CFR -Luciferian Light-


14 mars 2023

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Groupe : CFR

Titre : Luciferian Light

Label : Autoproduction

Année : 2022

Odeur de souffre, fumée de mort et enveloppes charnelles entassées dans les tréfonds de l’enfer, la prophétie s’accomplit. Vous aurez beau chercher dans vos livres mystiques, l’issue est la même. Enfin tels que le décrivaient les groupes de death metal à l’ancienne surtout vers la fin du siècle dernier.

Et CFR a composé ici un album inspiré par les Dieux anciens, on y retrouve absolument la noirceur, la profondeur ténébreuse et la puissance malsaine des premiers Morbid Angel, des premiers Deicide, des Krisiun et même des premiers Suffocation.


Le côté primaire d’un «Altars of madness», la violence d’un « Black force domain », le rituel d’un « Lunatic of god’s creation », la voix et la puissance d’un « Breeding the spawn » sont bel et bien là, et on sent que les mexicains se sont arrêtés dans les années 90’s puis ont posé définitivement leur sac.

Véritable hommage, ce « Luciferian light », unique production du groupe sortie en 2022, est un album typiquement issu des entrailles de l’âge d’or.

Moins de trente minutes de brutalité pour ne pas laisser le chaland végéter comme dans un cours de yoga en maison de retraite ; artwork et design en adoration pour le malin, loin des standards actuels, batterie qui ne renifle pas le trigg à outrance, qui sent le terroir et les mains calleuses, mais surtout une atmosphère luciferienne à chaque note.

Douze titres courts composent cette œuvre bestiale où l’épaisseur des riffs primitifs devient la manifestation physique des humeurs fantasques de leurs créateurs.

On sent et ressent l’épaisseur de leurs rythmiques qui bourdonnent comme une nuée de sauterelles, notamment sur « Addicted to flesh » ou « H.AT.E », et qui accentuent la rage et l’intensité morbide d’un death metal parfois fangeux.

Dès la toute première impression, évidemment on peut se dire que CFR n’annonce pas une fin heureuse, et c’est le cas. Parce que tous les morceaux sont des incantations blasphématoires , on retrouve des incursions « suffocantes » sur « Vermin », « The bullshit doctrine » (où d’ailleurs Leo se lâche littéralement dans des vocaux plus horrifiques et contés), ou encore des explorations dans le temple des damnés, pour en faire un carnage avec « Luciferian light », véritable lieu de culte érigé en chapelle pour goules.

CFR a trouvé sa personnalité dans un death metal déjà bien rodé partout sur la planète, cependant chaque titre possède son lot d’histoire, gorgé d’anecdotes musicales, comme « Lividinous livor mortis » et son thème principal ; et plus on avance dans l’album, plus on rentre dedans et plus on en voit ses qualités intrinsèques et son côté « evil » totalement authentique.

Finalement on arrive au terme du disque sur les derniers morceaux, sans avoir vu le temps passer, tandis que cette ultime partie est sans doute la plus enivrante, s’enchaînent la très courte « Carrion degustation » qui fait moins de deux minutes (comme « Lividinous livor mortis » ceci dit) , puis « Spit the cross, do not pray » proche d’un « When satan rules his world » d’un Deicide des familles.

Comment passer à côté d’un album aussi sombre ?

Comment ne pas se sentir grisé musicalement par tant de bestialité primitive ?

« Luciferian Light » est un hymne à la mort qui vous tient en vie jusqu’à votre dernier souffle ; après la terrible « Raped by divinity », après la plus qu’atypique « Beyond silence of death » (qui pose le linceul sur vos visages et qui fait office d’exception sur l’album avec son chant espagnol, et sa musique plus stellaire), CFR qui vous a guidé de sa lumière un peu plus profondément vers les ténèbres, vous laisse en paix avec vous-mêmes.

Voici un album qui passe sous les radars, mais qui mérite, avec en plus une version digipack qui met bien en valeurs les artworks, qu’on y prête plus attention, et du moins qu’on aille y jeter quelques oreilles pour se faire une véritable idée de l’efficacité de CFR.

Arch Gros Barbare

14/03/2023