MORNOSS - Solitude -


07 juin 2023

MORNOSS COVER.jpg (72 KB)

Groupe : MORNOSS

Titre : Solitude

Label : Drakkar Productions

Année : 2022

Loin des projecteurs, loin de tout d’ailleurs, certains projets, certaines formations n’ont de visibilité que la force de leur volonté et la puissance de leur ténacité, mais en fait elles n’en ont rien à branler de la visibilité.

Ce duo formé de Martyr et Gornoss est l’exemple même de l’authenticité dans la musique, qu’elle fusse bonne ou mauvaise (la musique), parce que ces mecs vont au bout de leurs envies quoi qu’il advienne. Ceci dit, ils ne sont pas innocents, car leurs mains déjà maculées de sang ont déjà été recrutées auparavant dans des formations connues et reconnues. C’est le cas pour Martyr, ce « gigantesque » musicien qui ne touche pas aux cordes de guitares, y préférant des vocaux infernaux. C’est le cas aussi pour Gornoss, qui s’occupe de tous les instruments. Et ce dernier a manié de la baguette (entre autres évidemment...) sur la dernière année d’un groupe culte aujourd’hui lointain : Lycosia. Qui, si dans ces débuts avait fait un peu de thrash, aura été nettement plus connu durant sa période gothique avec « Unisex » et « Lycosia » sortis en 2001 et 2003. Mais c’est après la sortie de « Midnight Rock Celebration » que le mystérieux Gornoss rejoint les furieux, pour que le groupe splitte deux ans plus tard.

Voici alors qui sont MORNOSS, la fusion fraternelle de deux entités différentes et pourtant complémentaires. Et c’est certainement ce mélange d’univers qui permet à MORNOSS de proposer un black metal qui reste underground dans sa noirceur et sa froideur, mais aussi qui possède une sonorité étrange dans sa production aux reliefs synthétiques, surtout à la batterie avec des influences qui rappellent quelque part les « Stareïe Kachtane » et autre folie presque électro de « Scythia ».

Mais de plus, sans aller jusque là, ce premier Ep trois titres de MORNOSS possède certainement quelques ambiances tordues d’un Mysticum de « In the streams of inferno » par rapport à sa robotique industrielle que l’on ressent dès le premier titre. Pourtant ses couleurs se rapprochent  plus d’un « De Mysteriis Dom Sathanas ».

Il est court ce ep, vu qu’il ne fait à peine plus de treize minutes, et si les claviers vous ramènent aux nappes italiennes et morbides  des Evol , on sent que MORNOSS a voulu rester roots dans sa production autant que dans ses compositions.

« Solitude » râpeuse et primaire, possède des guitares dirigées vers black/death metal, dans tout ce qu’il y a de plus underground en fait, et les vocaux de Martyr n’offrent rien de plus simplement que l’ouverture d’un monde tourné vers le lugubre. Encore une fois, les samples, les différentes voix et effets qui y sont ajoutés, proposent une atmosphère très atypique qui n’est pas entièrement black metal, mais plutôt dans quelque chose proche d’un « Bal des vampires » à l’italienne imprégné d'un savoureux théâtralisme.

C’est sans doute à ce moment là, que l’esprit black/doom des 90’s pointe le boute de son nez, car sur ce titre au deuxième tiers, on retrouve cette image des groupes death/doom et leur mélancolisme de l’époque exacerbé par une poésie outrancière.

Du coup, « Lake of sorrow » montre de manière fantômatique quelques inspirations goth de Gornoss. Leur black metal sur ce morceau là, conserve sa noirceur mais se tourne vers les ambiances troublées et troublantes de ce que propose la vraie musique gothique, (pas celle des frous frous et des voix de sirènes, mais celle d’une autre monde, en décalage avec la société), avec une légère tendance à pénétrer dans la musique industrielle à la Pitch Shifter meets Godflesh ; rappelez-vous « Industrial » et « Streetcleaner ». Eh bien MORNOSS prend le plus dérangeant et transpose ça dans quelque « sombritude » black metal très  personnelle.

Enfin « Mortuary fall » plus sauvage, revient dans cet esprit martial sous jacent qu’on entend depuis le début et qui bourdonne dans les oreilles, et se fait militairement plus violent. Si MORNOSS joue encore sur deux tableaux, les anciens mélangent leurs envie de mort avec un titre plus court, plus agressif, bien plus agressif à tous les niveaux ; et leur désir de ténèbres, même si on peut leur reprocher une froideur parfois par endroits, un peu fade.

C’est avec une indécision des plus inattendues que l’on arrive à la fin de ce trois titres, et plus on l’écoute, plus l’indecision est présente quant à savoir ce que l’on en pense vraiment. Peut-être est-ce là la force de MORNOSS, le fait de trancher sans que la chair puisse vraiment pencher d’un seul côté.

Arch Gros Barbare

07/06/2023