IDOLOS -Interview- 29/03/2020


29 mars 2020

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Entre atmosphères poétiques, black metal et post-black metal IDOLOS surgit de nulle part et pose son univers avec une singularité propre. Complexe dans son concept, profond dans ses idées, MgRcH explique ce qu’est IDOLOS et comment est construite sa musique...

Salut à toi, qui est IDOLOS parce qu’on a la sensation que tout est mystère au sein de votre duo et finalement on ne sait que peu de choses ; si ce n’est pour toi, que tu avais créé VULV, ce projet plutôt black où tu avais sorti « Attouchements », et aussi COURNON THRASH BRIGADE qui était plutôt thrash, et tu joues ou as joué dans AU CHAMP DES MORTS il me semble ? Alors qui êtes-vous vraiment ? Et dans un second temps, quelle est votre vision musicale, parce que lorsque l’on se situe dans un black atmosphérique, et le terme est à prendre avec des pincettes, où finalement on peut découvrir autant de choses plutôt post-black voire shoegaze, avec des passages de guitares relativement heavy, cela laisse perplexe quant à la manière dont on peut situer vraiment votre musique ?

Derrière IDOLOS se cachent deux entités vénusiennes qui ont pris l’apparence physique de NnK et MgRcH (qui a en effet pu officier dans les projets musicaux que tu évoques). On a pu entendre NnK dans Consanguinitë, Scar, mais également dans VulV. NnK s’occupe de la transcription visuelle et vocale du message, je m’occupe de sa mise en musique. Cet Ep est un message qui prend pour forme d’expression ce que vous appelez le « Black Metal ». La base reste le Black metal même si le rendu est éthéré et atmosphérique. En ce sens et par moment, il peut se rapprocher de la tendance « Post-BM ». Quant aux sonorités heavy dont tu parles, elles font partie de notre ADN vénusien.



Pour rester un peu dans ce milieu des étiquettes que beaucoup disent détester, on a l’impression qu’au fur et à mesure des années, il s’est creusé, peut-être à cause du conflit de générations, c’est possible, une espèce de fossé, entre le vieux black metal comme il était conçu à ses débuts, et ce que l’on peut découvrir maintenant. Je veux dire que le black metal s’oppose parfois à lui-même ; si la jeune génération est totalement ouverte à ce que l’on appelle le « post black », on a l’impression qu’il y a un conflit de courant entre ceux qui avaient l’esprit guerrier, ce qui ne semble plus le cas aujourd’hui où tout est plus intellectuel que primaire, plus érodé dans la mélancolie que tailladé dans la souffrance. Même votre Ep « Ahi cab » propose quelque part des couleurs qu’on n’aurait jamais osé mettre vingt ans auparavant ? Est-ce que des groupes comme Alcest, Altar of plagues ou encore en tirant par les cheveux, Solstafir, ont changé la donne ? Est-ce que la manière d’aborder certains sujets est aujourd’hui plus cérébrale que combative ? Vous en pensez quoi ? Le black metal comme il était n’est-il plus aujourd’hui ? Est-ce que la transition a pu être faite avec des groupes comme Agalloch ? Oui, ça fait beaucoup de questions en même temps...

Autant de questions d’un coup, je vais saigner (bleu) du nez Arch… Musicalement et visuellement, cet Ep propose un ensemble coloré, vif et intense… Il a pour thématique la cosmogonie Maya à travers une clé de lecture vénusienne. Cette civilisation faisait un usage très marqué des couleurs, notre artwork a voulu s’inscrire dans la même veine. La musique se veut atmosphérique et progressive. Elle présente des contrastes entre des sonorités sombres et des ambiances plus lumineuses. Je ne sais pas si les groupes dont tu parles ont changé la donne. Si ces groupes ont produit de très bons albums et ont pu être inspirés, ils ont malheureusement et malgré eux donné naissance à une scène franchement dispensable, pédante et bien éloignée de ce qui faisait l’essence du black metal. Je pense qu’il y aura toujours des groupes qui proposeront une vision littérale et pure d’un style et d’autres qui auront une vision plus ouverte, libérée des contraintes. Il y a 25 ans, Blut Aus Nord, Burzum, Summoning, Ved Buens Ende, Sigh, Arcturus, Enslaved, Fleurety faisaient déjà un black-metal qu’on pourrait qualifier de progressif. Ce que je cherche à dire, c’est que le back metal n’a pas attendu les années 2010 pour cultiver une certaine originalité dans ses rangs.


