GATEKEEPER -From western shores-


18 avril 2023

GATEKEEPER.jpg (133 KB)

Groupe : GATEKEEPER

Titre : From western shores

Label : Cruz del sur Music

Année : 2023

Le second album des canadiens de GATEKEEPER est indubitablement une flamme sacrée que l’on ne peut éteindre, et sans prendre de véritable risque on sent que cet album qui vient de sortir est d’ores et déjà une référence dans le heavy metal épique actuel.

Epique parce que la musique de GATEKEEPER prend ce côté fantastique héroïque et grandiose que peuvent avoir les groupes tels que Atlantean Kodex ou autres Crypt Sermon et Argus, avec cette folie très heavy metal (et non pas doom) qu’on a pu avoir dans les années 80’s avec Manowar des premiers albums. GATEKEEPER ne va pas chercher dans le speed comme peuvent le faire Metalian, au contraire ils explorent un heavy metal racé où les guitares prennent le temps de s’exprimer pour donner naissance à des atmosphères qui enveloppent constamment l’auditeur dans un univers si particulier.

Immédiatement le titre de l’album , le premier titre, vient tout de suite poser ce décor avec des solos purement magiques, et on prend plaisir à admirer le travail visuel de Duncan Storr, maître absolu pour ce genre d’illustrations, puisque l’on reconnaît sa patte légendaire qui a déjà été utilisée à maintes reprises pour Skyclad.

L’album prend forme rapidement, « Death on black wings » scinde l’air encore une fois de ses guitares ardentes, prises dans un tourment plutôt new wave of british heavy metal, et le morceau propose quelques airs fantasy que pouvait avoir Blind Guardian dans ses premiers albums, mais la sublime voix de Tyler Anderson (aussi chanteur de Odinfist) y est pour beaucoup, ne nous voilons pas la face.

Et là, c’est parti, l’album déroule comme un hymne ultime au heavy metal épique, sans aucune rature, ni aucune faute de goût, « Shadow and stone » enfonce le clou, tandis que « Exiled king » se présente comme le titre qui rassemble les troupes, celui qui permet de récupérer avant de repartir en croisade, avec cette particularité très guerrière qui s’approche par endroits de la facette épique que peuvent avoir les derniers Rotting Christ sur les guitares, notamment l’album « Aealo ».

Cet album s’écoute comme une histoire, comme une épopée, les samples presque invisibles sont là pour accentuer le relief et la musique de GATEKEEPER est là pour dessiner le monde car chaque couleur, chaque nuance est guidée par les harmonies et les choeurs des autres membres du groupe accompagnés de Megan Marie et Chris Osterman.

Produit par Jeff Black lui-même (qui avait commencé ce projet en solo au départ ), entre 2020 et 2022, cinq ans plus tard GATEKEEPER écrit un album bien au dessus de « East of sun » qui bien qu’il fut pertinent, n’a pas la dimension de ce nouvel album, et encore une fois, disons-le la voix de Tyler Anderson transcende les titres, même si celle de Jean-Pierre Abboud (chanteur de Traveler) n’était pas en reste.

« Nomads » vous fait traverser les terres, et en meilleurs troubadours que Wytch Hazel , GATEKEEPER vous conte en presque cinquante minutes les légendes d’un monde inconnu. « Twisted towers » en fin d’album permet de conserver une vitesse toujours propice aux solos et aux envolées épiques.

Pas un seul faux pas, jusqu’à la fin avec « Desert winds » aux fières allures plus traditionnelles, avec un passage éthéré laissant planer l’ombre de la mort sur le champ de bataille, on s’aperçoit que GATEKEEPER nous a amené loin, très loin au-delà de ce que les dernières années ont pu nous offrir, pour revenir en arrière vers quelque chose de plus émotionnel, et une fois de plus le solo sur ce titre typiquement heavy traditionnel nous offre de quoi nous délecter pendant de longues minutes.

« Keepers of the gate », le voici le chef d’oeuvre de cet album, et il est placé en tout dernier. Vitesse, mélodie, envolée, profondeur, tout y est. Ce morceau referme le livre d’une manière tellement parfaite que même sa longueur un peu prog de plus de huit minutes, n’entache en rien sa puissance et sa portée.

Avec « From western shores », GATEKEEPER écrit un album phénoménal dans un road trip heavy très épique aux contours traditionnels, et même ici la sensation de déjà vu est t passée derrière la fraicheur, la manière de jouer et de mettre en valeur une production à l’ancienne.

Il y avait longtemps qu’un album de heavy n’avait pas réussi à sortir des chemins tous tracés d’un style actuel trop true pour être vraiment bon, GATEKEEPER l’a fait et bien fait.

Arch Gros Barbare

18/04//2023