
26 octobre 2023
CARNET DE CONCERT
BLIND GUARDIAN – DAWN OF EXTINCTION
24 OCTOBRE 2024
BIKINI - TOULOUSE
Aller à un concert, c’est une réunion de copains, c’est un moment musical, c’est un verre de houblon et voir un groupe que l’on aime depuis des années, c’est un moment de vie. Soyons honnêtes, il y en a de moins en moins, alors profitons. Et pour le coup le Bikini offre encore et toujours de belles affiches puisque même si l’étage n’a pas été ouvert, c’est une salle très bien remplie qui a accueilli les terribles BLIND GUARDIAN.
Début du concert à 20h15, avec en guise de levée de rideau, un groupe espagnol DAWN OF EXTINCTION qui vient chauffer la salle, sachant que les villageois sont venus en nombre pour s’écouter conter des aventures d’un autre temps avec nos chaleureux allemands.
La jeunesse de DAWN OF EXTINCTION qui plonge dans la musique mélodique moderne avec des riffs parfois thrash/death mélo s’oppose à elle-même avec des moments nettement plus « pop » au niveau de la voix claire et des rythmiques très dansantes. On y retrouve la tendance mélocore d’après les années 2010. Ceci dit au niveau des solos les espagnols savent jouer. Après un album en 2016 et une signature récente chez Art Gates Records qui annonce la sortie de leur dernier ep en date « From tears to vengeance », DAWN OF EXTINCTION montrent qu’ils ont envie de faire de la scène et s’offrent généreusement sur les planches pour faire bouger le public jusqu’à en proposer un dernier titre « Apocalypse » plus death/thrash afin d’y faire un wall of death au beau milieu de cette plèbe qui n’attendait que la venue du gardien.
Et vingt minutes plus tard arrivait le gardien.
Voici trente six années que le gardien aveugle protège le monde connu et inconnu, mais jamais il n’avait traversé certaines forêts pour arriver jusqu’en Midi-Pyrénées et fouler les Terres Toulousaines aux briques rouges si spectaculaires. C’est chose faite car les allemands de Blind Guardian sont venus conter leurs aventures épiques devant une population qui connaissait par coeur les moindres changements de rythmes et les refrains légendaires, tandis qu’ils leur offraient une générosité sans faille où le plaisir fut sans fin. Les dragons ont virevolté autour des passionnés et les atmosphères fantastiques furent si emplies de fantasy que plus rien n’existait autour du Bikini et le temps s’arrêta l’espace d’une soirée.
En restant simple avec une pertinence sans égal montrant une maîtrise de son art ayant traversé le millénaire, BLIND GUARDIAN est arrivé d’une manière théâtrale, où ses mythiques membres que sont André Olbrich à la guitare suivi du non moins talentueux Marcus Siepen, sont arrivés un par un, accompagnés de Frederik Ehmke à la batterie, Michael Schüren aux claviers et Johan Van Stratum (bassiste de Stream of passion) à la basse derrière un rideau transparent où dragons et chimères laissaient leurs sillons enivrer en quelques instants ces villageois avides de heavy speed fantastique où ne règne que fantasy, magie et autres histoires oniriques.
Quand enfin, arriva le tant attendu Hansi Kürsch avec sa voix si reconnaissable et envoûtante applaudi comme jamais par un public déjà conquis.
Mise en bouche magistrale, c’est avec « Imaginations from the other side » tiré de l’album éponyme que le récit débuta. Et immédiatement Hansi Kürsch s’est aperçu qu’il était venu en terre vassale puisque tout le monde connaissait les paroles des chansons, et le public chantait en choeur les refrains de ce titre d’anthologie qui date de 1995.
Avec une parfaite intelligence BLIND GUARDIAN a su harmoniser sa setlist, car ne l’oublions pas nous sommes devant le Guardien qui fait son « God Machine tour », un album sorti un an plus tôt, son douzième, sans compter les live, les compiles et les mini.
Par conséquent après une communion parfaite, c’est tout de suite qu’il fallait accélérer la donne avec « Blood of the elves » issu du terrible « The God Machine » qui avait tout de même mis sept ans à venir, vu que trois ans auparavant « Legacy of the dark lands » album symphonique attendu depuis plus de vingt ans, faisait office de parenthèse mirifique qui toucha de plein fouet la horde de fans par delà les océans.