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Alors ce projet IDOLOS, comment a-t-il été pensé, car finalement on s’aperçoit, comme soulevé avant, qu’il est très complet au niveau du concept, très fouillé, très travaillé peut-être nettement plus à ce niveau, qu’au niveau musical ? Je veux dire par là qu’il faut être attentif à tout ce que vous avez pu mettre à l’intérieur des paroles, du sujet, de l’ambiance... Est-ce que tu peux expliquer de quoi cela traite exactement et si en fait cela a pris plus de temps à créer que la musique en elle-même ? Tandis que l’espace se réserve bien souvent aux groupes de prog, ou de death technique, sans doute par méconnaissance, mais j’ai l’impression qu’en matière de black atmosphérique /post black c’est déjà plus rare non ?



Nous sommes des IDOLOS Vénusiens, nous avons pris possession des corps de NnK et MgRcH pour bénéficier de leur savoir-faire en matière de composition en général et de « black metal » en particulier. Nous sommes venus délivrer un message aux Terriens qui se livrent à leur propre autodestruction. Nous essayons de les reconnecter à leur passé (à travers différents récits cosmogoniques) pour assurer leur avenir. « L’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue ». Les trois premiers Ep que nous allons proposer vont chercher à reconnecter l’Humain au Popol Vuh maya et aux enseignements dispensés aux Mayas par le peuple de Venus. La musique a été créée avant la maturation complète du message. Le message a en quelque sorte été inscrit sur une trame musicale composée en 44 après Raël (2017 en temporalité terrienne chrétienne). Le deuxième Ep dans son approche musicale sera davantage empreint de sonorités retro-futuriste et témoignera d’une conscience alienigène encore plus marquée.



Chose plutôt rare, il s’agit d’un Ep et en fait il sort déjà sur un support signé, mais pourquoi sur deux labels différents, avec un en format cristal et l’autre en format digipack ; qu’est-ce qui a fait que pour l’occasion, vous puissiez avoir le choix (pas dans la date) de proposer deux types de support cd en fait parce que pour un premier Ep, bien souvent, cela sert aujourd’hui de démo et jadis, c’était l’autoprod qui primait ?

Nous sommes venus de Vénus mais en raison de la situation sanitaire, nous ne sommes pas venus «à pied par la Chine ». Notre message a d’emblée plu à Anthrazit Records (Allemagne). Andreas, le label manager, nous a proposé un accord assez ouvert, sans exclusivité, en nous laissant une liberté artistique totale (notamment sur les artworks). Parallèlement, Wolfmond Productions (Allemagne) s’est également montré intéressé, à condition de proposer un produit un peu différent et « upgradé ». On s’est donc mis d’accord pour travailler avec ces deux labels en proposant deux produits différents et une sortie décalée. Il faut savoir qu’il s’agit de petits labels gérés par des passionnés pour des passionnés, c’est aussi ce qui nous a plu. Dans le courant du printemps, sortira donc une version digipack d’Ahi Cab avec une pochette différente et un morceau bonus : « Blue Blooded Beings ».


Est-ce que le fait de composer de l’atmosphérique black metal te permet de donner naissance à de la poésie quelque part, parce qu’avec des titres de plus de six minutes, il se peut fort que l’on puisse poser de véritables ambiances, mais cela peut-il poser le problème de quand savoir s’arrêter ? Parce que lorsque l’on compose, on a peut-être tendance à vouloir aller toujours plus loin dans le même morceau, pour appuyer un peu plus les atmosphères, avec la peur à un moment de tomber dans les abysses de l’ennui ? Qu’en est-il pour vous ?

Nous délivrons un message qui s’appuie sur un récit cosmogonique riche qui nécessite une musique qui prend le temps de se développer dans le temps. Cela dit, nous essayons d’éviter les choses trop répétitives ou pénibles en privilégiant les rebondissements. Pour chaque morceau, il y a pas mal d’alternances sans qu’il y ait non plus 75 parties. On joue sur les rythmiques, les breaks, les superpositions de couches. C’est aussi pour ménager l’auditeur que nous avons choisi un format Ep. Nous voulons que les Terriens restent concentrés sur chaque partie du message, c’est pour cette raison que nous avons décidé de le fragmenter.

Cependant on constate quand même que vous n’oubliez pas, comme c’était précisé au début, de revenir aux racines parce que la guitare, enfin une certaine mélodie de lead, vient chatouiller fortement sur le solo un petit peu le monde du heavy metal notamment sur « The deeds above » non ?

