
05 mai 2025
Groupe : CORPORAL PUNISHMENT
Titre : Inverted demise
Label : M&O Music
Année : 2025
Repenser à son perfecto dans lequel on rentrait il y a 30 ans, le moule burne déchiré aux genoux, les baskets, bordel, que c’était bien. Les cassettes écrites à la main, les vieux dossards et la crinière au vent, bordel que c’était bien.
En 2025, quelques groupes français dans le death metal nous rappellent cette époque. Bien sûr Mercyless, mais aussi Skelethal, Disfuneral et quelques autres pour ne citer qu’eux. Parmi les défenseurs du death metal originel, CORPORAL PUNISHMENT vient faire mieux que le rappeler, il vous y ramène avec la suite de « The new plague » leur ep sorti il y a deux ans.
En deux ans, ils ont bien évolué pour envoyer un death metal encore plus travaillé, encore plus affiné, et possédant l’essence primaire du death américain des années 90’s, plus particulièrement de la Floride.
Certainement que cet album fera partie du haut du panier du death metal français qui rend le meilleur hommage à cette manière particulière d’écrire inhérente aux années 90’s.
La puissance de ce groupe ne laissait rien présumer au départ de leur création, mais c’est chose acquise ; CORPORAL PUNISHMENT, fait indubitablement partie du patrimoine français dans le death metal qui possède l’authenticité du death metal de ces années, sans jouer le revival caricaturé , ni le clone du clone du clone.
Non CORPORAL PUNISHMENT ne joue pas dans la nostalgie obsessionnelle, mais préfère offrir un album construit dans les fondations du death metal américain, où les rythmiques sont chaudes et velues, et où cette mélodie loin d’être sirupeuse, est omniprésente comme savaient le faire les groupes légendaires de la baie de Tampa. Et la mélodie très morbide est constante chez CORPORAL PUNISHMENT.
C’est à ça que vous devez vous attendre durant presque quarante cinq minutes, sur les onze titres de cet album. Un album où l’on retrouve deux titres qui étaient présents sur « The new plague » à savoir « Tormenting flesh and soul alike », ainsi que « The new plague ». Et lorsque l’on écoute ces deux morceaux dans leur nouvelle tunique, avec de belles coutures, on s’aperçoit du travail qui a été effectué par CORPORAL PUNISHMENT en deux ans.
Alors bien sûr la basse de Fab est extrêmement bien mise en avant sur l’intégralité de l’album, un des patrons de Snakebite productions ( Sodomy Torture ou encore les mythiques IMPUREZA ), connu pour l’organisation de moult concerts dans la région Midi-Pyrénées, vous en met plein les oreilles dès les deux premiers morceaux ; car l’on ressent cette volonté de maîtriser le sujet et lorsque sur « Victory...and the day after » on y découvre, même une minuscule inspiration à la S.O.D, on se rend compte que le travail du mixage et du mastering de Fred Blanchard et du Silent Ruins Studio ont extrêmement bien mis en avant le potentiel du groupe.
En effet la production de l’album s’approche de ce que le Morrisound pouvait offrir durant les années dorées du death metal américain, et CORPORAL PUNISHMENT se l’est approprié.
Mais ce n’est pas tout en ce qui concerne le travail de titan effectué sur cet album. Le chant d’Alex est extrêmement plus précis, plus affirmatif dans son agressivité, mais aussi plus modulé, car si le géant prend des airs de Schuldiner sur certains endroits (et l’inspiration de l’album de « Human » ou « Spiritual healing » sur « Victory…. » ne viendra pas dire le contraire), il module ses cordes pour aussi avoir cette acidité proche de Jan Chris de Gorefest des deux premiers albums. Ce qui offre à l’album une singularité certaine que l’on savoure particulièrement sur « Compulsion for murder » où ses hurlements puissants se greffent parfaitement à l’ambiance du morceau. Un morceau qui encore met en avant une basse ultra présente.
Rien n’a été gâché, l’artwork de Blastart, à l’ancienne, une batterie super propre et un son de guitares démoniaque, CORPORAL PUNISHMENT réalise un premier album qui s’est appuyé sur les plâtres de « The new plague » pour se propulser parmi les papas. Sur chaque titre on ressent l’esprit de Chuck toutes époques, notamment sur des titres tels que « Victory... », « Until the rope sets me free » ou encore « Bones to dust ». Et cette inspiration beaucoup plus flagrante sur ce premier album, montre que les toulousains ont une qualité d’écriture extrêmement bien calligraphiée, et totalement noble.
La morbidité est également très présente dans les atmosphères de ce « Inverted demise », alors que les guitares de Kevin et de Felix vous transcendent littéralement sur des titres comme « Bones to dust », faisant montre d’une dextérité sans faille, mais d’une grande inspiration là encore tellement proche de la Floride.
C’est simplement succulent car au-delà de l’hommage, CORPORAL PUNISHMENT, vous fait revivre des sensations d’une époque, plus que de vous y faire penser. Et si un tel album était sorti à ce moment là, il aurait démonté la scène sans l’ombre d’un doute.
« Cyanide Blood », est orgasmique et d’une violence sans égale, la rythmique est monstrueuse, au point que l’ombre de l’ange morbide flotte au dessus de cette chanson, vocaux compris.
La nouvelle version de « The new plague » est à des années lumière de celle d’origine.
Voici donc un premier album incroyablement bien écrit, et également bien produit. CORPORAL PUNISHMENT montre en seulement deux ans, qu’il est à la hauteur de ses ambitions, et que ce qu’il peut cracher sur scène avec ce line-up très efficace, est époustouflant de sincérité et de pertinence.
Album indispensable.
Arch Gros Barbare
05/05/2025