disaster » qui avait posé les bases d’un thrash bien qu’allemand, plutôt américanisé, avec effectivement quelques relents de Sacred Reich ou autres Tankard sévèrement burnés, les revoilà avec ce nouvel album.
Un changement de bassiste, un changement de guitariste et un changement de chanteur plus tard, la nouvelle mouture de WAR AGENDA tient tout de même ses promesses musicales.
Inspiré encore par les problèmes sociétaux, posant un regard plutôt négatif sur le devenir de l’humanité avec des titres tels que « Propaganda », « Human race », « United in hypocrisy », « Apartheid » ou encore « Child of dreams », le thrash de WAR AGENDA botte quelques arrière-trains, pas tant dans la violence ou la brutalité, mais plutôt dans la dynamique et l’agressivité.
Les deux guitaristes que sont Ingo et Raafat se font la part belle entre riffs ultra puissants (qui vont chercher plus facilement vers le vieux thrash de squatteur que dans le prout prout de salon aux doigts de fées, mais assis jambes croisées sur son petit canapé velours à montrer sa technique ultime sans bouger un sourcil, laissant le coin de la lèvre baigner dans la suffisance) et rythmiques qui ne sont pas sans rappeler à tour de rôle, ou de bras, les Forbidden, Slayer, Exodus et consorts, notamment sur des titres tels que « Propaganda », la bulldozer « Plan-b (Terror) » ou encore « United in hypocrisy » et « Silence of justice » qui rappellent Dave Mustaine et son plus qu’honorable « United abominations ».
Non, WAR AGENDA avec ses gros doigts et ses poils hirsutes, offre en pâture onze titres qui mettent la race à l’ancienne, avec un chanteur Moustafa Troll qui sublime les morceaux grâce à une tessiture proche de chanteurs tels que Russ Anderson (Forbidden), Warrel Dane (Sanctuary) ou encore même Coburn Pharr (Annihilator) quand il montait sur « Imperiled eyes ».
D’ailleurs l’écriture de ce nouvel album pose les bases d’un thrash plus mature, plus riche en rebondissements, avec une mélancolie exacerbée par tout ce qui est sorti dans la fin des années 90’s, mais bien souvent en s’occupant de ce qui se passait de l’autre côté de l’atlantique.
« Propaganda » n’est pas un album de thrash obscur, mais plutôt une sorte d’hommage aux groupes cités, et bien plus encore, car des titres comme « Silence of justice », mettent en avant des guitares ultra limpides dans les solos, où la mélodie se pose sans filtre sur des rythmiques tantôt pêchues, tantôt plus cousues, et si l’ombre d’un Big Four plane par-ci par-là au fur et à mesure que les morceaux défilent, WAR AGENDA n’en n’oublie jamais ses origines. C’est pour cela que leur manière d’écrire leur musique bien qu’orientée vers les Etats-Unis, conserve malgré tout la violence cinglante du thrash teuton typiquement de là-bas. Un titre comme « Chaos Invasion (2050) » marque les esprits et prouve à 100 % que WAR AGENDA est bel et bien allemand.
Voici donc une suite à « Night of disaster » qui avec un artwork de Malcom Semmens qui ne paye pas de mine, arrive à décrocher un beau rôle dans le long métrage des carrières underground qui ont la capacité de rester dans la catégorie « fait bien son taff ».
Avec un peu plus de trois quarts d’heure, c’est une belle surprise pour cette fin d’année 2020 qui a été difficile à tous les niveaux.
« Propaganda » est un album de thrash metal, sans superlatif, ni épithète ou attribut, c’est old school, c’est bien écrit, inspiré par moult formations cultes, mais le groupe arrive à capter l’attention avec efficacité, non seulement pour ne pas passer inaperçu, mais aussi pour rester dans les esprits des thrasheurs ultimes.
Arch Gros Barbare
11/11/2020