Les leads et solos, quand ils sont utilisés avec parcimonie viennent apporter une bouffée d’oxygène vénusien aux morceaux tout en renouant avec la tradition phallique du heavy metal.


Il y a, au niveau des vocaux, une espèce de volonté de rester très voilé, très brumeux, et l’alternance du lead vocal et des backing, tels que sur « The summoners », permettent en tous les cas à l’auditeur de s’apercevoir de ce contraste. Alors de quelle manière avez-vous souhaité au départ faire votre approche vocale, parce que si le chant est caverneux à souhait, vous n’avez pas eu la facilité ou l’inspiration d’y ajouter des vocaux clairs pour continuer le côté râpeux, est-ce que ça vous a tenté à un moment donné ou pas ?

Non. Nous voulions proposer un message tout en contraste avec une musique pouvant être très lumineuse et harmoniquement riche d’un côté et un chant caverneux et sale de l’autre. Rajouter des vocaux clairs aurait été trop convenu. Le chant et la production en général sont produits avec beaucoup de reverb. Ce parti pris musical évoque le pulsar distant émis depuis Venus, le trait d’union brouillé entre le passé et l’avenir.



On parlait de Alcest ; si certains passages de votre musique peuvent y avoir quelques références sur « The deeds above » ou « The maiden and the tree », est-ce que les atmosphères comme Burzum a pu créer, font parties de vos inspirations lointaines ?



Oui ainsi que tout ce qui relève du black metal mid-tempo comme Forgotten Woods, Abyssic Hate ou d’un black metal classé comme progressif (Enslaved, Arcturus…) ou encore la scène méditerranéenne (Rotting Christ, Necromantia, Mortuary Drape…) et même du doom (Rippikoulu, Unholy…), du kraut rock (Tangerine Dream, Klaus Schulze…) et certaines musiques de films (les BO composées par Goblin, Popol Vuh, John Carpenter…)



IDOLOS tel qu’il est aujourd’hui se produira-t-il sur scène ou pas ? Ou au contraire il restera quelque chose de très studio ? Certains musiciens voient la scène comme l’ultime finalité, comme l’ultime passage obligé d’un groupe pour ne pas mentir ou tricher. Quelle est votre vision sur la scène et l’enregistrement studio ? Est-ce que la musique est ressentie différemment et peut parfois être sublimée en studio, tandis qu’elle perdrait de sa splendeur en live ? C’est possible selon vous ou pas ? Une espèce de transcendance qui n’aurait pas besoin du contact d’un public, sans partage ; une musique qui se suffit à elle-même en fait ?

IDOLOS ne se produira pas sur scène ni aujourd’hui, ni demain. Plusieurs raisons viennent nourrir ce refus. Premièrement, nous pensons que la musique d’IDOLOS, avec ses compositions longues et atmosphériques, ne se prête pas spécialement à une écoute collective. C’est une expérience individuelle, immersive à envisager dans de bonnes conditions d’écoute. Deuxièmement, nous sommes un duo. La mise en place d’un concert nécessiterait de recruter des musiciens de session, et un temps de préparation considérable. Le temps nous est compté ; nous ne sommes pas sur Terre pour une durée indéterminée. Nous devons nous consacrer à l’écriture de notre message. A mon sens, certains styles se prêtent plus à la scène que d’autres. Pour moi, le black metal n’en fait pas partie. Dans 90% des cas, il y a une forte déperdition dans le rendu scénique car il est très difficile de retranscrire les ambiances qui font la particularité de ce style. Je pense que la musique (comme la lecture) ne doit pas nécessairement s’envisager sous l’angle du partage. C’est avant tout une rencontre entre l’œuvre et l’auditeur.

Lorsque l’on crée une musique, lorsqu’on la joue, et lorsqu’on l’enregistre, ce sont des sensations différentes, mais combien de temps a pu s’écouler entre ce que vous avez pensé, ce que vous avez joué, ce que vous avez eu envie d’écrire, et le résultat que vous lui avez donné ? Est-ce que vous avez mûri la musique d’IDOLOS ou il vous fallait rapidement la possibilité de mettre ça sur cd pour mieux avoir conscience de votre inspiration ? Certains groupes prennent leur temps ; je prends pour exemple Moonskin qui a sorti son album pas mal d’années après sa création ; et d’autres ont besoin à tout prix de sortir quelque chose rapidement. Que ce soit dans l’underground ou pas, quand on voit la capacité d’écriture de Vader et certains autres, c’est phénoménal. Alors, comment se positionne IDOLOS dans tout ça ?

