
25 septembre 2023
GROUPE: ARS GOECIA
TITRE ALBUM: Rex Mundi
LABEL: Hate Life Productions
DATE DE SORTIE: 2022
Et si on revenait aux bases de départ ? Si comme le disait Descartes on faisait table rase de toute cette scène qui s’est auto infectée, auto contaminée pour partir dans une gangrène malsaine et qu’on revenait aux sources de toute chose ?
Et si on jouait simplement de la musique, pour en extraire l’essence la plus artistique sans vouloir les clics à en mettre des claques sans vouloir la lumière tandis qu’on vénère les ténèbres, sans vouloir partir dans des réseaux sinueux qui proposent de tout sauf de la musique ?
Voici un groupe mexicain, déjà les origines font que forcément ce sera roots, proche de certaines racines et sans frou frou à la con qui pollue la musique extrême. Ensuite lorsque l’on sait que les mecs ont une certaine rage pour avoir joué dans pas mal de groupes locaux et depuis une dizaine d’années, le constat de départ sera donc positif.
Premier album de ARS GOECIA, un label français qui sort sa première production, tout était fait pour baigner dans la sincérité et l’authenticité.
Avec une pochette d’album réalisée par le vocaliste lui-même, ARS GOECIA rappelle l’époque de mi-carrière de Dark Throne sur « Sardonic Wrath ». Pourtant musicalement très loin des norvégiens, ARS GOECIA tire son épingle du jeu en écrivant trente cinq minutes étalées sur dix titres d’un black metal parfois païen, parfois légèrement mélodique dans la veine de ce que pouvait produire Alastis entre 1995 et 1997 mais bien souvent épique.
Et c’est avec une très bonne production que l’album propose propose des morceaux très aérés mais surtout variés.
Alors bien sûr, c’est un premier album, avec ses hésitations et l’innocence de ses espérances, mais surtout avec ses maladresses sur certaines cordes ; pour autant le titre d’ouverture « Consecration of darkness », pose immédiatement une très belle tonalité, avec un riff qui n’est pas sans rappeler l’album « Minas Morgul » de Summoning dans un contexte musical pourtant totalement différent.
Mais en tous les cas il ouvre merveilleusement l’album et ainsi on enchaîne le black metal de ARS GOECIA très facilement pour se rendre compte que la batterie est la patronne tout au long de l’album et que le doigt a été pointé sur un mixage particulier la rendant très massive. A côté de ça, on se rend compte que ARS GOECIA réussit à poser des atmosphères qui se veulent proches des ambiances de Hades, à l’époque de « Alone Walkyng » ou « Again shall be », cette espèce de black metal guerrier, qui accélère de manière brutale et régulière pour donner la rage et la force de combattre.
Du coup, grosse surprise pour un album qui ne payait pas de mine, parce que les titres sont stupéfiants d’inspiration scolaire, mais extrêmement bien présentés. L’équilibre parfait entre la basse et la guitare offre à l’ambiance quelque chose de vraiment très épique et pas un seul instant on ne sent de longueur latente. On se retrouve ici aussi à profiter d’un album qui aurait pu sortir en 1993/1994 car il est d’une qualité indubitable et redonne aisément toute la valeur d’un black metal dont on a perdu les codes pour tomber dans les couches de la Famille Addams.
Bien au contraire et à l’opposé de ça, ARS GOECIA maîtrise ses rythmiques, ses ambiances de guerre, sa mélodie, ses accélérations pour proposer un black metal ni trop rapide, ni trop violent où des titres tels que « Rex Mundi » vous transportent sur les terres arides des champs de batailles ensanglantés.
Le black metal des mexicains de ARS GOECIA et les vocaux de Lord Glen qui ne sont pas suraigus, mais plutôt black/death de l’ancienne époque, se veut percutant et envoûtant.
Envoûtant parce que on ne perd pas une seul note, et si certains riffs peuvent rappeler Demonaz Doom Occulta, on se contente d’apprécier la similarité avec certaines inspirations du norvégien.
« Completion » plus proche d’une atmosphère black/doom ravira les puristes du siècle dernier, chaque moment, chaque instant de cet album est une extase sur ce qu’était le black metal produit de manière propre mais toujours irritante.
On se rend compte que « Rex Mundi » regorge de bonnes idées, son écriture est savoureuse, et pas une seule fois l’on regrette de posséder cet album, jusqu’à son duo de fin : « Ecstasy of the martyr » et l’instrumentale « Pro lliis qui ... » qui terminent le voyage en épopée.
Arch Gros Barbare
25/09/2023