
19 avril 2023
Groupe : ICE AGE
Titre : Waves of loss and power
Label : Sensory records/Solstice Promotion
Année : 2023
Découvrir en 2023, de vieux groupes qui existaient en 1991, comme on a pu le faire pas à pas dans l’autre millénaire , est chose surprenante vu qu’avec internet tout devient accessible en un rien de temps sans approfondir l’écoute. Et découvrir un groupe comme ICE AGE, c’est extraordinairement savoureux, quand tout le monde a tendance à se ressembler, quand tout le monde marche dans les pas des autres, tels le centipède humain.
ICE AGE c’est de la musique progressive rock/heavy comme on n’en fait plus de nos jours. Alors bien sûr le groupe possède un soupçon d’humour lorsque l’on scrute la pochette de Björn Gooßes , avec son château éphémère et son cheval de bataille, mais la magnificence de ICE AGE réside bien évidemment dans sa musique.
Les américains, n’avaient rien sorti après leurs deux albums « The great divide » en 1999 et « Liberation » en 2001, mais lorsque le destin est en marche, on ne peut lutter contre. Et le changement de nom n’a influé sur rien du tout puisque le groupe a repris ses racines, son nom, puis est revenu à ses origines.
Voici donc un retour aux sources qui montre le talent d’écriture des groupes de prog, et ici aussi celui de ICE AGE. Outre les influences des univers de Yes, Kansas, Dream Theater, Symphony X, Queensrÿche ou bien Genesis, cet album c’est plus d’une heure de folie, d’allégresse, de magie, de complexité, de technique et de rêves.
Plus d’une heure de musique purement progressive rock et heavy s’étale sur huit titres majestueux où ICE AGE réussit de manière plus que mature, plus de 24 ans après son premier album, à rassembler les esprits de groupes cultes en une seule concentration de titres très longs pour la plupart, mais divinement bien proportionnés.
Si « The Needle’s eye » est là pour mettre le doigt rapidement sur la technique et l’esprit prog pur, où justement les pensées Queensrÿche et Dream Theater seront plus logiques, l’album évolue constamment et propose autre chose que de la simple musique progressive pour l’être.
Le chant de Josh Pincus s’envole de toute sa splendeur dès le départ, et une fois en vitesse de croisière, sur « Riverflow » la magie opère. ICE AGE vous amène dans des endroits inexplorés, autant le titre s’éclate en mille morceaux et on retrouve les atmosphères des années 70/80 avec un savoir faire chirurgical en guitare , autant le titre se rassemble comme les particules d’un atome pour exploser de toute son âme dans une apothéose colossale.
Tandis que sur des morceaux tels que « Perpetual Child Part II : Forever » ICE AGE revient plus facilement à l’esprit combatif de certains groupes metal/prog comme Fates Warning, Symphony X. On reste langue pendue devant tant de talent et de génie de composition où les éléments s’enchainent et se déchainent pour offrir aux chansons autant de nuances qu’il est possible d’en avoir.
Cette facette épique annoncée sur les illustrations se ressent grandement sur la plupart des titres, et une fois de plus la terrible voix de Josh Pincus, va haut et loin, très loin.
Comme pour tout groupe de prog, chaque instrument est important, chaque seconde compte, et ce sera réellement sur « Together now » que la basse pourra gravir la montagne sacrée pour mener sa danse dans une chanson absolument fédératrice. A partir de là, on s’aperçoit du travail de fond de chaque instrument, plus que de la beauté impériale de chaque chanson. ICE AGE se veut plus rentre dedans, plus technique et incisif. On y retrouve ce qui fait le côté plus metal que l’on a chez des groupes tels que Qantice, avec « All my ears », ainsi que « Float away » qui swinguent de toute leur essence.
Un voyage impressionnant que ce « Waves of loss and power », où ICE AGE nous offre un billet sans destination, et nous fait vivre comme un gentlemen la découverte de son monde épique. On respire, on s’enivre de titres tels que « To say Goodbye part IV : Remembrance » où le piano a la part belle en instrumental pendant plus de deux minutes, pour ensuite amorcer le grand final « To say goodbye, Part V : Water child ». Un titre de plus de quatorze minutes, chaleureux, profond qui met encore plus en valeur le travail de mixage et de masterisation du célèbre Rich Mouser (Spock's Beard, Transatlantic, Dream Theater)
« Waves of loss and power » est un album ultime de la musique progressive, pondre aujourd’hui des albums de cet acabit n’est plus vraiment donné à tout le monde, et lorsqu’il arrive à vos oreilles, ne lui refusez pas l’entrée, vous serez surpris par ce que vous écouterez et serez surpris de la manière dont vous allez l’aimer.
Arch Gros Barbare
18/04//2023