Notre message était rédigé depuis longtemps sous sa forme musicale (3 années terriennes) ; la mise en forme textuelle, l’approche conceptuelle ont mis un peu plus de temps à murir. Il s’est donc écoulé plus de trois ans entre notre arrivée sur Terre et la mise à disposition de ce premier message. La machine est à présent lancée et la suite du message est déjà pré-écrite, donc nous devrions prendre beaucoup moins de temps, ce qui est bien car le temps est compté (Covid 19). Nous entrerons très prochainement en phase d’enregistrement. Comme pour le premier Ep, NnK travaille à la mise en place vocale et graphique du message. Je m’occupe de la composition musicale. Je suis du genre à prendre le temps mais à présent, le temps presse. Nous devons émettre un maximum de signaux avant de nous retirer sur Venus.


J’en reviens juste un moment à votre signification et votre concept ; ce logo spécifique où quelque part on lit « IDOLOS » me semble-t-il, a-t-il une particularité spécifique en lien avec justement le concept du Ep ?

Les IDOLOS sont de mystérieux hommes à sang bleu, fruits des rapports charnels entretenus entre un cosmonaute vénusien et une Terrienne. Les Péruviens parlèrent d’« Idolos » ; en Europe septentrionale, ils parlèrent de « fées ». Les héros mythologiques sont également le fruit de cet accouplement. Les IDOLOS constituent une sorte d’élite. Par extension, on a pu associer les IDOLOS aux voyageurs de l'astronef vénusien, habitants des sommets de Vénus, là où le gaz carbonique des vallées fait place à un air plus pur et plus proche de l'air terrestre. Si on explore les textes, on peut apprendre que les Atlantes ont fondé la civilisation égyptienne. Osiris et Thot, représentés en vert dans l’iconographie égyptienne, venus en Égypte et n’y trouvant pas les conditions de vie d’un pays de hautes montagnes, mais au contraire une plaine au climat chaud et ensoleillé, ont vu leur teint modifié par le hâle qui a fini par leur donner une peau olivâtre (bleu + jaune) représentée par la couleur verte sur les dessins des premiers Egyptiens.

Même si aujourd’hui les groupes n’ont plus vraiment besoin de chroniques ou interviews car ils maîtrisent leur image, leurs infos, se filmant eux-mêmes, et faisant leur communication tout seuls, comment a donc été accueilli IDOLOS un peu partout, parce qu’on s’aperçoit que votre Ep a été accueilli plus à l’étranger qu’en France ; est-ce que c’est l’œuvre des labels ou de votre propre travail ?

Notre but est de faire entendre/comprendre notre message. Nous avons sollicité les medias terrestres de tous les pays pour assurer une couverture mondiale à nos propos. Pour l’heure, la France a un peu moins répondu présente à notre appel mais les prises de contact sont toujours en cours. « Ahi Cab » a été très bien accueilli. Nous déplorons le fait que certaines rédactions (bien qu’ayant apprécié la forme musicale du message) n’ont pas compris l’articulation spatio-temporelle de notre propos qui se situe à la fois dans le passé et le futur, sur Terre et au-delà. Mais les entretiens que nous donnons nous permettent de préciser les points sombres. Nous nous sommes chargés personnellement de toutes ces prises de contact.

Pour en finir avec les questions, on vous laisse terminer par le où et comment on vous écoute et on se procure votre Ep...

Pour se procurer notre Ep dans sa version « cristal de Vénus » : https://anthrazitrecords.bandcamp.com/album/ahi-cab

D’ici la fin du printemps, il sera disponible au format digipack, auprès de Wolfmond Production : https://wolfmond-production.de/ avec une « extraterrestrial » track intitulée « Blue Blooded Beings », un artwork différent et un livret complet.

Pour se tenir au courant, j’invite vos lecteurs à s’abonner à notre page : https://www.facebook.com/cosmosidolos

Pour nous écrire : cosmosidolos@gmail.com

Un grand merci à toi Arch et bravo à Cabale qui propose une programmation fantastique que nous parvenons à capter même de nos contrées vénusiennes. Merci pour ces questions intéressantes, qui sortent un peu des poncifs du genre. Elles nous auront aidés à préciser nos intentions.

REMEMBER : Tula is the twin sister of Thule



Arch Gros Barbare

29/03/2020