
12 mars 2025
Groupe : DEMONIST
Titre : Demonist
Label : Crypt of Dr Gore / Nihilistic Holocaust
Année : 2024
Du temps, c’est ce qu’il nous manque. Tandis que le monde s’enfonce assurément dans les ténèbres et que les formations émergent du noir chaque jour un peu plus, c’est ce manque de temps qu’il nous manque cruellement pour écouter posément avec attention toute cette émergence macabre et se faire une véritable idée des démos, mini albums ou albums qui proviennent du néant.
DEMONIST, nouveau venu sur la scène death metal n’en est qu’à l’aube de sa vie musicale, bien que la majorité de ses membres soient d’anciens gobelins de Necroscum, il est certain que le trio composé de Paul (ex-Necroscum, Akthesis), de Bastien et du non moins légendaire Alexis (ex-Necroscum, Savage Annihilation) s’est formé pour écrire un death metal relativement épais, empreint de brutalité sans pour autant jamais partir dans une intensité trop incandescente.
Au contraire, ils ont pris soin de présenter un quatre titres qui n’est pas si facile d’accès en fait.
D’abord visuellement le choix se porte sur une envie d’être noble et respectueux de certains codes de l’ancien temps en matière de death metal originel et traditionnel, tant sur la pochette que sur l’intérieur du livret. Et de toutes façons, le gris, c’est bien ça amincit, surtout quand c’est vertical.
Et le death metal de DEMONIST, il est verticalement abyssal.
Ensuite la composition ; jamais DEMONIST ne part dans une démonstration de violence tous azimuts, parce que le trio montre une envie de créer de la noirceur au beau milieu d’une puissance maîtrisée. C’est sans doute pour cela que ce EP va crescendo dans ses morceaux, est-ce que c’est une coïncidence due à la chronologie de leurs morceaux ou à un placement intelligemment calculé ? En tous les cas la suite des titres permet à cette production de monter en puissance pas à pas.
En aparté, on soulignera la production mixage et mastering de Persephone music, qui donne cette froideur extrême sur l’intégralité du EP, et si toutes les oreilles sont différentes, certaines diront que cette froideur peut desservir les morceaux , notamment sur le son de guitares de « Priest of skin » qui fait montre d’une modernité actuelle, tandis que l’on eût peut-être préféré quelque chose de plus ancien et en adéquation avec le type de composition.
Cependant, s’il est vrai que si « Priest of skin » donne l’impression d’avoir un groupe de death de la génération Z, les premiers riffs de ce morceau font peur sur le début de morceau, parce qu’on a la sensation d’avoir du riff de l’ère glaciaire. Mais le réchauffement climatique étant ce qu’il est, la musique de DEMONIST se dévoile petit à petit sur ce premier titre. On sent l’envie d’aller au fond de la grotte, même si le manche démange de haut en bas par endroits et que DEMONIST s’accroche à présenter un premier titre honorable de death metal basique avec tout de même une batterie massive, qui rappelle les rois du disco Morbid Angel.
Cette sensation se confirme en avançant sur le EP, la taperie est encore plus massive qu’elle s’approche de l’époque de « Covenant », et là la production que l’on pouvait trouver trop sophistiquée, épouse plus facilement les formes comme un girly taillé parfaitement pour ta voisine, mais ça on n’en parle pas c’est privé.
Alors à partir de « Slay them all » le EP se dévoile, parce que le death metal de DEMONIST prend plus de profondeur, plus de rugosité et de brutalité. Ce morceau va chercher de la noblesse dès le premier riff.
Il est déjà bien plus chaleureux au niveau de la composition, la voix de Paul vomit ses entrailles, tandis que ça blaste pour vous, à vous faire bouger la tête, comme savait le faire Blastic Bertrand.
Oui, ce deuxième titre, bien au dessus , montre que DEMONIST aime le death metal rugueux, compact sans fioriture. Il y a encore de l’épaisseur issue de l’Ange Morbide, mais au service d’un DEMONIST aventureux, tant sur les rythmiques que sur le côté malsain.
Et on en remet une couche bien plus trapue avec « Pandemonium » qui s’enfonce encore plus les ténèbres, avec une atmosphère presque black/death par endroits et death/thrash sur d’autres, méchamment bien inspirée, rappelant peut-être un combat entre Marduk et Agressor du premier album.
C’est sans aucun doute, cet amour pour le death de l’ancien temps que DEMONIST souhaite mettre en exergue, et c’est réussi. En parlant de cette petite touche Marduk, c’est ce qu’on retrouve encore sur « They Inhale the soul », qui rappelle tous les morceaux lents des suédois, avec le côté death metal par dessus. Bien que l’opacité de ce dernier titre, arrive même à mettre les pieds dans le sable par sa lourdeur écrasante d’une manière très Karl Sanders , voire DISMAgoriquement Craig Pillard, offrant au titre une majestuosité sans égale sur le ep.
Voici donc un mini album très intéressant sorti en cd chez Crypt of Dr Gore et en cassette chez Nihilistic Holocaust, qui a fait office de mise en bouche en attendant le split qui se prépare et que vous puissiez les voir au Gatinaicticut au mois de juin 2025.
12/03/2025
Arch Gros Barbare