27 novembre 2025

GROUPE: MALEPESTE
TITRE ALBUM: Ex Nihilo
LABEL: Les acteurs de l’ombre productions
DATE DE SORTIE: 2025
Dans un monde en perpétuelle évolution, comme le reste du cosmos d’ailleurs, avec une explication scientifique tout aussi complexe que l’explication spirituelle peut l’être, on se retrouve à voir un courant musical évoluer, progresser en bien ou en mal, mais en tous les cas ne pas rester immobile.
Et comme toute chose en mouvement permanent le black metal n’a pas échappé à sa transformation. Une transformation où aujourd’hui bien souvent on attribue une étiquette pour repère, parce qu’on n’a pas assez d’imagination pour comprendre ou alors entendre ce que l’imaginaire de certains musiciens avait à offrir.
C’est ainsi, que d’une manière confirmée et ne tolérant aucune ambiguïté l’on déclarera que le troisième album de MALEPESTE, ce groupe lyonnais issu d’une France en totale dislocation, vient gravir encore une fois quelques échelons pour répandre de son ombre sidérale et sa musique occulte, après une dizaine d’années endormi dans le silence de l’espace.
En effet alors que les deux premiers albums « Dereliction » et « Deliquescent exaltation », semblaient avoir pris un train de régularité, hormis le split de 2018 ; c’est bien une décennie , autant dire une éternité qui sépare ce dernier avec « Ex Nihilo »
MALEPESTE a effectué sa progression, et voici le résultat de son évolution, la sélection naturelle aura raison de tous les cons.
Ce nouvel album ne possède plus les atours d’un black metal rugueux , où l’on pouvait encore apprécier l’animosité que représente ce courant musical. Elevé au rang de divinité, MALEPESTE repart à zéro, et c’est avec cet « Ex Nihilo » qui porte finalement bien son nom (sur une illustration de Nostra totalement en adéquation avec l’esprit de l’album ) que le groupe recrée un univers...son univers.
Et s’il est une particularité qu’il faut sincèrement noter sur cet album c’est le travail d’orateur, de conteur et de vocaliste de Larsen, car c’est très loin des clichés, et très loin des clones actuels qu’il prend son travail de porte parole à coeur, d’une musique aujourd’hui très atypique. MALEPESTE utilise son vocaliste pour devenir un grand orateur sur les chansons composées afin de véritablement donner à celles-ci une vie que l’on n’aurait pas cru pouvoir perdurer. Sa tessiture étrange, parfois enchanteresse, d’autres fois plus dérangeante mais toujours attirante, offre aux titres un véritable support qui laisse apparaître les reliefs d’une musique stellaire, glaciale et tellement ténébreuse.
MALEPESTE offre seulement six chansons sur trente quatre minutes, allant d’un peu plus de trois minutes jusqu’à un peu plus de huit minutes pour la dernière « Relapsus ». L’album est court en fait, mais il est profond, il est inspirant et aspirant, il est en fait enivrant parce qu’envoûtant.
On ne s’en aperçoit pas directement sur le premier titre « Ab Chaos » , bien que l’introduction veuille bien tenter de vous faire pénétrer la création d’un univers, d’une galaxie et que la phrase voulant que « Le néant est une idée destructrice d’elle même » se superpose à la vision chaotique de MALEPESTE.
C’est d’abord sur « Quaestionis » que l’on pénètre à l’intérieur d’« Ex-Nihilo » complètement, parce que les premiers riffs sont pharaoniques, et le groupe vous ouvre grandes ouvertes les portes de ce nouveau monde. A partir de là, la voix est remarquable de souffrance et d’enrouement qui lui donne une subtilité sans égal.
C’est avec une espèce d’inspiration quasi religieuse que MALEPESTE écrit cet album, et même si les voix du « saigneur » sont impénétrables, MALEPESTE vous guide à l’aide d’une voie étoilée pour entrer véritablement dans l’album. Des longs passages de batterie aux apaisements de basse , ce titre offre complètement quelque chose de brumeux qui lorsque celle-ci se dissipe laisse apparaître des passages aussi lourds et attractifs qu’un trou noir où l’on vient s’y perdre définitivement. Mais il faudra quelques autres nouvelles écoutes pour entièrement avoir conscience de la puissance de cet album.
Et ce n’est qu’une fois que vous êtes bien saisi par la magnificence d’un tel album que vous serez prêt à affronter « Imperium » , un titre qui vous fera chuter inlassablement dans les limbes infinies de votre nouvelle demeure. MALEPESTE joue sur les atmosphères, laisse les notes vibrer, laisse les notes se répéter quand la batterie devient tambours et que les guitares deviennent coeurs et qu’il faille faire tomber ce mur de Jericho qui sépare le monde de MALEPESTE de votre réalité. Grandeur et volupté sont les maîtres mots de ce troisième album qui occultera sans difficulté les vestiges d’un passé pourtant absolument pas rejeté.
MALEPESTE ouvre sa musique à quelque chose de transcendant, et chaque seconde devient un vrai moment, chaque minute est une émotion, quand chaque titre montre une véritable et sublime évolution.
Même si le sublime domine ( « Relapsus » ), la noirceur et une grandiloquence absolument pas péjorative, restent ancrées dans les musiques de cet album. C’est le cas pour « Stupor » qui encore une fois grâce à un énorme travaille d’élocution, d’oration vient donner des frissons incroyablement glacés.
Ces années de silence auront été bénéfiques à MALEPESTE qui signe ici un album charnière pour sa renommée avec des écrits et des compositions qui, même si les groupes aujourd’hui sont légion par delà le monde, méritent d’être découverts par la plupart d’entre nous . Tellement de groupes et tellement peu de véritable inspiration, quand elle est là il faut alors l’apprécier à sa juste valeur…
Arch Gros Barbare
27/11/2025