18 novembre 2025

GROUPE: DARKENHÖLD
TITRE ALBUM: Le fléau du rocher
LABEL: Les acteurs de l’ombre productions
DATE DE SORTIE: 2025
Dix sept ans que DARKENHÖLD écrit un black metal inspiré par les temps médiévaux, la châtellerie, la fantasy et autres thématiques extrêmement reconnaissables musicalement. Voici donc presque une vingtaine d’années que ce groupe du sud de la France passe sous les radars hormis pour les plus assidus qui suivent la vague black metal ainsi que sa dégénérescence contemporaine, de manière chirurgicale pour ce qui est de notre hexagone. Et pourtant, ET POURTANT, DARKENHÖLD n’a produit que six albums en comptant ce « Fléau du rocher » sur ces dix sept années.
Ceci pourrait paraître beaucoup, car des groupes légendaires en n’ont fait moins en beaucoup plus de temps, et pourtant c’est peu, à y regarder de plus près la productivité de certains projets qui n’ont pas tous d’ailleurs la qualité escomptée…
En tous les cas, six albums pour DARKENHÖLD et six albums de qualité, parce que leur black metal médiéval n’a jamais surfé véritablement sur aucune vague de mode, et s’est cantonné à rester dans un black metal à la voix traditionnellement criarde sans aller dans le poussif qui se fait torturer comme une licorne, proposant ainsi du vrai riff malsain, mélodique et empiriquement royal. Et du sang royal, c’est ce que propose encore une fois les sudistes avec la sortie lointaine de ce nouvel album (c’est sans doute l’âge de raison qui doit faire que l’écriture prend son temps, tandis que la production n’en donne pas plus).
Alors vous voici donc confrontés à ce nouvel album « Le fléau du rocher ». Un peu plus de quarante cinq minutes , avec onze morceaux dont deux instrumentaux. Comment DARKENHÖLD a évolué durant ces cinq années , le groupe a-t-il bayé aux corneilles, en se prenant pour le Cid, ou bien en a-t-il profité pour composer quelques chansons de troubadours, où au contraire vont-ils vous conter quelques histoires de la guilde des rapineurs ?
C’est une réponse immédiate qui se présentera à vos oreilles parce que le « Codex de la chevalerie » ouvre le bal des condamnés avec prestance et noblesse. En effet le groupe n’a rien perdu de ses inspirations moyen-âgeuses et comme certains Bâtards du roi et autres Véhémence, ils sont reconnaissables. L’écriture de DARKENHÖLD possède une signature inégalable. Ainsi donc , cette harde de ménestrels n’a guère bougé depuis 2008, mis à part le fait que certains d’entre eux ont pu s’exprimer sur diverses projets parallèles.
On retrouve cette hargne que possède DARKENHÖLD dans son écriture, car si le black metal s’entend considérablement sans aucune ambiguïté il est tout de même très dilué dans cette envie d’y mettre de la mélodie. Une mélodie absolument pas sirupeuse, qui reste guerrière dans son esprit , « Le cortège Royal » vous le confirmera tant sur sa batterie que sur ses riffs rapides.
Ce nouvel album ne va pas vraiment dans l’inconnu, et préfère rester dans l’univers que DARKENHÖLD maîtrise parfaitement bien depuis « A passage to the towers », quelque chose de noir, de magique et fantasy aussi (l’instrumentale « Les temps enfouis », est là pour ça) , qui va tantôt dans une régression très old school avec « L’anscension du mage noir », où le son, le riff, les percussions sont étouffantes, tantôt dans la rythmique maléfique avec « Dans l’antre de la vouivre », et enfin tantôt dans leur essence même . Leur essence de création, celle qui a fait vibrer DARKENHÖLD depuis toutes ces années, avec « Troubadour », un titre court, efficace, épique, médiéval dans ses orchestrations qui offre ce que DARKENHÖLD a de meilleur.
C’est un album ouvert, un album parfaitement bien écrit car son aération est impeccable, « Le fléau du rocher », titre dont l’album prend sa source, est mélancolique à souhait, autant que l’on prend là encore la puissance stellaire du groupe. Ce titre vous transporte tandis que DARKENHÖLD signe encore une fois un morceau efficace. Efficace au point de bien s’enchaîner avec « La gardienne des dryades » qui ralentit quelque peu l’allure pour vous permettre de partir en balade ténébreuse.
Jusqu’à la fin, DARKENHÖLD vous promène dans tous les sens, pour vous faire vibrer de tous vos sens, et si cet album était un jeu il serait Skyrim, car ce nouvel album est complet, va chercher dans le détail chaque point d’accroche que ce soit dans les orchestrations (« Sortilège ancestral », le deuxième instrumental), dans sa mélodie baroque même (« La cavalerie fantôme ») , et dans les croisades pour lesquelles il veut votre engagement corps et âme avec « Pour le royaume ».
Cinq ans d’absence, mais cinq ans de bonification, et comme à l’accoutumée DARKENHÖLD vous offre le meilleur du black metal médiéval français. C’est une nouvelle estocade que le groupe porte sur votre flanc, et vous y succomberez.
Arch Gros Barbare
18/11/2025