
16 avril 2025
Groupe : ZORA
Titre : Scream your hate
Label : Great Dane Records
Année : 2025
Hurle ta haine, c’est bien là ce qu’il resterait de notre société actuelle lorsque des êtres supérieurs viendront pour explorer nos steppes désertiques détruites par nos guerres et nos armes, parce qu’on est assez con pour se foutre sur la courge à longueur de temps, tous ensemble, chacun ayant ses propres raisons. On lirait sur l’épitaphe de notre planète « hurle ta haine ».
Donc quitte à hurler sa haine, autant le faire de manière efficace . Actif depuis 2003 ZORA trace sa route avec un death brutal très underground qui reste dans la trempe de groupes tels que Excruciating Pain, avec des vocaux death gargarisés à la sauce chili sur un fond de brutalité très primaire à en refaire pousser les sourcils des bas du front les plus binaires.
Et comme bien souvent, depuis quelques temps Great Dane Records, aime à signer une réédition d’un album avant sans doute de voir ce que l’avenir pourrait dire. Du coup l’album de ZORA « Scream your hate », leur deuxième, sorti en 2016, se voit offrir une nouvelle jeunesse et les italiens n’en sont que très heureux.
Un réenregistrement total qui donne un nouveau souffle à ce deuxième album. D’abord visuellement parce que la pochette a subi une belle chirurgie esthétique mettant en exergue des couleurs crasseuses plus pertinentes que le noir/blanc sang , qui d’habitude sied à tout le monde. Cependant le scolopendre dégueulasse prend une bien meilleure place et Zora s’enfonce un peu plus dans l’abomination.
Ce réenregistrement, profite à qui aime les sonorités plus modernes des groupes death ou death un peu core des années 2015 à aujourd’hui, parce que les guitares sonnent comme une mort synthétique que l’on peut apprécier chez des groupes tels que Heboïdophrénie.
Ce n’est pas constant en revanche chez Zora, parce que les premiers morceaux jusqu’à « Refuse » possèdent ce son synthétique sur les guitares, un son qui a tendance à se grindiser sur les morceaux d’après. Parce que « Refuse » est d’une brutalité sauvage, très agressive et massive, un brutal death imposant presque dansant sur les vocaux mais on ressent bien l’attaque de la horde de bulls venir bouffer le moindre gras. Les titres ne vont pas chercher dans la douceur, ça blaste quasiment tout le temps, hormis les quelques interludes italiennes, qu’on peut écouter sur l’intro de « Refuse ».
Il faut un petit moment pour rentrer dedans , puis on l’apprivoise, on revient aisément sur « Slave of mind » alors qu ‘on l’avait passé sans vraiment se poser dessus.
Du coup, ce morceau se fait plus intense car c’est dans l’intensité que ZORA excelle le mieux. Les italiens poussent leur brutalité death jusqu’à son paroxysme dans cette intensité et il faut sincèrement être dedans pour mieux l’apprécier, parce qu’il y a une espèce de groove qui se cache bien derrière cette violence.
Peut-être que la deuxième partie de l’album est plus propice à l’onanisme cérébral parce que les morceaux sont plus variés, parce que « Trapped mosquito » tient bon la cadence et que la brutalité va chercher plus de variations quasi brutal thrash/death , que « Banquet of flesh » laisse sortir le groove qui était tapis au fond du trou de ZORA et que l’on y découvre un death brutal , plus qu’un brutal death avec le groove qui occupait l’album « There is something rotten...in the state of Denmark » de Illdisposed. Et c’est la même chose sur « Abracadacab » pour finir en orgie audio sur « Scream your hate », là on est définitivement sur un death brutal de bonne qualité, car ce titre reste en haut du chapeau et tient l’album à lui tout seul. Véritablement l’album s’ouvre intégralement à partir du quatrième morceau pour aller crescendo jusqu’à la fin .
Sur le digipack, se trouve en bonus tracks, douze morceaux live, tirés du Calabrian Metal Inferno Fest en Italie qui s’est déroulé le 28/12/2023, représentant 20 ans de haine. Et pour les nostalgiques des bootlegs cassettes, qu’on se dupliquait à longueur de journées, dans les années 80 et 90, c’est un régal, ça montre un bien meilleur profil du groupe en live, avec un son, certes live et pas travaillé, mais réellement authentique. Ceci remettant la musique de ZORA réellement en perspective, confirmant la bonne impression de la deuxième partie de l’album.
Bon petit album , belle petite sortie.
Arch Gros Barbare
16/04/2025