
16 octobre 2023
GROUPE: LUNAR TOMBFIELDS
TITRE ALBUM: An arrow to the sun
LABEL: Les Acteurs de l’Ombre Productions
DATE DE SORTIE: 2023
Découvert au Muscadeath 2022, LUNAR TOMBFIELDS laissait une bonne impression sur scène, et leur black metal contemporain et atmosphérique produisait exactement ce goût d’amertume auquel on s’attend en écoutant ce genre de musique. Si leur premier album « The eternal harvest », bien que très plaisant permettait de découvrir la musique de ces deux musiciens provenant de groupes tels que Natremia/Defenestration/Absolvtion… Il est indéniable de penser que ce nouvel album « An arrow to the sun » est une véritable flèche plantée dans la lumière faisant ainsi tomber le rideau de grisaille qui pollue l’âme de bien des citadins ces dernières années. Parce que la musique de LUNAR TOMBFIELDS est citadine et offre un ciel de ténèbres aussi noir et gris que la brume qui entoure nos grandes métropoles dans l’hexagone, où les corps gisant au sol à cause de leur vie insipide, décimés par les atmosphères suffocantes d’une musique emplie de désespoir, se désagrègent avec le temps.
Ce nouvel album est esthétiquement noble parce qu’un digipack mat sera toujours plus noble qu’un digipack brillant. Mais c’est subjectif, cependant l’artwork de Sözo Tozö, les illustrations le lay-out, la police, la photo du duo, sont autant de détails anodins mais qui tous assemblés offrent à cet album quelque chose de solennel, quelque chose de fort...quelque chose chose d’auguste.
Dans ce cercle relativement fermé de black metal atmosphérique d’aujourd’hui, le chant ne sera jamais réellement guttural, mais éraillé, torturé insistant donc sur ce supplice aux milles tourments que l’on peut ressentir à l’écoute de ce nouvel album.
Production impeccable du Drudenhaus, entrée introductive très émotionnelle, dans une mesure commune à la musique de Idolos, LUNAR TOMBFIELDS se répand intelligemment. En un peu plus de trois quarts d’heure sur seulement six titres, malgré tout LUNAR TOMBFIELDS raccourcit ses morceaux pour ne pas réitérer les longueurs parfois douloureuses du premier album.
Toujours à danser avec le diable au clair de lune, le duo sublime son black metal en lui donnant autant de détresse et d’écorchures dans ses atmosphères réellement mises en avant, et si « An elegy to the fog dancer » est une bonne chanson d’ouverture, c’est sur « Solar charioteer » que pèse le travail de fond. Ce titre alors que le décor est enfin posé par son prédécesseur, permet d’écrire l’histoire et de développer les ambiances occultes. On entre réellement dans l’album parce que LUNAR TOMBFIELDS joue avec les émotions, en imposant des trêves mélodieuses pour ensuite mieux attaquer dans l’intensité.
Une fois à l’intérieur du soleil, gangrené par le mal, c’est « Représailles » qui fait son office de Ténèbres. Ce titre est d’une profondeur redoutable, même si l’éloquence présente sur un passage aurait pu être moins mécanique ce qui aurait donnait plus de relief aux émotions.
Mais rattrapée par des mélodies si mélancoliques et noires, preuves de l’état d’esprit du monde actuel, cette chanson vous amène avec « ses trompettes de feu, au crépuscule de l’espoir » pour observer « les ternes lueurs des bûchers illusoires ».
Tout s’enchaîne naturellement comme si l’ensemble était homogène ne faisant qu’un et c’est ainsi que « The amber herd » se place entre deux violences, pour ré-ouvrir les blessures non encore suffisamment guéries, parce que les guitares sur ce morceau et ce chant clair parlé donnent une spiritualité réellement écrasante non seulement à la chanson mais à l’intégralité de l’album.
LUNAR TOMBFIELDS avec « An arrow to the sun » confirme la pertinence de sa plume quant à l’écriture d’une bonne musique et arrive à faire sa place au milieu de nulle part pour que le noir prenne une nouvelle tonalité et que ses nuances soient encore un peu plus prononcées.
Arch Gros Barbare
16/10//2023