Vitesse et puissance sur ce titre , ont remis les pendules à l’heure prouvant, comme s’il en avait été besoin, que BLIND GUARDIAN était un des porte étendards du heavy speed allemand depuis des décennies. Tout s’enchaîna avec une fluidité limpide et c’est dans une danse homérique que les chansons se succédèrent. « Nightfall » brillait de sa superbe et l’âme médiévale était mise en avant, tandis que « The scrypt for my requiem » lui donnait réponse en écho à une période bénie du groupe qu’était celle du combo « Imaginations from the other side » et évidemment « Nightfall in the middle earth », qui furent totalement mis à l’honneur ce soir.
Comme toute tournée pour promouvoir le dernier album, et même s’il fallait offrir aux fans un panel de la carrière si riche de ce groupe exceptionnel, il était bien entendu que des titres de « The God Machine » pénétreraient les interstices de la muraille avec « Violent shadows » qui comme pour « Blood of the elves », était bien là pour revenir à la vitesse, la puissance et l’agressivité dont savent aussi faire preuve les allemands. Ça permettait de conserver la chaleur à son paroxysme et ça se sentait de plus en plus dans la salle, certains le confirmeront, vu que l’ambiance était à son comble.
Alors que nous étions tous épris de finesse , il fallu impérativement rappeler l’univers fantastique de Tolkien toujours présent dans l’essence de la musique de BLIND GUARDIAN, ainsi quelle fut notre joie à l’écoute de la très acoustique « Skalds and shadows ».
La setlist était divine et choisie minutieusement avec les chansons suivantes :
Imaginations from the other side
Blood of the elves
Nightfall
The scrypt for my requiem
Violent shadows
Skalds and shadows
Times stands still (At the iron hill)
Secret of the american Gods
The bard’s song -In the forest-
Deliver us from evil
Lost in the twilight hall
Sacred Worlds
Lord of the rings
Valhalla
Mirror
Ils n’avaient pas oublié la magnifique « Secret of the american Gods », véritable phare dans la nuit du dernier album, qui avec ses envolées phénoménales a envoûté de plus belle un public à genoux prêt à se faire adouber en apothéose.
Et quelle ne fut pas notre surprise sans aucun répit avec immédiatement à la suite la tant attendue « The bard’s song -In the forest » qui nous ramena encore une fois jusqu’en 1992 avec l’album « Somewhere far beyond » afin de nous proposer un second titre acoustique d’une douceur et d’une dimension hors du temps et hors de notre univers. BLIND GUARDIAN est le gardien de toutes choses, le heavy speed a conservé ses couleurs d’antan et jamais il ne s’éteindra.
Après un rapide « Deliver us from evil » pour toujours représenter ce délicieux « The god machine » dont il est le premier titre, c’est encore une fois pour aller vers la fin époustouflante du concert que BLIND GUARDIAN a senti le besoin de rendre honneur aux vieux albums tels que « Tales from the twilight world » ou encore « Follow the blind » avec « Valhalla » qui montrent que l’époque bénie de la plupart des groupes se situe bien avant les années 2000, « Mirror Mirror » en étant un parfait exemple.
Lorsque durant une prestation comme celle-ci on observe le jeu de lumière d’une qualité inégalable avec un ingénieur plus que dévoué à leur musique attendu que celui-ci tapait avec ses baguettes sur sa batterie de lumière électronique en rythme avec la musique pour que tout soit harmonisé à la perfection et que la fin de l’aventure se termine en véritable apothéose, dans des effusions épiques mais surtout communicatives ; on ne peut que se sentir séduit et subjugué par cette gigue effrénée que nous ont offert BLIND GUARDIAN durant un peu plus de deux heures.
Merci à Hansi Kürsch pour ces moments intimistes avec le public, et son état d’esprit si communicatif. Merci à BLIND GUARDIAN pour sa musique intemporelle. Merci à eux pour ces moments de nostalgie, pour ces moments de heavy speed qui nous ramenèrent quelques années en arrière où même le chemin de retour avec presque deux autres heures de plus fut bénéfique à notre esprit si pollué par les bizarreries d’aujourd’hui.
Merci à SPM et à GARMONBOZIA pour organiser encore ce genre de soirées car le heavy metal est et sera à jamais présent dans le coeur et l’esprit des fans de la première heure et de ceux de la dernière pluie…
Crédits photos : Cousin (Minos Dante)
Arch Gros Barbare
26/10/2023